Témoignage: “Je ne prends plus mon pied sans sextoy”
Manon* a découvert les sextoys grâce à un amant assez ouvert sexuellement. Souci: depuis, elle ne parvient plus à prendre son pied qu’à l’aide de jouets érotiques. Elle nous raconte.
Les sextoys sont considérés par beaucoup comme une révolution du plaisir féminin. Il suffit de voir l’explosion des ventes des jouets érotiques depuis 2020 pour comprendre à quel point les femmes sont résolues à prendre soin de leur bien-être sexuel. Et si les gadgets peuvent effectivement nous conduire au septième ciel, certaines femmes y deviennent parfois accros… Tellement qu’elles n’arrivent plus à jouir sans l’aide de ces partenaires vibrants. C’est le cas de Manon, 36 ans.
Une libération pour certaines, une prison pour Manon
Avant de découvrir les sextoys, Manon n’avait jamais eu d’orgasme: “Je prenais beaucoup de plaisir pendant des moments intimes, mais jamais je n’avais pu jouir… Comme si quelque chose était bloqué en moi. Plus tard, j’ai découvert que ce que j’avais s’appelait l’anorgasmie, soit l’incapacité à atteindre l’orgasme, dont la cause venait chez moi de blocages émotionnels”. Mais en 2018, Manon fait une rencontre qui l’amène à la jouissance: “J’ai rencontré un homme assez ‘porté cul’ comme on dit, qui en connaissait un rayon sur l’anatomie féminine et la manière d’amener les femmes au plaisir. On est restés quelque temps ensemble… Assez pour qu’il m’initie aux jouets érotiques, qui m’ont vraiment permis de connaître mon premier orgasme”. Grisée par cette découverte, Manon explore sa sexualité avec son partenaire de l’époque, toujours accompagnée de gadgets: “Découvrir la jouissance a été une vraie révélation, alors je me suis pas mal amusée”.
Moins d’un an plus tard, la jeune femme quitte son partenaire. Elle continue d’explorer ces nouvelles sensations à l’aide de sextoys, mais cette fois, en solo. “Petit à petit, je me suis fait une collection, avec laquelle je prenais beaucoup de plaisir”.
Des expériences sexuelles décevantes
Manon finit par flirter avec un autre homme, avec qui elle envisage de passer la nuit. Une nuit qui fut synonyme de grande déception pour la jeune femme: “Cet homme était adorable, doux, prévenant et respectueux, mais au lit, c’était une cata. Je n’ai rien ressenti ou du moins peu. J’ai pensé qu’il n’était pas très doué au lit, ce qui arrive… Mais après avoir vécu trois autres expériences similaires, j’ai commencé par me demander si ma vision du plaisir n’avait pas changé”.
Le corps devient paresseux
Pleine d’interrogations, la jeune femme décide de consulter: “Le sexologue que j’ai vu m’a expliqué que bien que les sextoys aident beaucoup de femmes à se libérer sexuellement, il arrivait parfois que leur utilisation rende le corps paresseux: notre seuil de sensibilité devient plus élevé, de telle manière qu’on devient assez peu réceptif aux caresses ‘naturelles’, plus douces et moins stimulantes que celles des sextoys”.
Une révélation qui est un choc pour Manon: “Je me suis dit ‘Merde, avant je ne jouissais pas, mais j’avais quand même du plaisir dans les bras d’un homme’ alors qu’aujourd’hui, je connais l’orgasme, mais je suis devenue trop peu sensible pour avoir du plaisir naturellement. Je me suis sentie un peu nulle pour le coup”.
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Déconstruire et recommencer
Depuis, Manon a entamé un travail de déconstruction: “Mon anorgasmie vient d’un blocage émotionnel que je n’avais pas pris le temps de traiter. Et si mon amant et moi avons cru la situation débloquée par l’utilisation de sextoys, le problème est toujours bien là. Aujourd’hui, je suis célibataire et j’ai décidé de prendre soin de moi et de ma santé sexuelle à l’aide d’une thérapie”.
Mon anorgasmie vient d’un blocage émotionnel que je n’avais pas pris le temps de traiter
Petit à petit, la jeune femme apprend à reprendre possession de son corps et de ses sensations. “Mon thérapeute et moi travaillons ce blocage. Individuellement, j’apprends à lâcher prise par le yoga, la sophrologie et la pleine conscience. J’ai aussi des exercices de masturbation pour réapprendre à ressentir des sensations, sans stimulation mécanique. Petit à petit, je reprends ma sexualité en main”.
*Prénom d’emprunt
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