L’interview fraternelle de Yannick & Jérémie Renier
Dans Carnivores, leur première réalisation, les frères Renier explorent les liens entre deux sœurs, toutes les deux comédiennes. Un écho à peine caché de leur expérience personnelle poussée, toutefois, à l’extrême pour le film. A nous d’explorer leurs rapports fraternels. Et une conclusion s’impose, ces deux-là s’aiment et s’admirent! Rencontre.
Jérémie: “Yannick est une des personnes les plus importantes pour moi”
On vous sait frères, on sait moins que vous êtes demi-frères.
Jérémie. Oui, de père.
Ça veut dire que vous avez quand même grandi ensemble?
Yannick. Très peu. On a six ans d’écart (Yannick est l’aîné, NDLR) et du coup, mon frère, je ne le voyais qu’un week-end sur deux chez notre père avec nos 2 sœurs. On était trois à débarquer chez notre père et chez la maman de Jérémie. On passait des week-ends ensemble.
Vous étiez proches?
J. Oui, très proches. Comme tout petit frère, j’étais fan de mon grand frère. C’était mon inspiration, mon modèle.
Y. J’ai grandi avec ma maman et mes deux sœurs donc, de retrouver un petit gamin, un petit frère, le week-end et les vacances, c’était génial! On jouait à la guerre, on se battait, on construisait des trucs… On a fait mille et une conneries à deux.
Quelle est pour vous la plus belle chose que votre frère ait faite pour vous?
Y. Il y en a tellement… (silence. Long silence…) Aujourd’hui, je dirais, m’offrir la possibilité de faire ce film… La plus belle chose qu’il ait faite pour moi, c’est de m’aimer; à travers son regard, j’ai aimé mes défauts.
J. Je pense que c’est la même chose pour moi. C’est pour ça qu’on se rejoint dans le travail. Je ne me suis jamais senti jugé de sa part. C’est quelqu’un qui est vigilant, à l’écoute des autres. Il est une des personnes les plus importantes pour moi, à qui je peux dire des choses que je n’oserais pas dire à d’autres. Et il me fait rire aussi, énormément. C’est très agréable d’avoir quelqu’un avec qui on peut parler de choses très profondes, très personnelles et en même temps en rire. (Il crie soudain) JE L’AIME, JE L’AIME, j’en suis fou, je voudrais devenir une femme pour l’épouser. Je l’avoue, je voudrais le crier au monde entier! (Rires)
Qu’est-ce qui vous a fait le plus envie chez l’autre?
J. Ce qui m’épate, c’est sa disponibilité. Il m’a toujours donné cette impression de quelqu’un de très serviable, en permanence. Pour moi, c’est plus difficile. D’ailleurs, un jour on a eu une discussion sur les amis et j’ai pris conscience qu’il fallait que je fasse plus attention aux gens qui m’entouraient et que j’aimais.
Y. Et moi, c’est vraiment… C’est un peu l’inverse…
J. Frapper les gens? (rires)
Y. Oui, frapper les gens, je n’arrivais pas à le faire. Il m’a montré qu’il ne fallait PAS aimer les gens (rires). Non… Moi, j’admire Jérémie dans le fait qu’il est très vrai. Il n’est pas dépendant du regard des autres. Y’a une chose aussi: s’il y avait le moindre soupçon de doute qu’il pouvait y avoir une tension entre nous, il allait tout de suite en parler, alors que moi, je garde plutôt les choses, il me faut du temps, je me dis que ça va passer alors que lui, il mettait tout de suite sur le tapis ce qui pouvait être conflictuel entre nous et ça c’est une chose qui nous a permis d’avancer, de faire ce film parce qu’il n’y avait jamais d’abcès à crever, les choses étaient tout de suite mises au clair. Ça, c’est une chose que j’admire énormément chez lui. En plus, à un moment donné, il avait un une super moto rouge avec une bulle et j’aimerais bien avoir la même! (rires)
J. Yannick, c’est au niveau capillaire. Il y a un niveau capillaire chez lui… et puis il a un corps incroyable. Il a beau bouffer n’importe quoi, il a toujours le corps svelte et musclé…
Yannick: “Il y a beaucoup d’amour entre nous”
Quelle est, selon vous, la pire chose que l’autre ait pu faire?
