Témoignage: “Le confinement m’a donné envie de passer plus de temps avec mes enfants”
C’est le cas de Julien (prénom d’emprunt), 39 ans, marié et père de deux enfants de 4 et 6 ans. Le confinement a été pour lui un électrochoc. Depuis, il a pris la décision de réorganiser son temps de travail afin d’être plus présent pour sa famille et s’occuper davantage de ses enfants. Il partage avec nous sa prise de conscience.
“J’ai compris que je n’étais pas assez présent pour ma femme et mes enfants”
“En tant que cadre commercial, on peut dire que j’ai une vie professionnelle très dynamique: je passe ma vie de réunions en rendez-vous, de visites commerciales aux soirées de networking… Autant vous dire que je suis beaucoup plus à l’extérieur que chez moi. Je rentre souvent tard et c’est donc surtout mon épouse qui s’occupe de gérer le quotidien de notre famille: les courses, le ménage, les enfants, etc. Mais je dois bien avouer que je n’ai jamais vu cela comme un problème. Cette vie professionnelle bien remplie, je la vis depuis toujours et ma femme a l’habitude que je sois très pris par mon travail. Et quand on a décidé de fonder une famille, je n’ai pas vraiment jugé opportun de changer ma manière de vivre… jusqu’à ce que l’on soit confiné.
Le confinement, un électrochoc
Lorsque le Conseil national de sécurité a annoncé le confinement, ça a un peu été la panique a bord pour moi: j’ai de suite cherché des solutions pour que mon travail soit le moins impacté possible, j’ai contacté mes clients pour répondre à leurs besoins spécifiques en cette période assez spéciale, je me suis aménagé un endroit pour télétravailler… Sans me soucier de la manière dont ma famille vivait tout ce quotidien chamboulé. Comme d’habitude, j’ai laissé ma femme gérer. Je ne suis pas très fier de le dire, mais ça ne m’est même pas venu à l’esprit en fait.
Je m’enfermais dans mon bureau de fortune, mais j’étais sans cesse sollicité par mes enfants. Pour eux, avoir papa à la maison toute la journée était aussi fabuleux que déroutant. Mais encore une fois, je les renvoyais toujours vers leur maman… Pourtant, elle aussi devait télétravailler. Certes à mi-temps, mais elle croulait elle aussi sous le boulot. Au début, elle ne disait rien, mais au bout de 3 ou 4 semaines, elle a littéralement pété un plomb. Elle était épuisée, fatiguée à force de gérer nos deux enfants – dont le suivi pédagogique de notre ainée – et m’en voulait terriblement de ne pas m’impliquer au quotidien. Sur le coup, je l’ai très mal pris et je lui ai dit que si je travaillais beaucoup, c’était pour que l’on soit bien, que l’on ait une vie confortable: que l’on vive dans une maison sympa, que l’on puisse partir en vacances, faire du sport, aller au resto, etc. On s’est beaucoup disputés, on a passé une semaine très difficile et elle m’a mis devant mon égoïsme en partant quelques jours chez sa sœur, pour respirer. Je me suis alors retrouvé seul avec mes deux enfants. J’ai vécu son quotidien… et ça a été un sacré électrochoc.
Les rôles inversés
Pendant près de 3 jours, j’ai été dans la peau de ma femme, à gérer l’organisation de notre famille confinée: les repas, les lessives, le télétravail, le ménage… Tout ça en m’occupant des enfants. Ces 72h furent aussi longues que révélatrices. Je me suis rendu compte que je ne connaissais pas mes enfants et qu’ils ne me connaissaient pas davantage. J’étais souvent incapable de trouver tel ou tel objet dans la maison, de leur préparer leur repas préféré, de savoir où était leur doudou, de lancer la machine à laver. Je me suis dit ‘merde, je suis en train de passer à côté d’eux, je ne suis même pas en mesure de les consoler’. Forcément, ils demandaient beaucoup après leur maman, et passaient beaucoup de temps avec elle au téléphone. Mais à côté de ça, j’ai passé de supers moments avec eux: on a joué, on a cuisiné ensemble, on a mis beaucoup de bazar aussi. Quand elle est rentrée à la maison, j’ai compris qu’il était urgent que les choses changent et que si je continuais sur cette voie, je risquais de passer à côté de ma famille. J’ai donc entrepris de revoir mes priorités et de réorganiser mon temps de travail.
Plus de temps pour eux
Depuis la mi-juin, mon entreprise a rouvert partiellement ses bureaux. J’y vais donc deux jours par semaine et je continue à télétravailler le reste du temps. Et s’il était question d’y retourner presqu’à temps plein en septembre, j’ai demandé à la direction de désormais télétravailler deux jours par semaine. Je sais que je ne suis pas le seul à avoir fait cette requête et avec le coronavirus, cela a été accepté. Pendant ces deux jours, je suis en charge de tout ce qui se passe dans notre famille: conduire les enfants à l’école, aller les rechercher, faire les courses, s’occuper des devoirs, du repas et de quelques tâches ménagères.
Pour l’instant, mon épouse télétravaille aussi, mais deux jours par semaine. Comme elle part trois jours au bureau, je m’occupe aussi beaucoup plus du quotidien. Je ne vais pas vous mentir, c’est un gros changement pour moi… Et je suis parfois plus fatigué que lorsque je travaille à l’extérieur. Mais à côté de ça, je vois mes enfants grandir, et comme je suis beaucoup plus présent, ils sont moins excités lorsque je suis à la maison. On peut dire que ce confinement a changé notre vie, mais j’ai l’impression que c’est pour un mieux”.
Plus de témoignages
- Témoignage: « Je ne veux pas d’enfant, et je me sens stigmatisée par ce choix »
- Témoignage: « Le confinement nous a donné envie de nous lancer dans l’instruction à domicile »
- Témoignage: « J’ai avorté avant d’avoir des enfants »
Pour ne rien manquer de nos conseils et actualités, suivez Mamans & Femmes d’Aujourd’hui sur Facebook, Instagram et Pinterest, et inscrivez-vous à notre newsletter. Sans oublier nos pages Femmes d’Aujourd’hui et Délices!