Nettoyeur vapeur: est-ce vraiment utile?
Ils nettoient tout, des vitres aux carrelages en passant par la robinetterie, les joints et les miroirs. Mais surtout, ils promettent de tout désinfecter d’un coup de vapeur, y compris d’éliminer les virus. Pratique pour les revêtements qu’on ne peut pas mettre à la machine ou passer à l’eau de Javel. Mais les nettoyeurs vapeur sont-ils vraiment utiles, même en période d’épidémie?
Après les congélateurs, les machines à café et les aspirateurs robots, les nettoyeurs vapeur figurent parmi les appareils électroménagers qui ont vu leur vente augmenter en 2020 (+7,4%), comme en attestent les chiffres du groupe français Gifam (Groupement des marques d’appareils pour la maison). Aujourd’hui, la marque allemande Kärcher et la marque suisse Laurastar vantent ouvertement les vertus désinfectantes de leurs appareils. Alors, la vapeur serait-elle la solution à tous les virus?
Le revival (électro)ménager
La marque de produits ménagers Starwax avait flairé la tendance. Leur campagne “Aussi maniaque que vous” sortie en juillet 2020 a visé juste en cherchant à rassurer la communauté d’adeptes de l’inox étincelant et des plaques vitrocéramiques immaculées. Non, ils ne sont pas les seuls à voir cette petite tache qui résiste, même si tout le reste brille. D’autant plus depuis l’épidémie. Les maniaques ont enfin vu leur heure de gloire arriver: avec un virus invisible qui peut potentiellement contaminer toutes les surfaces, il est enfin socialement acceptable de s’adonner aux joies de la désinfection. Certains ont même été convertis en cours de route et avouent être devenus accrocs à l’hygiène depuis le premier confinement. Une tendance qui n’a pas échappé aux fabricants de nettoyeurs vapeur qui comptent bien surfer sur la vague de la coolitude du ménage. Une activité qui calme les angoisses des uns, et donne aux autres l’impression d’agir, quand tout paraît nous échapper.
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Une vapeur qui désinfecte, mais ne nettoie pas
Un réservoir rempli d’eau, une résistance qui la chauffe à plus de 100°C et la transforme en vapeur: le fonctionnement des nettoyeurs vapeur est clair comme de l’eau de roche. Ses arguments de vente aussi: on le visualise très bien ce nuage de vapeur qui assainit les sols en carrelage noircis, désodorise les tissus du canapé, du tapis et désinfecte tout sur son passage, des bactéries aux virus en passant par les acariens (bon argument pour les allergiques). En plus, il ne nécessite aucun détergent, pas de produit chimique qui pollue l’environnement et l’air de nos intérieurs. “Mais la vapeur ne nettoie pas”, précise Anne Simon, médecin hygiéniste spécialiste en prévention et contrôle des infections à l’hôpital de Jolimont. “Outre, le côté désinfectant, la vapeur dégraisse et décolle la saleté, mais il faut bien l’enlever ensuite. Et pour ça, rien ne vaut l’action mécanique du frottement et un bon rinçage”. La fameuse huile de coude, impossible à contourner. “Mais je dois avouer qu’en dehors de mon travail, j’ai déjà essayé un nettoyeur vapeur sur les joints des carrelages et les moisissures et c’est assez fabuleux”, admet Anne Simon.
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De la vapeur pour désinfecter les masques?
