Crèche: à Boitsfort, des parents se relaient par manque de personnel
Ce lundi 4 juillet 2022, Orna (29 ans), maman d’un petit Léon (11 mois), a pris congé pour aider la crèche de son enfant en pénurie de personnel, à Bruxelles. Un problème récurrent qui met en lumière l’absence de valorisation pour le métier de puériculteur/trice.
La crèche néerlandophone De Bloeiende Kerselaar à Watermael-Boitsfort accueille chaque jour une quarantaine de bébés de 0 à 36 mois. Cette crèche agréée par Opgroeien (anciennement Kind en Gezin) a des difficultés à engager du personnel depuis près d’un an. Elle n’est pas la seule à être dans cette impasse, c’est le cas de nombreux établissements.
Le problème? Le manque de valorisation d’un métier pourtant si important. Des puériculteurs/trices quittent ainsi leur job pour se diriger vers l’enseignement. Les horaires y sont moins contraignants et la valorisation y est meilleure, bien qu’encore insuffisante. “Selon une étude de l’OCDE, il apparaît que non seulement la Belgique obtient de mauvais résultats en matière de congé de maternité et de congé parental, mais qu’elle met également très peu d’argent à disposition pour offrir des services de garde de qualité”, avertissent les parents de la crèche De Bloeiende Kerselaar.
Parents bénévoles mais sans diplôme
Pour pallier ce manque de personnel, la crèche a dans un premier temps réduit ses horaires: ouverte entre 7h30 et 18h30 auparavant, elle n’ouvre désormais plus que de 8h30 à 17h30. Un changement qui interroge car les parents n’ont ni signé ni payé pour cela. Certains doivent s’astreindre d’un système de garde supplémentaire, qui engendre des coûts non négligeables. Il arrive également que la crèche ne puisse tout simplement par ouvrir ses portes ou qu’elle n’accueille que la moitié des enfants si une puéricultrice est absente (vacances, maladie…), sans compensation financière. Les parents sont avertis la veille ou le jour J, difficile dans ce cas de trouver une solution de “sauvetage”.
Pour limiter les fermetures, une vingtaine de parents se sont inscrits comme bénévoles. Lors de jours de pénurie, ils soutiennent le personnel, bien qu’ils ne soient pas autorisés à accomplir toutes les tâches, sans diplôme approprié.
Un personnel surchargé
“De base, il n’y a plus assez de personnel car le métier n’est pas assez valorisé, détaille Orna. Du côté néerlandophone, l’enseignement a permis aux puéricultrices de rejoindre des classes maternelles (où il y a aussi pénurie). Il y a une vraie fuite du personnel des crèches vers les écoles. Les professionnels dans les crèches se réduisent drastiquement”. La faute aux conditions de travail: “Les puériculteurs n’ont même pas le temps de prendre des pauses. Ils s’occupent du ménage, en même temps ils font les lessives. Alors oui, il y a des techniciens de surface, mais quand ils ne sont pas là, c’est le reste du personnel qui s’en occupe”.
Ce lundi 4 juillet, la maman de Léon a pris congé pour être parent-bénévole la matinée, elle n’a pas eu le temps de boire un verre d’eau tant il y avait à faire. “J’ai plié des bavoirs, j’ai gardé environ 15 enfants avec une puéricultrice. On est en juillet donc il y a moins d’enfants… En mai et juin, la situation était encore plus catastrophique! Lundi, j’aidais les grands, je n’étais pas dans la section de Léon où ce sont des plus petits. Et je voyais bien que chez lui, c’était des pleurs toute la journée, j’avais juste envie de le reprendre et de rentrer. Ce n’est pas que le personnel fait mal son travail, c’est juste qu’il est débordé. On voit que les puéricultrices sont à bout, elles vont finir en burn-out, c’est impossible autrement”.
Pas un cas isolé!
La situation devient critique. “La Flandre utilise un ratio de neuf enfants par accompagnateur, le ratio le plus élevé d’Europe. Les conditions de travail et les salaires des puéricultrices ne sont pas adaptés aux efforts et à l’importance qu’elles ont dans la société. Les annonces de recrutement que De Bloeiende Kerselaar a envoyées en septembre 2021 n’ont pas permis de combler les postes vacants. Cette crèche n’est pas la seule en difficulté”, déplore les parents qui s’avouent impuissants face à la situation.
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