Témoignages: “J’ai décidé de louer plutôt que d’acheter”
À l’heure actuelle, de nombreux Belges décident de louer plutôt que d’acheter. Pour des raisons financières, mais pas uniquement. 4 femmes nous expliquent leur choix.
Les Belges ont beau avoir une brique dans le ventre, l’achat d’un bien, appartement ou maison, n’a plus forcément le vent en poupe. Et pour cause: vu l’évolution du marché et l’augmentation des prix de l’immobilier, l’accès à la propriété n’est pas chose aisée.
Elles préfèrent louer
Pour Emma, Chloé*, Sacha et Aurélie, acheter n’est pas dans les plans du moment. La location leur convient bien et ce, pour des motifs divers.
Emma: l’envie de prendre son temps
Emma, 31 ans, est animatrice socioculturelle. Depuis sept ans, elle fait le choix de la location avec son compagnon. “On vit dans une chouette maison deux façades, avec un joli jardin, à Tournai. On a choisi de louer parce qu’on n’avait pas envie de se fixer à un endroit. Et qu’en achetant, on craignait les frais supplémentaires, comme les imprévus (des travaux, une chaudière qui casse…)”.
Cette décision, qui n’est pas définitive, a été mûrement réfléchie. “On s’est demandé si on avait les moyens d’acheter, si notre matelas de sécurité était suffisant pour pouvoir assurer en cas de problème. On s’est aussi rendu compte qu’on ne pourrait pas s’offrir le même type de bien à l’achat qu’à la location… Alors on s’est dit qu’on achèterait quand on serait plus vieux et qu’on aurait un meilleur capital à investir, plutôt que de se mettre dans l’embarras maintenant”.
Chloé: profiter de la vie en ville
Pour Chloé, 33 ans, avocate en droit de l’environnement, la location s’est aussi présentée comme une évidence. Elle habite Saint-Gilles, en région bruxelloise. Avec son copain, ils louent un appart’. “On préfère ne pas acheter pour l’instant, parce que si on achète, ce sera en dehors de Bruxelles. Et là, on aime notre vie ici, ça nous permet d’être proches du boulot, de nos amis… Et puis, on n’a pas encore assez d’économies, et on a zéro apport extérieur de la part de nos familles. Acheter serait aujourd’hui difficile et contraignant”.
Aurélie: ni une envie ni un besoin
Devenir propriétaire ne fait pas que des envieux. Pour Aurélie, 38 ans et marketing manager, ce n’est pas du tout une priorité. “Je ne peux pas envisager de me priver de certaines choses, de mes plaisirs, pour parvenir à épargner une somme astronomique”. Célibataire et sans enfant, elle n’a jamais perçu son épargne comme un objectif d’achat.
Sacha: sur le modèle des parents
Sacha a 31 ans et est enseignante primaire. Elle vit dans un appartement à Ixelles avec son compagnon. “J’ai toujours vu mes parents être locataires, donc ça me semblait naturel. Je trouve ça pratique, on déniche des biens en location qui sont grands, beaux et convenables, pour un budget vraiment OK. J’ai aussi toujours de la chance avec mes propriétaires, qui ont été investis et disponibles en cas de souci”.
Plus libres et plus sereines
Quelle que soit leur raison de préférer la location, nos quatre témoins sont d’accord sur un point: louer présente pas mal d’avantages. “Grâce à la location, on peut se permettre de vivre dans une maison plus grande, avec un jardin spacieux, en ville”, nous dit Emma. Sacha la rejoint: “J’adore mon appart actuel, et je ne suis pas sûre que je pourrais me permettre d’acheter un bien aussi beau!”.
Grâce à la location, on peut se permettre de vivre dans une maison plus grande, en ville
Autre avantage? La liberté. “On déménage quand on veut, dixit Emma. Si on en a marre d’être ici, on est libres de partir, de changer d’air. On est contents de ne pas se fermer aux perspectives”.
Même crédo pour Aurélie: “J’aime ce côté en lien avec le reste de ma personnalité, libre, changeant. Après avoir profité quatre ou cinq ans d’un endroit, j’ai besoin de renouveau. La location me le permet: en dix ans, j’ai changé deux fois d’adresse, de quartier, de commune, d’ambiance… Mon objectif 2024 est d’ailleurs de bouger à nouveau”.
Être proprio: pas tout rose
Pour Chloé, louer permet aussi de se délester d’une certaine charge mentale. “Être proprio, ce n’est pas juste payer un crédit qui pourrait être équivalent à un loyer. Ça implique toute une série d’autres frais, comme le précompte immobilier, le cadastre, les coûts d’éventuels travaux… C’est plus de choses à gérer et à financer. Pour le moment, on préfère ne pas s’imposer ça”. Sacha valide: “En tant que locataire, je me suis rendu compte que je devais souvent partager des mauvaises nouvelles avec mon proprio, tels que des soucis d’humidité, de chauffage… Ça m’a fait réaliser qu’être propriétaire impliquait une sérieuse charge mentale”.
