Témoignage: “Ma sœur n’a pas supporté que je devienne maman”
Lorsqu’on tombe enceinte, on imagine que notre famille et nos amis vont être aussi heureux que nous à l’idée d’accueillir un tout-petit. Or certaines annonces de grossesse ressemblent davantage à un épisode de Dallas qu’à La mélodie du bonheur. Virginie, par exemple, a vu sa famille se déchirer à l’annonce de sa première grossesse. La belle relation qu’elle entretenait avec sa sœur s’est peu à peu brisée… Aujourd’hui maman d’un garçon de 7 ans, elle nous raconte pourquoi le fait d’être enceinte fut synonyme de jalousie et de déchirement.
Une grossesse sous le signe de la jalousie
“Quand je suis tombée enceinte, j’ai tout de suite voulu l’annoncer à mes proches. Je voulais être maman depuis longtemps et je débordais de joie. Ma sœur aînée a été l’une des premières à être mise au courant. Elle habite à des centaines de kilomètres de chez moi, mais même si nous étions séparées physiquement, nous étions très proches et partagions beaucoup au quotidien, par messages ou appels. Je souhaitais vraiment vivre chaque moment avec elle, lui partager mon bonheur. Mais j’ai rapidement remarqué qu’elle agissait bizarrement, qu’elle me parlait moins. Elle ne prenait plus de mes nouvelles, semblait froide et distante”.
Pour Virginie, il est clair que quelque chose ne va pas. Un jour, elle décide de briser la glace. Son aînée lui avoue qu’elle n’accepte pas que Virginie soit tombée enceinte avant elle. “Je trouvais tout cela tellement stupide, nous dit Virginie. En fait, si les rôles avaient été inversés, je me serais réjouie pour elle, alors je ne comprenais vraiment pas sa réaction. J’ai essayé de discuter, mais cette jalousie était si forte qu’un jour, ma sœur a purement et simplement décidé de couper les ponts. Elle m’a dit qu’elle se sentait comme trahie de ne pas être la première à devenir maman, qu’elle trouvait cela injuste que sa cadette vive les joies de la maternité avant elle… et qu’elle ne voulait rien entendre de cet enfant qui allait arriver! J’ai été tellement choquée par ses propos que je n’ai pas su quoi lui répondre”.
“J’étais tellement triste que j’ai eu du mal à profiter”
Après le clash, Virginie passe un long moment à réfléchir à la situation: “Je me repassais les propos de ma sœur en boucle dans ma tête et je n’arrêtais pas de me demander pourquoi elle ne pouvait pas être heureuse pour moi. J’étais si triste et si déçue que j’ai pleuré pratiquement chaque jour de ma grossesse. Cette situation me rongeait littéralement”. L’absence de sa sœur est si difficile à vivre pour Virginie qu’elle éprouve beaucoup de difficultés à profiter pleinement: “Tout m’énervait: les symptômes, le poids, le ventre qui s’arrondit… Je voyais mon corps se transformer mois après mois et je détestais ça. À tel point que j’ai douté de vouloir vraiment être maman”.
Heureusement, la rencontre avec son bébé apaise Virginie, qui voit disparaître ses peurs et ses sentiments négatifs: “Ce que j’ai ressenti lorsque mon regard a croisé celui de mon fils pour la première fois a été si intense que j’avais l’impression que plus rien n’avait d’importance… Même plus la dispute avec ma sœur”. Un sentiment qui sera, hélas, de courte durée: “J’ai profité de ces moments hors du temps à la maternité, mais lorsque je suis revenue chez moi, la première personne à laquelle j’ai pensé était ma sœur. Et si je l’avais perdue pour toujours? Et si mon enfant ne connaissait jamais sa tante?”.
Si les rôles avaient été inversés, je me serais réjouie pour elle.
Une bouteille à la mer
Quelques mois après la naissance de son fils, Virginie décide d’en finir avec ces questions sans réponses et tente de renouer le lien: “Je lui ai envoyé un message et une photo de mon bébé. Certains m’ont dit que je n’avais pas à faire ça, que je n’avais rien fait de mal, mais faire ce premier pas était important pour moi. Je savais que je devais le faire pour ne rien avoir à me reprocher… Si je voulais tellement lui envoyer ce message, c’était surtout pour lui laisser une porte ouverte à la réconciliation et aussi pour lui permettre de connaître son neveu si elle le désirait. Un peu comme on jette une bouteille à la mer…”.
Une tentative de réconciliation vaine: les messages furent assez furtifs et malgré ses sollicitations, Virginie n’a eu que peu de nouvelles de son aînée. “J’ai appris bien plus tard, par le biais de ma maman, qu’elle avait beaucoup de mal à tomber enceinte. D’ailleurs, elle n’est toujours pas maman à ce jour”.
Faire le deuil d’une sœur complice
Pendant toutes ces années, Virginie est passée par beaucoup d’émotions: la tristesse, la colère, la déception, l’incompréhension… Mais pour avancer et mieux vivre sa maternité, elle a tenté d’accepter le fait que devenir maman ait mis à mal cette relation fraternelle. “Je mentirais si je vous disais que je n’espère pas secrètement qu’elle revienne vers moi le jour où, elle aussi, deviendra maman. Ceci dit, je sais que je dois faire mon chemin sans elle pour vivre ma vie et en profiter”.
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