“Lorsque les orphelins de guerre sont dans des groupes armés, ils ont un sentiment d’appartenance”
En 2019, 53 millions d’enfants ont reçu une aide humanitaire, et parmi eux, de nombreux orphelins de guerre. Des enfants qui endossent parfois un rôle de chef de famille alors qu’ils ont à peine 15 ans, mais qui peuvent aussi se retrouver à la rue ou enrôlés par des groupes armés.
Pour en savoir davantage sur la problématique des orphelins de guerre, nous avons posé nos questions à Solveig Vinamont, co-fondatrice de l’ASBL WAPA (War-Affected People’s Association), une association qui lutte contre l’utilisation d’enfants dans les conflits armés et pour leur réinsertion.
Qu’est-ce qu’un orphelin de guerre?
Le terme orphelin de guerre est attribué à un enfant qui a perdu son père ou sa mère ou les deux en raison d’un conflit armé. “Les conséquences de cette perte sont très larges: c’est autant les parents morts au combat que les victimes collatérales, précise Solveig Vinamont. Cela peut, par exemple, être une mère qui a été violée durant la guerre, qui a contracté le VIH et en est décédée. Pour être orphelin de guerre, il faut qu’il y ait un lien entre la guerre et la perte des parents.”
Quelles conséquences pour ces enfants?
Les situations observées après la perte des parents sont nombreuses, mais souvent ces enfants vivent dans une grande précarité. “Un orphelin de guerre peut, par exemple, devenir chef de famille. C’est souvent le cas lorsqu’ils ont 15-16 ans, ils ont alors leurs frères et sœurs à charge. C’est un problème très souvent observé en Ouganda”, avance la co-fondatrice de WAPA. Une situation très dure pour ces adolescents. “Ils ont déjà le lourd bagage d’être orphelin, mais en plus, ils doivent s’occuper de leur famille”. Cela arrive fréquemment lorsque la famille élargie ne peut prendre en charge ces enfants.
Une autre conséquence pour les enfants orphelins est qu’ils se fassent recruter par des groupes armés. “C’est surtout le cas de ceux qui sont seuls et qui n’ont plus rien. Ils sont alors plus enclins à se retrouver dans ces groupes. En Ouganda, l’école est payante, des frais impayables pour les orphelins de guerre, ils peuvent donc vite se faire embrigader”. Mais l’un des fléaux les plus importants est la prostitution. “Ces orphelins peuvent devenir des enfants des rues et plonger dans la prostitution dans le simple but de se nourrir”.
Quels sont les pays les plus touchés par cette problématique?
“Il y a forcément beaucoup d’orphelins de guerre dans les pays en guerre ou qui l’ont été. Mais il faut se rendre compte que lorsqu’on est orphelin de guerre, on l’est pour toute sa vie. Il y a donc beaucoup d’enfants, maintenant adultes, qui sont concernés. Aujourd’hui, ils sont nombreux en Syrie, au Yémen, en République démocratique du Congo, aux Philippines, en Inde…”
Comment agir sur le terrain pour aider ces orphelins de guerre?
Le plus efficace, c’est la réinsertion, mais elle doit se faire sur du long terme. Le suivi doit durer de 3 à 5 ans. “Il ne s’agit pas de donner un ‘kit de survie’. Le soutien doit être durable et sur mesure”, poursuit Solveig Vinamont. “Le plus important est de rescolariser les enfants. Et si ce n’est pas possible, de leur proposer des formations socio-professionnelles pour qu’ils puissent avoir une activité qui leur rapporte un revenu”. Pour que la réinsertion porte ses fruits, le mieux est qu’il y ait le moins d’institutionnalisation possible, ou, si c’est obligatoire, qu’elle soit de très courte durée. “Quand c’est possible, il faut essayer de retrouver la famille, même éloignée, des orphelins. Ensuite, il faut investir dans ces enfants car ils sont les adultes de demain. Ils doivent avoir l’opportunité de devenir des acteurs de leur propre vie. S’ils ne sont pas pris en charge, ou si c’est le cas mais sur une courte durée, il est récurrent qu’ils soient à nouveau recrutés par un groupe armé, par exemple. Parce que quand ils sont au sein de ce genre de groupe, ils ont un sentiment d’appartenance et de responsabilité”. Ce qu’ils n’ont pas s’ils se retrouvent seuls.
L’ASBL WAPA a choisi d’agir sur du long terme, pour donner un avenir à ces enfants, souvent perdus. “Dans un premier temps, il y a un travail de détraumatisation, ensuite les enfants sont placés dans une famille provisoire. Puis, ils rejoignent une famille définitive et poursuivent leur scolarité. S’ils ne sont pas intéressés, on leur propose des formations professionnelles. Le tout est vraiment d’être à l’écoute de leurs capacités et de leurs envies”.
Et depuis la Belgique, que faire?
“Dans nos pays occidentaux, on est à l’abri et peu touchés par la problématique des orphelins de guerre. Bien qu’aujourd’hui, on en voit de plus en plus, notamment avec les mineurs qui (re)viennent seuls de Syrie”, rappelle la co-fondatrice de l’association WAPA. “Sinon, de chez nous, il y a toujours moyen de s’investir, que ce soit par un soutien financier ou via du bénévolat. Il y a beaucoup d’associations dans ce secteur qui ont besoin de dons pour développer leurs projets sur le terrain”.
Pour découvrir et soutenir le travail de l’ASBL WAPA: wapainternational.org
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