Slow travel: 10 conseils pour voyager de façon responsable

Voyager moins loin mais mieux, serait-ce là l’avenir du voyage? Le “slow tourisme” invite à ralentir le rythme pour explorer le monde de façon plus responsable. Si l’idée a de quoi séduire, il n’est pas toujours évident de savoir comment passer à l’action! Voici nos astuces pour prendre la voie du tourisme en mode “slow”.

Slow travel, microtourisme, voyage responsable, tourisme durable… Autant de termes que l’on croise de plus en plus souvent dans les agences de voyages, les offices de tourisme ou encore chez les hôteliers. Derrière eux se cache pourtant une seule et même idée. Celle selon laquelle notre façon de voyager doit s’adapter aux défis climatiques et environnementaux qui nous attendent. Surtout lorsqu’on sait que le tourisme de masse est à l’origine de 8% des émissions de gaz à effet de serre (selon une étude publiée dans la revue scientifique Nature Climate Change en 2018)…

Ainsi, le slow tourisme nous invite à repenser notre façon de voyager pour réduire notre empreinte carbone et favoriser les communautés locales. Privilégier le train à l’avion, sortir des circuits balisés par le tourisme de masse, partir à l’aventure près de chez soi… En prônant la flânerie et l’économie locale, le slow tourisme nous propose finalement de revenir à l’essence du voyage. “Je ne voyage pas pour atteindre un endroit précis, mais pour marcher: simple plaisir de voyager”, déclarait l’écrivain et aventurier Robert Louis Stevenson au XIXe  siècle. Moins loin, mais mieux, telle est la devise des “slow voyageurs”.

1. Ignorer les tendances

Le téléphone toujours dans la poche, Instagram en veille, le voyageur des temps modernes est constamment tenté de partager les photos de ce qu’il visite… et qu’il a découvert sur Instagram quelques mois plus tôt. Car oui, de Tokyo à Barcelone, les réseaux sociaux ont tendance à uniformiser nos envies. Comble de cette tendance, le pont panoramique Kebema, dans le Tyrol, qui a vu son succès s’envoler grâce aux poses des Instagrammers… pour le plus grand malheur des randonneurs locaux contraints, à 2400m d’altitude, de faire la queue pour traverser le fameux pont! Si nous aspirons tous plus ou moins aux mêmes destinations, il y en a beaucoup auxquelles nous ne pensons jamais. Qui a déjà visité Hambourg à la place d’Amsterdam? Combien de fois a-t-on entendu parler des thermes de Vichy plutôt que de ceux de Budapest? Ou des canaux d’Aveiro, au Portugal, plutôt que de Venise? Voyager de façon plus responsable, c’est d’abord repenser sa façon de choisir sa destination. Mais aussi faire preuve de curiosité pour découvrir celles qui sont près de chez soi. Par exemple, Torgny a des airs de village provençal version gaumaise, quand Lierre, à quelques kilomètres d’Anvers, fait concurrence à Bruges. Et si on regardait autour de nous pour trouver l’inspiration?

2. Partir au bon moment

Pour éviter la foule, mieux vaut réfléchir à deux fois au meilleur moment où partir. Vous avez toujours rêvé de visiter la Sagrada Familia? Allez-y en hiver! Les températures sont souvent plus douces qu’en Belgique et vous vous épargnerez de longues files d’attente. Vous ne connaissez les sommets des Alpes que sous la neige? Découvrez-les en été! Les sentiers alpins sont le terrain de jeu idéal pour randonner au milieu des alpages. En visitant une destination hors saison, on multiplie ses chances de la découvrir seul (ou presque) et on profite également de prix plus doux.

3. Changer de moyen de transport

En avion, en train, en bateau, en voiture, à vélo… voire à cheval ou à pied! Il existe beaucoup plus de façons de voyager que ce que l’on imagine. Mauvais élève par excellence (avec 45 fois plus de CO2 rejeté que le train), l’avion est à remplacer autant que possible. En privilégiant le rail, de belles surprises nous attendent! Le Grand Train Tour, en Suisse, offre des panoramas à couper le souffle. En Norvège, la ligne Oslo-Bergen est l’une des plus belles au monde. Mais il suffit aussi parfois d’enfourcher son vélo pour partir à l’aventure. L’année dernière, le photographe Florian Machefert a quitté Nantes pour relier le point le plus à l’ouest de la France métropolitaine: la pointe de Pern sur l’île d’Ouessant. Un récit photographique qu’il retrace dans Extrême Ouest (auto-édition, Izberg) et qui nous montre que l’aventure peut être plus proche que ce que l’on pense.

4. Dormir au vert

Quels que soient le style et le confort auxquels on aspire, il existe des logements qui répondent à nos attentes tout en permettant de séjourner de façon plus responsable. Ça peut être une chambre chez l’habitant, à l’hôtel, dans une auberge, à la ferme… ou bien perchée dans une cabane dans les arbres ou sous tente! Petit à petit, des labels voient le jour pour certifier ces hébergements durables. C’est le cas par exemple de l’Ecolabel européen ou de la Clé Verte, à l’international. Le site Un lit au pré permet, lui, de réserver son séjour à la ferme, comme à la Ferme de Rochefort, en Ardenne, ou dans la ferme laitière Looe Farm, sur la côte en Cornouailles.

