Témoignage: “Je suis hyperfertile et ça a empoisonné ma vie”
L’infertilité est une pathologie très connue et régulièrement médiatisée par des stars qui en souffrent. Véritable phénomène de société, on voit très souvent des parents infertiles partager dans les médias leur histoire et le chemin qu’ils ont parcouru (souvent semé d’embûches) pour concevoir un enfant.
Mais la stérilité n’est pas le seul problème qui peut handicaper la vie d’une femme, d’un homme ou encore d’un couple. Certes moins connue, l’hyperfertilité touche également beaucoup de femmes qui, souvent, n’osent pas en parler de peur d’être jugées par la société parfois très conservatrice en ce qui concerne la natalité. Aurélie a tenu à nous partager son expérience et faire sortir de l’ombre cette souffrance quotidienne.
La jeune trentenaine vit dans l’angoisse presque constante de tomber enceinte. Et pour cause, elle souffre d’hyperfertilité. De ses 20 à ses 30 ans, elle est tombée pas moins de sept fois enceinte.
Aurélie nous parle de son hyperfertilité
Après avoir eu un premier enfant désiré et vécu une grossesse sans embûches, la jeune maman reprend une contraception traditionnelle. Son gynécologue lui prescrit la pilule, puisque celle-ci lui convenait très bien avant sa grossesse. Mais très vite, Aurélie tombe enceinte. Une grossesse qui arrive bien trop rapidement pour la toute jeune maman, qui ne se sentait pas d’assumer deux enfants en bas-âge. “J’ai beaucoup réfléchi à la situation, mais très honnêtement, je ne voyais pas comment je pourrais assumer deux bébés. Mon compagnon faisait à ce moment-là des horaires assez compliqués, et l’idée de tout gérer de front seule me terrifiait. J’ai donc choisi de me faire avorter”, nous explique la jeune femme.
Le gynécologue parle de “faute à pas de chance” et lui dit de reprendre sa pilule. Mais quelques mois plus tard, Aurélie tombe de nouveau enceinte sous pilule. Très vite, elle perd l’enfant: “En une année, j’ai accouché, je suis tombée deux fois enceinte, j’ai avorté puis perdu un bébé. Je dois avouer que cela faisait beaucoup”. Une année plus tard, une troisième grossesse survient, et c’est alors qu’Aurélie commence à se poser des questions sur sa fertilité, puisqu’elle était tombée enceinte à deux reprises en prenant sa pilule de façon tout à fait régulière. Mais ce questionnement n’a pas été pris en compte par le corps médical. Elle décide de garder le bébé, et devient alors maman pour la deuxième fois, pour son plus grand bonheur.
La faute de la pilule?
Les médecins sont formels: la pilule ne lui convient pas. Son gynécologue lui propose alors de se faire poser un stérilet, ce qu’Aurélie accepte. “Très honnêtement, mon seul but à ce moment-là était de trouver une contraception qui fonctionne. Je n’en pouvais plus de vivre dans cette angoisse constante de tomber enceinte. Je n’osais même plus avoir de relation avec le papa de mes enfants, de peur d’une grossesse potentielle”.
Alors que le stérilet semblait faire ses preuves, Aurélie découvre qu’elle est à nouveau enceinte. Elle n’en peut plus et décide, à nouveau, de pratiquer une IVG pour cette grossesse non-désirée, couplée à la mise en place d’un implant contraceptif. Mais le calvaire d’Aurélie n’est pas terminé, puisqu’elle fera deux fausses couches en deux ans, alors même qu’elle ignorait être enceinte, et re-tombera enceinte quelques mois plus tard. Une grossesse qu’elle décidera avec son mari de mener à terme.
3 enfants, 3 fausses couches et 2 IVG avant 30 ans
Alors qu’elle est âgée d’à peine 30 ans, Aurélie a vécu trois grossesses à terme, trois fausses couches et deux IVG. Une angoisse profonde s’installe chez la maman, qui vit dans la peur de tomber à nouveau enceinte. “C’est comme si mon corps ne m’appartenait pas, comme si je n’arrivais pas à le contrôler. Et tous ces rebondissements m’angoissaient autant qu’ils me fatiguaient. Vivre en montée et descente d’hormones de grossesse presqu’en permanence, vivre des fausses couches, assumer les IVG… Je n’en pouvais littéralement plus”, nous partage la jeune femme. Elle prendra finalement la décision de se faire ligaturer les trompes, après avoir dû batailler avec son gynécologue.
L’hyperfertilité, un sujet tabou
Depuis, Aurélie n’est plus retombée enceinte, mais ne sort pas indemne de ces expériences. “Quand je parle de mon hyperfertilité et de la souffrance que cela a pu engendrer, les gens – et même les médecins- ne me prennent clairement pas au sérieux. On me dit souvent ‘oui mais toi au moins, tu peux avoir des enfants, tu devrais mesurer ta chance’. Alors bien entendu, j’aime mes enfants et je me sens chanceuse de les avoir, mais cela n’a jamais été mon projet de vie de tomber enceinte sept fois. Je ressens ça comme une injustice profonde, je suis incomprise de la part des gens, et non reconnue dans ma souffrance de ses grossesses non-désirées à répétition”.
Si ce genre de témoignages ne sont pas légion, Aurélie est pourtant loin d’être la seule femme à vivre cela. Actuellement, la médecine n’a pas encore prouvé l’existence concrète de l’hyperfertilité. Sur Internet, certaines femmes telle qu’Aurélie osent petit à petit partager leur expérience à ce sujet.
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