“On entend autour de nous des cas d’amis qui ont perdu leur boulot ou qui ont changé de vie professionnelle et qui ne gagnent plus la même chose, ajoute Emma. Financièrement, ça les met dans l’embarras vis-à-vis de leur crédit. D’autres ont été piégés par l’ampleur de travaux après les avoir entamés, des vices cachés, des budgets qui coincent… Ces histoires font réfléchir”.
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D’ici là, on profite!
Emma met de côté pour un éventuel achat plus tard, mais “entre-temps, on n’a pas vraiment de pression financière. Du coup, on voyage beaucoup. On a fait le choix d’acheter un van aménagé, c’est un peu notre petite maison, et juste une autre façon de voir les choses…”.
On a acheté un van aménagé. C’est un peu notre petite maison…
Chloé et son copain aussi épargnent sans se mettre la corde au cou: “Ça nous donne plus de liberté sur d’autres dépenses, on peut partir en vacances, profiter de la vie…”. Même son de cloche chez Sacha: “Mon copain est artiste. On a la latitude d’initier plein de projets, de voyager, là où nos amis propriétaires sont plus tenus financièrement”.
“Et vous, c’est pour quand?”
Se mettre en couple, acheter une maison, avoir un enfant… Dans notre société occidentale, les injonctions ont la dent dure. Comme si on grandissait avec une check-list de la vie d’adulte. “Il y a bien une pression à acheter, même si elle n’est pas forcément visible, détaille Chloé. Quand les gens achètent un bien autour de moi, je me dis que je n’en suis pas encore à ce stade, et ça me renvoie une impression de case à cocher. Tout le monde nous dit: ‘Et vous, c’est pour quand la maison? Mais on a envie de prendre notre décision posément, pas juste de suivre un modèle social établi. Et puis, acheter n’est pas évident pour tout le monde, quand on n’a pas d’aide ou d’héritage, par exemple. La situation est très différente quand tu commences à zéro, à partir de tes propres économies”.
Je ne suis pas prête à sacrifier mes petits bonheurs pour de la brique
Aurélie rejoint Chloé sur ce point: “80% de mes copines ont pu acheter leur premier bien grâce à une donation, un héritage. Seules 20% se sont privées de longues années pour mettre l’intégralité de leurs économies dans un bien… Et moi, je ne suis pas prête à ‘sacrifier’ mes petits bonheurs pour de la brique”.
On se lance ou pas?
Pour Aurélie, la question d’acheter n’est dès lors pas d’actualité. “Si je devais un jour avoir l’argent pour investir, via un héritage par exemple, je pense que je me poserais sérieusement la question. Et en même temps, pour le léguer à qui? Je n’ai pas d’enfant et ce n’est actuellement pas dans mes plans. Souvent, on achète un bien pour le donner…”.
Après plusieurs années de location, Emma et son conjoint commencent à rêver à une maison avec un jardin, en ville ou à la campagne. “Un inconvénient de la location, c’est qu’on ne peut pas faire ce qu’on veut avec la maison. J’aimerais faire certains aménagements, repeindre comme je veux… On ne peut pas trop s’attacher à un lieu, car on pourrait toujours nous demander de partir”, ajoute-t-elle.
Achat ou pas, Sacha et son copain, eux, sont sûrs de rester à Bruxelles. “Si on achetait, ce serait un appartement avec espace extérieur. Ou un loft style industriel!”.
L’investissement immobilier, une valeur sûre
Pour Nathanaël Boudin, agent immobilier pour Noproblimmo, “la location peut bien sûr être une solution intéressante, tout dépend du projet de vie. J’ai des clients qui préfèrent louer parce qu’ils peuvent être mutés ou être amenés à déménager, pour leur boulot par exemple. Beaucoup de personnes sont aussi obligées de louer le temps de mettre de l’argent de côté. Ou en cas de phase transitoire, après une séparation, par exemple”.
Pour l’expert, la location offre en outre une certaine tranquillité d’esprit: “Il est clair que le locataire n’a pas la même charge mentale que le propriétaire. Un couac avec la chaudière, la toiture? C’est sa responsabilité. Et certaines personnes ne pourraient tout simplement pas assumer ces frais”.
C’est toujours le moment d’acheter!
Pour Nathanaël Boudin, acheter reste malgré tout une action stratégique. “La location est, à mes yeux, une bonne solution transitoire. Mais depuis toujours, et encore aujourd’hui, l’immobilier reste une valeur sûre pour investir son argent. Et ce, malgré les crises, car le marché est cyclique, il continue toujours à tourner. Investir dans un bien est donc un bon moyen d’épargner ou de prévoir un héritage pour ses enfants”.
Acheter reste un bon moyen d’épargner ou de prévoir un héritage pour ses enfants
Malgré des prix élevés sur le marché, l’agent immobilier rappelle qu’actuellement, “les taux d’intérêt sont en train de reculer par rapport à 2023, et qu’il est donc intéressant d’acheter”. Quant à l’âge idéal pour se lancer, il n’y en a pas, “mais c’est sûr qu’un jeune va pouvoir faire un crédit sur une période plus longue, 25 ans, par exemple, avec une mensualité moins élevée, ce qui présente des avantages”.
*Prénom d’emprunt
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