Iliona: “Je me suis interdit de mentir ou d’enjoliver quoi que ce soit”
Après des singles et un EP remarqués, l’artiste bruxelloise sort son premier album, What if I break Up with You, où elle a transformé ses souffrances et silences en mélodies-confidences.
Un timbre qui rappelle celui d’Angele et une mélancolie proche d’une Billie Eilish: Iliona avait tout pour nous plaire et son premier album nous a de fait conquises. On a rencontré cette étoile montante de la chanson belge.
Des chansons qui durent dans le temps
On vous connaît depuis plusieurs années, quelle étape représente cet album? Est-ce un peu comme passer un niveau dans un jeu vidéo?
“C’est un peu ça, oui (rires). À mes yeux, mes précédents morceaux étaient un peu des brouillons. Pour l’album, j’ai mis des exigences plus hautes: les chansons devaient vraiment être mes préférées parmi tout ce que je compose. Pour en garder 10, je crois que j’en ai fait 250. Pas des chansons entières, évidemment, mais des petits bouts tous les jours. Et je voulais aussi qu’elles passent l’épreuve du temps; qu’on puisse les écouter dans quelques années encore.
Comment avez-vous opéré le tri?
Musicalement, il faut que je trouve ça intéressant. Et que le texte soit le plus sincère possible. Je me suis interdit de mentir ou d’enjoliver quoi que ce soit. Je me suis rendu compte que les chansons qui avaient le mieux vieilli sont celles où je disais le plus la vérité sur ma vulnérabilité, où je ne cachais rien et où musicalement, je m’étais vraiment fait plaisir.
Quelle est la symbolique de la cover, qui est presque cauchemardesque?
C’est un dessin que j’avais fait. Je savais que ça deviendrait la pochette de l’album. J’ai fait cette composition avec la main d’un monstre, dos à moi, qui me peigne. Donc on trouve quand même une action relativement tendre, mais avec une main de monstre. Tout le monde m’en donne des interprétations différentes; je trouve ça génial. Même moi, j’y vois diverses symboliques: autant les relations toxiques dont j’ai pu me débarrasser, qu’une part sombre de moi.
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La rupture comme fil rouge
La rupture, c’est le fil rouge de l’album. Aviez-vous besoin d’exorciser une douleur?
Le point de départ de l’album, c’était une rupture amoureuse couplée à une rupture professionnelle qui est arrivée un peu en même temps. J’avais pas mal de petites ruptures en moi aussi, entre moi et moi, tout m’est tombé dessus en même temps. C’est un peu comme si on avait arraché un énorme pansement. Mais je pense que l’album se focalise davantage sur l’après-rupture. Il correspond à un moment de solitude, de reconstruction, de remise en question.
La musique, c’est l’endroit où j’arrive à décharger toute cette part de moi que je n’exprime pas dans ma vie privée.
Dans la vie, vous êtes plutôt drôle, ce qu’on ne ressent pas en écoutant l’album…
Je suis en effet assez légère. Quand je rencontre des gens, ils sont étonnés parce que je suis vraiment normale, joyeuse (rires). La musique, c’est l’endroit où j’arrive à décharger toute cette part de moi que je n’exprime pas forcément dans ma vie privée, parce que je suis assez timide et pudique. Il y a des périodes où je me sens plus solide, d’autres où je me sens plus vulnérable, je passe de l’un à l’autre tout le temps. Mais dans les deux cas, j’arrive à être créative et à nourrir ma musique.”
La voir en concert
Iliona sera notamment les 15 et 17 novembre prochains à l’Ancienne Belgique, à Bruxelles.
Interview: Sigrid Descamps
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