Coup de cœur: “Regard de zèbre”, la photographe qui raconte l’histoire des accouchements à domicile

Par Tatiana Czerepaniak
Ancienne juriste, Delphine Hachez a tout lâché en 2016 pour mettre son talent au service des femmes. Portrait de la photographe namuroise qui exprime en image la puissance de la naissance.

Delphine est ce que l’on appelle une passionnée. Créative dans l’âme, elle a toujours aimé raconter des histoires, cherchant toutes les manières possibles de s’exprimer. Un jour, la jeune femme découvre, par le plus grand des hasards, la photographie et les incroyables possibilités qu’un appareil photo pouvait lui offrir. Depuis, Delphine et son objectif racontent des histoires, mais pas n’importe lesquelles: celles des femmes qui mettent au monde.

La photographie d’accouchement, une révélation

C’est autour d’un café que Delphine Hachez nous a parlé, sans langue de bois et avec ferveur, de son incroyable travail.

Pourquoi avoir choisi de photographier des accouchements?

Je dois bien vous avouer que ce n’est pas moi qui ai choisi la photographie d’accouchement, mais c’est plutôt elle qui m’a choisie. Peu après avoir plaqué mon confortable mais très ennuyeux emploi de fonctionnaire pour me lancer dans la grande aventure de l’entreprenariat, mon appareil photo à la main, j’ai rencontré une sage-femme, qui était elle-même enceinte. J’ai eu un réel coup de cœur pour la belle personne qu’elle était. Pendant une soirée entière à refaire le monde ensemble, elle m’a alors demandé: “Tiens, et si tu venais photographier mon accouchement?”. N’étant moi-même pas maman, je n’avais jamais vraiment pensé à faire ce genre de séance photo. Je lui ai pourtant dit oui d’emblée.

Cette femme, qui est en outre la vice-présidente de l’Union Professionnelle des sages-femmes belges, souhaitait certes de jolis souvenirs de ce moment unique, mais cette demande cachait aussi son envie de mettre en lumière les accouchements physiologiques, afin de montrer qu’il est possible d’accoucher dans le respect de la femme. C’est une séance qui m’a transformée, et en sortant de cet accouchement je me suis dit: “Ok, c’est ça que je veux faire de ma vie, raconter l’histoire des femmes qui mettent au monde”.

Comment instaurez-vous la relation entre la maman, le couple et vous?

Tout d’abord, quand un couple me contacte pour faire un reportage photo le jour de l’accouchement, nous nous rencontrons une première fois, afin qu’ils m’expliquent pourquoi ils souhaitent immortaliser ce moment. Nous nous présentons, nous faisons connaissance. C’est le moment où toutes les questions sont permises. Il est clair que je dois en savoir un maximum pour ne pas qu’il y ait de soucis le jour J. Ensuite, nous nous voyons une deuxième fois, peu avant le terme. On parle de l’histoire de cette grossesse, de l’accouchement qui arrive très bientôt.

Ensuite, j’ai très souvent des nouvelles des mamans, qui me tiennent au courant de l’avancée, des dernières échos, monitorings… Et, de mon côté, je me tiens prête et je suis de garde 24h/24, 10 jours avant et 10 jours après la date présumée de l’accouchement. Je prends aussi contact avec la sage-femme qui s’occupera de l’accouchement, afin de me présenter. Parce que le jour J, on aura d’autres choses à faire que des ronds de jambe (rires).

En tant que photographe d’accouchement, votre rôle est certainement de faire oublier votre présence auprès des parents. Comment faites-vous pour être la plus discrète possible?

Tout d’abord, il est important que les parents m’appellent au début du travail. De cette manière, je peux arriver calmement, sans crainte de passer à côté des moments importants de l’accouchement, et si je suis là assez tôt, la maman n’est pas encore dans sa bulle. Lors de mon arrivée, je dis bonjour aux parents, à la sage-femme, et je me mets dans un coin. Ensuite, j’observe et je réfléchis. Pendant toute la durée de l’accouchement, je pense chacun de mes déplacements, de mes gestes.

Le but est de me faire la plus discrète et la plus bienveillante possible. Je réfléchis au moindre de mes mouvements et du déplacement d’air qu’ils généreront. Ma plus grande satisfaction, quand je donne les photos aux jeunes parents, c’est qu’ils me disent “oh, tu étais encore là pendant ce moment?” d’un air étonné. Cela veut dire que j’ai réussi à me faire oublier et à me fondre dans ce moment si intime.

Que tentez-vous de faire transparaître dans votre travail?

Depuis toute petite, j’aime raconter des histoires. Que ce soit à l’écrit, à l’oral ou en image. Et c’est ce que je tente de faire avec mon appareil photo: raconter l’histoire de la naissance d’un enfant, mais aussi celle de la force incroyable d’une mère et son combat pour donner la vie. Alors bien entendu, selon les accouchements, l’histoire sera différente. Selon le contexte aussi, l’endroit et les intervenants. Parfois, il y a des aînés qui assistent à la naissance d’un petit frère, parfois il y a beaucoup de douceur, et souvent il y a cette aura incroyable, cette féminité à son paroxysme que dégage la femme mettant au monde un enfant.

Mais si je devais définir en un mot ce qui transparaît, je crois que c’est l’émotion du moment. Dans mes photos, vous ne trouverez jamais d’aspects “techniques” de l’accouchement. Je ne suis pas là pour “vulgariser” l’acte de l’accouchement, je suis là pour faire jaillir la beauté de ce moment si unique.

Ce type de shooting est-il réservé aux accouchements à domicile?

Personnellement, je ne suis pas contre l’idée de shooter les accouchements réalisés à l’hôpital, mais jusqu’à présent tous les hôpitaux ont refusé ma présence. Mais les mentalités évoluent, et j’espère qu’un jour, cela pourra se faire. En attendant, je suis aussi la bienvenue dans les maisons de naissance, qui mettent elles-aussi en avant les accouchements physiologiques.

Quel est le moment le plus intense que vous ayez vécu lors d’un shooting?

Tous les accouchements sont beaux et uniques, mais je dirais sans hésiter le premier accouchement auquel j’ai participé. J’avoue que j’y suis allée d’un air très assuré, mais en vérité, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Et je dois dire qu’au moment où ce petit être est arrivé, j’ai été envahie d’une émotion si intense que les larmes ont coulées toutes seules. C’était si beau, si fort, si bienveillant. Il s’est dégagé pendant tout cet accouchement une douceur et un amour difficilement explicables. C’était un très beau moment.

Si vous souhaitez en savoir plus sur “Regard de Zèbre”, nous vous invitons à suivre le travail de Delphine sur sa page Facebook ainsi que sur son site Internet.

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