La marque suisse Laurastar, la Rolls-Royce des centrales vapeur, a sorti en septembre dernier “Iggi”, un petit défroisseur portable dont la vapeur sèche promet d’éliminer “100% des acariens, mais également 99% des bactéries, champignons ou virus du tissu”. Il vise en réalité un nouveau marché apparu avec l’épidémie: l’entretien des masques en tissu. Anne Simon, qui était une des premières à militer dans les années 90 pour l’utilisation du gel hydroalcoolique dans les hôpitaux, n’est en revanche pas enthousiasmée par ce nouveau mode opératoire. “Nous avons des nettoyeurs vapeur dans les hôpitaux qu’on utilise pour désinfecter de grandes surfaces dures. Mais ça n’enlève pas les salissures. Personnellement, je n’aurai aucune envie de remettre mon masque dans lequel il y a eu des projections de salive ou de morve qui n’ont pas été nettoyées. Pour les masques en tissu, un passage à la machine à 30°C et un coup de fer à repasser à 180°C suffisent”, conseille-t-elle. La médecin hygiéniste alerte aussi sur les dangers d’un tel mode de désinfection sur un masque jetable: “la vapeur peut détériorer les fibres et alors on ne sera plus jamais certain de la qualité de la filtration, aussi bien intérieure qu’extérieure”.
La vapeur efficace contre le coronavirus?
Le petit steamer de Laurastar peut aussi être utilisé pour décontaminer les objets comme les poignées de portes ou toute autre surface potentiellement contaminée. Mais attention, un élément conditionne une désinfection efficace: il faut pour cet appareil un minimum de 5 secondes de contact. Six fois moins que Kärcher, qui spécifie sur son site que leurs “tests ont montré qu’avec un nettoyage approfondi de 30 secondes à un niveau de vapeur maximal utilisant un nettoyeur vapeur Kärcher, et en contact direct avec la surface à nettoyer, 99,999% des virus enveloppés comme le coronavirus peuvent être éliminés”. En effet, une étude datant de 2009, menée par le laboratoire d’hygiène hospitalière dans les hôpitaux universitaires de Strasbourg, démontrait l’efficacité de la vapeur pour désinfecter à condition de respecter un temps de contact minimal par mètre carré. “C’est comme pour les produits désinfectants, pour une bonne efficacité, il faut respecter un rapport concentration et temps de contact”, confirme Anne Simon. Mais au final, faut-il nécessairement nettoyer son intérieur comme un hôpital?
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La contamination via les surfaces est mineure
La présence potentielle du coronavirus sur les surfaces donne un alibi aux férus de ménage pour dégainer leur arme à vapeur. Pourtant, il semblerait que le combat de l’hygiène devrait être mené ailleurs. Un édito publié le 2 février 2021 par la célèbre revue scientifique Nature regrette que trop d’attention soit portée à la désinfection des surfaces, alors que ce mode de transmission du coronavirus apparaît comme mineur avec les nouvelles études. Le virus se transmet surtout par les gouttelettes émises dans l’air lorsqu’on parle, tousse, éternue ou rit et les aérosols (les micro-gouttelettes qui restent en suspension dans l’air). Conclusion: le temps et l’argent déployés pour nettoyer et désinfecter toutes les surfaces dans les espaces publics devraient plutôt être utilisés pour améliorer la ventilation et développer des systèmes de purification de l’air. Sauf que nettoyer, ça rassure. “En temps normal, il n’est pas nécessaire de désinfecter sa maison. Un simple nettoyage à l’eau savonneuse suffit amplement. Et même pour enlever d’éventuelles traces de coronavirus, un savon suffit amplement. C’est un virus enveloppé, donc facile à éliminer”.
Comment choisir votre nettoyeur vapeur?
Même si la désinfection n’est pas nécessaire à la maison, vous avez quand même envie de connaître le bonheur de passer tous les carrelages de votre salle de bains à la vapeur? Le choix du modèle dépend de différents critères comme la forme (le traîneau a une plus grande autonomie pour les grandes surfaces, mais le balai est plus léger et maniable), la puissance à laquelle l’eau est chauffée (un minimum de 1500 watts serait nécessaire pour avoir un bon résultat), la pression à laquelle elle est propulsée (en bars), ainsi que les accessoires qui sont fournis pour nettoyer les autres surfaces situées en hauteur. Seul hic: comme le relève le dossier de Que choisir, il faut savoir manier correctement l’engin pour ne pas abîmer certains revêtements plus fragiles à la chaleur, comme le parquet, les tapis et autres tissus.
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