Un festival belge interdit les téléphones: quel impact sur notre expérience?
Pour la première fois en Belgique, un festival de musique électronique a décidé de mettre en place une politique “no phone” sur l’une de ses scènes.
Imaginez-vous assister au concert d’un artiste ou entendre une musique que vous connaissez par cœur en festival, le réflexe est quasi immédiat: vous sortez votre téléphone pour filmer. Mais que se passerait-il si ce geste vous était interdit? Pour la première fois en Belgique, un festival de musique a choisi de mettre en place une politique “no phone” sur l’une de ses stages. Le festival Voodoo Village, qui s’est déroulé dans la forêt du Château de Humbeek à Grimbergen ces 7 et 8 septembre, a invité ses participants à profiter pleinement du spectacle, sans être distraits par leur téléphone.
Un autocollant sur votre caméra
Nous sommes déjà familiers avec cette “no phone policy” au cinéma et au théâtre, alors pourquoi pas lors d’un concert? Le Voodoo Village, avec ses cinq scènes et 80 DJ, a proposé cette expérience unique sur la scène “The Oracle”. À l’entrée, les festivaliers ont dû recouvrir la caméra de leur GSM d’un autocollant. “La prise de photos et vidéos y est strictement interdite. The Oracle se veut une expérience immersive à vivre avec la communauté Voodoo Village. Être totalement présent sans distractions extérieures permet de créer des souvenirs inoubliables”, explique Maxim Dekegel, l’organisateur.
L’avis de la psy
Nous savons que l’hyperconnectivité peut avoir des effets négatifs. “L’usage excessif des écrans affecte tant notre bien-être mental que physique, sans oublier notre vie sociale”, analyse Sabine Crochet, psychologue. Les réseaux sociaux, en particulier, peuvent nuire à l’estime de soi, souvent en raison de comparaisons incessantes avec des images idéalisées, ce qui peut entraîner de l’anxiété ou de la dépression. Les écrans isolent aussi. Pendant un festival, sortir son téléphone pour filmer un concert nous coupe du moment présent, nous éloigne de la réalité pour plonger dans le virtuel.
Vivre l’instant présent
Pour Sabine Crochet, l’initiative du festival est une excellente manière de se reconnecter à l’instant T. “Il faut écouter pleinement les sons environnants sans vouloir les capturer pour les revivre ultérieurement car le frisson de l’instant est fugace”.
Profiter réellement d’un concert implique d’être en totale immersion: ressentir chaque note, observer les jeux de lumière sur scène et vibrer avec l’énergie de la foule. “Le passé ne se revit pas, même à travers la mémoire de nos écrans, et le futur ne se projette que dans l’incertitude. La seule véritable saveur est d’être suspendu dans le bon, le beau et le vrai de la conscience de nos actions et sensations“, ajoute-t-elle.
Il faut écouter pleinement les sons environnants sans vouloir les capturer car le frisson de l’instant est fugace
Cela dit, il ne faut pas diaboliser les écrans. “Utilisés à bon escient, ils sont un outil puissant pour l’apprentissage, le maintien des contacts à distance et même pour des mouvements sociaux comme lors du Printemps arabe”, rappelle la psychologue.
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Une première en Belgique, mais pas dans le monde
D’autres événements, notamment aux États-Unis, ont déjà mis en place cette “no phone policy”. Plusieurs artistes demandent également à leur public de ne pas filmer leurs prestations. Faut-il aller jusqu’à interdire catégoriquement l’usage du téléphone en festival? Peut-être est-ce une manière de proposer une nouvelle expérience, dans une époque où la réalité est souvent déformée par des images retouchées et des récits embellis. Et si c’était l’heure de laisser les souvenirs s’inscrire dans notre mémoire, plutôt que dans celle de nos téléphones? Le Voodoo Village a osé nous poser la question.
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