5. Bien choisir ses visites

Voyager, c’est découvrir d’autres cultures et modes de vie… mais aussi être curieux et prendre le temps de (re)découvrir ce qui nous entoure! Avant de partir, on se pose la question de ce qui fait l’unicité de la destination que l’on s’apprête à explorer. Cela permettra, une fois sur place, de s’immerger dans la culture locale à travers des visites uniques. En voyage à Saint-Pétersbourg? Réservez une visite guidée dans le métro, le plus profond au monde. Une escapade à Paris? Laissez-vous guider au fil des passages couverts ou découvrez cette capitale de la mode via la collection fashion du Palais Galliera. Les visites les plus enrichissantes ne sont pas toujours celles qui figurent dans les tops des guides de voyage.

6. Soigner son assiette

Locavore à la maison? Ne perdez pas cette bonne habitude en voyage. Aller à la rencontre des producteurs locaux ou s’attabler chez des restaurateurs qui cuisinent “zéro kilomètre” ou ”zéro déchet” est un bon moyen de consommer autrement… et de faire de jolies découvertes. En Belgique, le Guide du bien manger permet de faire le plein de bonnes adresses du terroir tandis que le beau livre La Wallonie à pleines dents (René Sépul, Sh-Op Éditions) nous emmène à la rencontre des chefs wallons et des producteurs avec qui ils travaillent. En France, l’association Écotable a mis au point un label qui certifie les restaurants durables (bio, locavore, pêche durable, zéro déchet…).

7. Privilégier les artisans et producteurs

Adieu mugs fabriqués à la chaîne et magnets que l’on oublie sur la porte du frigo. On profite de nos voyages pour découvrir des créateurs et artisans locaux, et dénicher un souvenir authentique, qui a du sens. Ce peut être une poterie du village de La Borne, dans le Cher, ou un objet d’un designer danois à Copenhague. Marchés et brocantes sont aussi des lieux idéaux pour faire des emplettes et ramener un petit bout de son séjour à la maison.

8. Participer à des expériences locales

Aller au théâtre ou à un festival, participer à un cours de cuisine ou un atelier de céramique… Et si, pendant notre séjour, on mettait la main à la pâte pour s’immerger dans la culture locale? Il s’agit sans doute du meilleur moyen pour rencontrer des locaux et découvrir les traditions qui leur sont propres. Depuis plusieurs années déjà, Airbnb propose des expériences guidées par les habitants sur place. Ce peut être un atelier sur les diamants à Anvers, une visite à vélo des coins secrets d’Amsterdam ou l’observation des phoques en baie de Somme. Jetez également un œil aux propositions des Greeters, ces habitants passionnés qui font découvrir gratuitement leur ville aux touristes

9. Bien s’entourer

Vous avez l’habitude de faire appel à une agence de voyages pour vos séjours ? Nombre d’entre elles se sont mises à la page du “slow travel” et proposent des vacances plus responsables. On citera Voyageurs du Monde, pionnière dans le domaine et proposant des destinations méconnues, avec balade accompagnée d’un(e) habitant(e) à l’arrivée. Spécialisée dans l’écotourisme, Sens Inverse propose des séjours en petits groupes, à un rythme lent, pour aller à la rencontre des locaux et prendre le temps de s’immerger dans la destination. Terres d’Aventure s’adresse, elle, aux voyageurs sportifs désireux de se lancer dans une grande randonnée ou de voyager en canoë. Spécialiste de la micro-aventure, l’agence Chilowé propose des séjours de 2-3 jours pour devenir toujours plus “slow” comme l’initiation au bivouac dans le Jura ou un stage de “bikepacking” de 2 jours pour apprendre les bases de l’autonomie à vélo.

10. Se préparer

Bien préparer son voyage est indispensable lorsqu’on veut voyager de manière plus responsable. Lectures, applis, podcasts… Voici quelques suggestions pour vous aider à devenir un “slow-voyageur”.

• Pour voyager en train, voici deux livres indispensables: En Train, 30 itinéraires pour voyager autrement en Europe (éd. Gallimard Voyage) et Slow Train de Juliette Labaronne (éd. Arthaud) pour des itinéraires en France.
• À vélo, emportez L’échappée transwallonne de Cédric Maillet (éd. Racine, à paraître en mai): 430km de balades en Belgique, France, Pays-Bas, Grand-Duché de Luxembourg et Allemagne. Poser sa tente en Suède ou dans les Pyrénées avec Camper autour du monde de Luc Gesell (éd. Gallimard Voyage).
• Tous les mois, Hélène Quéguiner tend son micro aux voyageurs souhaitant explorer le monde de façon plus responsable dans son podcast Voyageurs de Demain.
• Reconnectez-vous à la nature à travers les “ aventures et mésaventures” vécues par les aventuriers des Baladeurs, par le magazine Les Others.
• L’appli Visorando pour trouver des itinéraires de randonnées et leurs cartes.
• L’appli Tookki, le premier city-guide qui recense des adresses responsables (pour l’instant disponible pour Paris, Lyon, Bordeaux et Marseille).
• Dans les Alpes, l’association Mountain Wilderness propose des guides de sorties en montagne accessibles sans voiture.

Texte: Maud Simon/Coordination: Céline Fion

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