Journées du Matrimoine: rencontre avec la peintre qui a restauré l’hôtel Métropole
À l’occasion des Journées du Matrimoine, Marianne De Wil, peintre en décors, nous emmène à la découverte de ses plus belles restaurations à Bruxelles, comme la maison Jamaer près de la gare du Midi ou la Charcuterie de la rue Paul Dejaer, à Saint-Gilles. Portrait d’une femme passionnée par son métier.
Une semaine après les Journées du Patrimoine, les Journées du Matrimoine mettent à l’honneur les femmes qui contribuent à l’héritage architectural et urbanistique de Bruxelles. Marianne De Wil, peintre qui a notamment participé au travail de restauration du Falstaff et du jardin d’hiver de l’hôtel Métropole, en fait partie. “J’interviens sur les décors qui n’ont pas pu être sauvés. L’idée est alors de les restituer à l’identique pour rétablir une unité et offrir un témoignage de ce qu’ils ont été”.
Un métier riche qui ne rend pas riche
“Il y avait des vieux roses, des verts de gris, du cuivre oxydé, des dorures à la feuille…”, évoque Marianne De Wil à propos du chantier de l’hôtel Métropole. “La polychromie, c’est l’harmonie des couleurs choisies par un architecte ou un décorateur à une certaine époque pour un lieu donné. Tout mon travail a consisté à la refaire à l’identique de telle sorte qu’elle soit représentative de l’époque”. Un chantier qui aura marqué la peintre en décors: “Nous avons travaillé avec une équipe d’une quinzaine de peintres, en plus des autres restaurateurs, artisans et architectes. Cela a duré plusieurs mois et c’était très riche. Tant sur le plan humain, que celui des techniques utilisées et des recherches intellectuelles”. Si Marianne adore son métier, elle souligne qu’il ne rend pas riche. “On travaille les matériaux, mais de toute manière on les chérit trop pour être matérialiste”.
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Peintre en décors, un métier de femmes?
Après des études en architecture d’intérieur, Marianne De Wil se spécialise en peinture décorative à l’école Van der Kelen à Saint-Gilles, célèbre pour être l’unique au monde à former les artistes aux techniques centenaires du trompe-l’œil. Fondé en 1892 par Alfred Van der Kelen, l’établissement est aujourd’hui dirigé par deux femmes. D’ailleurs, si la peinture en décor était un métier d’homme il y a 100 ans, aujourd’hui on y retrouve majoritairement des femmes, constate Marianne De Wil. “Pourquoi, je ne le sais pas. Certains diront que c’est peut-être lié à des qualités dites féminines comme la patience, la minutie et la sensibilité nécessaires à ce métier. Mais je n’aime pas définir les qualités des gens en fonction de leur genre ou de leur sexe, je trouve ça très cliché”.
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Les femmes, des artisans comme les autres
Marianne De Wil jouit d’une très belle carrière de peintre en décors, notamment dans le théâtre et, depuis une quinzaine d’années, dans la restauration du patrimoine. De son propre aveu, elle n’a pas dû lutter pour se faire une place en tant que femme. “Même si au début j’étais peut-être la seule sur les chantiers, cela n’a jamais posé problème. Au pire, j’ai senti quelques regards étonnés. Mais une fois qu’on se met au travail, on devient un artisan comme les autres”. Et c’est justement cette égalité et cette mixité qu’elle défend: “Hommes et femmes, nous devons travailler ensemble car nous avons beaucoup à nous apporter. Un monde mixte est essentiel”.
Le beau au service de tous
Quand on lui demande d’évoquer ses projets les plus marquants, Marianne De Wil se rappelle des faux marbres qu’elle a refaits au château Pirmez, une grande maison bourgeoise du 19e siècle à Châtelet, aujourd’hui occupée par l’ASBL Trempoline qui s’occupe de la réinsertion d’anciens toxicomanes. “Le travail était passionnant car j’ai dû me mettre dans la peau d’un artisan d’il y a cent ans. Mais ce qui m’a le plus touchée, c’est d’offrir du beau à des gens qui sont complètement perdus et qui en ont besoin pour se reconstruire”. Marianne croit-elle aux bienfaits de la beauté dans l’architecture? “C’est important de faire en sorte que les conditions de vie soient bonnes, et la beauté y joue certainement un rôle. Quand on occupe un environnement entretenu et soigné, on se sent respecté par ceux qui l’entretiennent et on a envie à son tour de respecter le lieu”.
Plus d’infos:
- Samedi 26 septembre de 14h à 16h, Marianne De Wil animera une visite guidée à Bruxelles à la découverte de quatre façades qu’elle a contribué à restaurer. La peintre en décors présentera deux techniques utilisées: les pochoirs et la restitution de faux bois. Infos et inscriptions: Les Journées du Matrimoine.
- Marianne De Wil figure dans le livre “Know How” qui vient de paraître aux éditions Prismes et qui met en avant 40 artisans de la capitale.
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