Zéro déchet: la spécialiste Béa Johnson nous explique comment passer du tout au rien
Cette année, le festival LaSemo inaugurait un nouvel espace, la “librairie-papote”, scène de conférences et d’enrichissantes rencontres. Parmi elles, la prêtresse du zéro déchet, Béa Johnson herself!
Le chapiteau est plein à craquer, tout l’inverse des placards de la maison de Béa, qu’elle prendra un malin plaisir à faire visiter à l’assemblée médusée: blanc, aseptisés, si bien rangés qu’on serait en droit de se demander si les lieux sont réellement habités. “Nous y vivons à quatre, mon mari, mes deux fils de 18 et 19 ans et moi”, nous achève-t-elle. Une inaccessible étoile, pour le commun des mortels – dont nous faisons modestement partie? Que nenni! Béa Johnson, installée aux États-Unis depuis 25 ans, nous promet que c’est “easy basket”. Nous sommes tout ouïe.
80% de superflu
“L’aventure a commencé lorsque nous avons déménagé. En attendant de trouver la maison de nos rêves, nous avions entreposé nos meubles et nos cartons dans un box de stockage. Quand on a finalement acheté notre maison, on a réalisé que 80% des choses qu’on avait stockées au garde-meubles ne nous avait pas manqué une seconde. J’ai donc décidé de m’en débarrasser.” À l’époque, en 2008, le mouvement “zero waste” en est à ses balbutiements, et encore, il se cantonne à l’industrie. Béa Johnson fouille le net, les magazines, les forums, elle teste tout ce qu’elle peut: elle troque son gloss repulpeur contre des orties (“ça fait mal et ça ne marche pas”), elle se lave les cheveux au vinaigre (“mon mari n’en pouvait plus de dormir à côté d’une salade vinaigrette), progresse par essais et erreurs et finit par élaborer sa propre méthode, qu’elle répand depuis lors aux quatre coins de la planète… laquelle lui dit merci.
Les 5 R
Refuser – Réduire – Réutiliser – Recycler – Recomposter: le crédo de ses disciples, de plus en plus nombreux.
- Refuser: ce dont on n’a pas besoin. On apprend donc à dire non aux produits à usage unique, aux gadgets promotionnels, aux cartes de visite, aux repas dans l’avion…
- Réduire: ce dont on a besoin. L’idée est de désencombrer son chez soi… et de remettre sur le marché des biens matériels dont on ne se sert plus, mais qui pourraient être utiles à d’autres. “Par exemple, les ustensiles de cuisine… Pourquoi avoir quatre cuillers en bois, trois fouets et toute une panoplie de couteaux? Je n’ai que deux mains, je n’ai donc besoin que d’un exemplaire de chaque accessoire”. Résultat: son lèche-plat se bat avec une malheureuse louche au fond de son tiroir de cuisine. Pour la vaisselle? Une décoction maison à base de vinaigre blanc, eau et savon de Marseille liquide. Béa s’en sert pour torchonner, récurer et même lessiver. Autre exemple: les fringues. Il paraîtrait qu’on n’utilise que 20% du contenu de son dressing, mais qu’on garde certains habits parce qu’on ne sait jamais. “Fini les ‘au cas où’, martèle Mrs Johnson, j’ai réduit ma garde-robe à 15 pièces que je peux associer de 50 façons différentes. Tout tient dans un trolley!” On applaudit… en énumérant mentalement les pièces de notre dressing… Y’a du boulot. Et dans l’armoire de la salle de bains? Pas grand-chose non plus: une crème teintée, une huile végétale en guise de démaquillant, de la poudre de cacao comme fard à joues et à paupières, de la poudre de charbon en guise de mascara, une pierre d’alun au lieu d’un déo et du bicarbonate de soude – acheté en vrac, cela va de soi – comme dentifrice. Qui dit mieux?
Réutiliser: on remplace tout ce qui est jetable par une alternative réutilisable. Comme les fameux bocaux en verre pour la nourriture humide (viande, fromage, huile…) et les sacs en tissus pour ce qui est sec (pain, riz, pâtes…). Le pain a séché? Béa en fait des croûtons ou de la chapelure. Les arêtes en fin de poisson? Hop, dans le bouillon. Un fond de bouteille de vin? Il ira dans la salade.
Recycler: on préfèrera acheter en 2e main… et revendre ce dont on n’a plus besoin. Fringues, accessoires, livres, en privilégiant les marques qui offrent une garantie à vie inconditionnelle (Last of England, Patagonia, Dr Martens, Le Creuset, parapluies Davek, bagages Briggs & Riley…).
Recomposter: en vrai, on dit « composter », mais il fallait un mot en R.
Objets VS Expérience
En adoptant ce mode de vie minimaliste et sans déchets, la famille Johnson a ainsi économisé 40% de son budget! Le calcul est vite fait: consommer moins, ne plus ramener de souvenirs de vacances, acheter d’occasion, revendre, remplacer le jetable par le réutilisable… Forcément, ça se chiffre dans le bon sens. Quant aux cadeaux d’anniversaire et de Noël, ils se traduisent désormais en expériences: tickets de cinéma, bon pour un dîner au resto, etc.
Béa Johnson l’affirme sans l’ombre d’un doute: pour elle et sa famille, le zéro déchet est un bonheur absolu. Ils étaient seuls en 2010, on les considérait comme des extraterrestres ou des hippies, nous sommes aujourd’hui des millions de par le monde à avoir rejoint le mouvement. Même les grosses multinationales comme Unilever ou Procter & Gamble ont amorcé un changement de mentalité, et les magasins en vrac s’ouvrent les uns après les autres, tandis que les grandes enseignes sont obligées de suivre… sous peine d’être désertées par une armée de gentils soldats, bigrement décidés à vivre autrement. À vivre mieux. Merci Béa!
Texte: Stéphanie Ciardiello
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