A l’école de Desproges et Cavanna, un dandy qui refuse la langue de bois
Cela fait deux ans qu’il joue son spectacle «Belge et méchant», deux adjectifs à priori antinomiques, une période durant laquelle son humour a évolué, son texte s’est bonifié et où son public s’est multiplié.
A la sortie du Point Virgule, ce jeudi soir d’avril glacial, ce jeune humoriste réchauffe le coeur de son public, certains fans l’attendent pour la photo de circonstance «clip-clap» le voici sous cliché et pourtant… Il en est loin : inclassable, imperturbable, drôle et attachant.
Je le retrouve dans un café pour décrypter sa «belgitude».
Les belges ont tendance à nous annoncer leurs origines au préalable, comme un principe de précaution…
Et bien, c’est un des classiques de la «belgitude», on se pose en tant que tel pour détendre l’atmosphère, c’est déjà drôle en soi, on ne se prend pas au sérieux, on aime le second degré et je pense que l’autodérision aide beaucoup à faire passer l’humour noir.
On peut donc, à partir de ce constat, rire de tout?
Oui, tout à fait, mais peut être pas avec n’importe qui, mon public est prévenu, il sait à quoi il s’engage. Je suis généreux, je distribue, chacun en prend pour son grade, cet équilibre dans la moquerie permet de déculpabiliser le spectateur, il se sent plus libre de rire de son voisin si il a eu sa part. Dans mon spectacle j’use et j’abuse des clichés, parce qu’il y a toujours une part de vrai et je les pousse à l’extrême pour faire réagir. Je ne suis pas misogyne mais je m'empare avec joie de la femme J.A.V.A.* par exemple, je peux aussi aborder des mots clefs tel que «le viol» ou parler politique en circulant d’un extrême à l’autre, ça permet de prendre la température de la salle.
Avez-vous des modèles? Et quels sont vos rêves sur le long terme?
Des modèles… pas précisément, disons que certaines personnes ont ouvert la voie aux humoristes de mon genre. Elles souhaitaient qu’il y ai dans leurs spectacles un contact direct avec le public. Coluche a instauré cette nouvelle façon de faire rire, une manière généreuse puisque l’interaction avec les spectateurs est permanente, il y a cette forme d’échange.
En ce qui concerne mes rêves, disons que ce serait la pérennité avant tout, la reconnaissance par la durée, le but n’est pas matériel, je ne rêve pas de faire telle ou telle salle, je veux rentrer dans les coeurs.
Comment définiriez vous votre métier d’acteur?
Et bien, tout d’abord, je ne suis pas acteur, je suis humoriste. J’écris et je joue mes propres textes, le risque est double car on vient juger la qualité de ma plume et mon interprétation. Je ne peut pas m’appuyer sur une entité théâtrale, sur un classique … Si mon texte est mauvais, j’aurais beau avoir tout le charisme possible ça ne prendra pas. Et puis il ne faut pas omettre que je suis seul sur scène, en fait, j’ai peu de droit à l’erreur.
Un métier, en somme passionnant mais stressant, pour décompresser vous sortez?
Je prends du temps pour mes amis, dont certains sont aussi humoristes, c’est un petit milieu vous savez. Et puis je me cultive, car pour écrire il faut vivre au préalable, j’aime le dessin, la musique, deux activités dans lesquelles j’aime m’éprouver.
Truffaut disait «Avant de s’asseoir et écrire il faut se lever et vivre».
Donc, un conseil : un film, un livre?
Belle du Seigneurd’Albert Cohen, ça fait partie des classiques. Il peut paraître rebutant de par son épaisseur et par l’idée que l’on peut en avoir, une sorte de romantisme nian nian… Et bien c’est le contraire, c’est un livre emplie d’humour, d'intelligence, avec cette écriture tenue et remarquable, voilà mon conseil littérature. Pour ce qui est du film, mon dernier coup de coeur est The Place Beyond the Pinesde Derek Cianfrance avec l'irrésistible Ryan Gosling, mesdames et la sublime Eva Mendes, messieurs!
Au fond, avouez-le, vous n’êtes pas si méchant?
Au fond, je suis moi, donc je ne peux répondre à cette question (lol)
Walter sera :
- Le 13 avril 2013 à Bobino pour une version exclusive de son spectacle, avec des guest surprises Walter et very bad friends,
- le 17 avril au Théâtre Saint Michel de Bruxelles,
- le 19 avrilauTrocadéro de Liège,
- le 20 avrilau Centre Culturel de Bierges,
- le 21 avril au Théâtre Devos de Mouscron
- du mercredi au samedi au Point Virgule à Paris
Texte: Soisic Belin