J. La pire? Il a tué un pigeon quand j’étais petit, avec une carabine, et c’était atroce. J’ai été traumatisé. On jouait avec une carabine à plomb, comme tous les enfants, malheureusement, on joue à des jeux dangereux…
Y. Je ne m’attendais absolument pas à ce que ça blesse un animal. C’est-à-dire qu’effectivement, le jeu était dangereux, mais quand le pigeon s’est effondré au sol, on est tous les deux restés sans voix… et j’ai vu dans le regard de Jérémie «Quoi, mon grand frère… il tue des animaux?!» (A Jérémie) Et alors tu te souviens après ce que j’ai j’organisé?
J. Ouais, après, on a fait une petite messe avec un petit enterrement.
Y. J’ai caché le pigeon et j’ai emmené Jérémie dans le grenier de la maison pour faire une sorte de rite chamanique pour transcender ce moment et pour essayer de redonner du sens à tout ça parce qu’on était tous les deux choqués. Je sentais qu’il y avait quelque chose dans le regard de Jérémie… j’avais peur que ça ait terni mon image de grand frère.
Et vous, Yannick?
Y. M’embarquer sur ce long métrage (Rires). Parce que c’était un des moments les plus difficiles, les plus douloureux où il y a eu le plus de remises en questions. J’ai angoissé tellement… Je pense que c’est une des plus belles choses qui me soit arrivé aussi dans la vie. Ça m’a permis d’affronter des démons, de régler certaines choses et je me sens un homme différent aujourd’hui, grâce à ça. (il chuchote) Après il y a des choses en plus mais je ne peux pas les dire…
Pourquoi pas?
Y. Parce que ça c’est sexuel! (rires)
Et alors?
J. C’est pas le moment! #metoo, metoo (il hurle) «Balance ton porc», «balance ton frère» (rires).
Et la plus grosse engueulade entre vous?
Y. C’était quand on était petits mais depuis, il n’y a plus d’engueulade.
J. (d’un ton sec) si!
Y. Hein?
J. Ouais, ben quand même, ça m’est toujours resté en travers de la gorge… l’histoire de la chambre d’hôtel… d’abord t’as dit oui, puis tu voulais plus, tout ça… Non mais sans déconner: d’abord, moi je vous l’ai dit, je suis pas du genre à m’engueuler en général.
Y. Tu ne l’avais pas dit. (rires)
J. Je ne l’avais pas dit?
Y. Non.
J. Non, mais je parlais du conflit, c’est presque pareil. Je me disais que vous étiez assez intelligent pour comprendre que le conflit, l’engueulade, tout ça…
Y. Plus jeunes, on s’est bien battus, mais seulement en jeu. Après, comme Jérémie a cette faculté, dès qu’il y a un soupçon de tension, de mettre le doigt dessus. Et puis, on a ce truc que, dès que quelque chose pourrait coincer entre nous, on le tourne en dérision. Les moments difficiles, que ce soit pour lui ou pour moi, on va les tourner en ridicule et ce ridicule crée de la distance. Et puis il y a beaucoup d’amour entre nous. Par exemple, en interview, je peux me mettre à parler beaucoup et ça pourrait devenir gênant mais Jérémie commence à me regarder avec amour, il commence à rire et j’arrête de parler, simplement, et ça dédramatise tout. Ça évite les engueulades. Voilà. Comme les bonobos. (Rires).
Carnivores, actuellement en salle.
Retrouvez Yannick & Jérémie Renier se confier sur le film dans le Femme d’Aujourd’hui du 19 avril.
Retrouvez ici l’interview de Leila Bekhti à propos de son rôle d’héroïne dans Carnivores.
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