Vaginisme, endométriose, infections: faire l’amour me fait mal
Les rapports sexuels, pour certaines, sont loin d’être une partie de plaisir! Pathologies, blocages: les causes peuvent être multiples. Et aborder le sujet avec sa ou son partenaire n’est pas facile. La bonne nouvelle, c’est que des solutions existent.
De nombreuses femmes ressentent des douleurs pendant les rapports. On parle de dyspareunies d’intromission (à la pénétration, à l’entrée du vagin) ou de dyspareunies profondes (à l’intérieur, quand le pénis atteint le col). Décryptage des causes les plus fréquentes de douleurs pendant l’amour.
Pour traverser en douceur la (péri)ménopause, consultez notre dossier sur le sujet.
1. La sécheresse vaginale
La sécheresse vaginale est une des plus grandes causes de douleurs pendant les rapports. L’inconfort peut aussi se manifester tout au long de la journée. Les sensations de brûlure, les démangeaisons, les pincements… sont parfois si forts qu’ils peuvent impacter les activités quotidiennes et le sommeil. Les causes sont multiples: modifications hormonales lors de la ménopause, grossesse, utilisation de produits d’hygiène intime non adaptés, médicaments (contraceptifs, anticancéreux, antidépresseurs), maladies (diabètes, dépression, cancer), stress, fatigue, tabac…
L’avis des experts
“Ne faites pas l’impasse sur les préliminaires: toutes les caresses plaisantes stimulent la lubrification naturelle. En cas de sécheresse, les lubrifiants sont de bons coups de pouce. Le dialogue avec le ou la partenaire est aussi essentiel. N’hésitez pas à lui expliquer ce qui vous plaît ou pas! La sexualité ne se limite pas à la pénétration. Faire l’amour est un tout: du désir aux caresses, en passant par les papillons dans le ventre, les sensations de plaisir et de satisfaction”, explique la sexologue Alexandra Hubin. “À l’entrée du vagin, il existe des glandes censées humidifier la zone. Après la ménopause, suite à une radiothérapie ou à cause d’un manque d’œstrogènes, la sécheresse peut s’installer car ces glandes sont moins actives. Pour régler le problème, je conseille des lubrifiants à base d’acide hyaluronique. Pensez aux unidoses, faciles à emporter. Si la cause est hormonale et la sécheresse intense, je prescris parfois des crèmes à base d’hormones à appliquer deux fois par semaine”, indique la gynécologue Zoé Evrard.
2. Les infections
Une mycose vaginale peut se manifester par de multiples symptômes: pertes blanches épaisses, démangeaisons, brûlures, gonflement, rougeur de la vulve… Certaines femmes peuvent également ressentir des douleurs lors de la pénétration ou de la miction (action d’uriner).
L’avis de l’expert
“Le vagin contient des bactéries qui vivent en équilibre tant que le pH vaginal est stable. Certains facteurs (antibiotiques, hygiène excessive, ménopause…) peuvent le perturber. Nos bactéries protectrices, les lactobacilles, diminuent alors en nombre et le candida (levure responsable de la mycose) prolifère. On traite les mycoses vaginales grâce à des antifongiques, bien souvent locaux (crèmes ou ovules). En cas de mycose à répétition, je conseille à mes patientes de prendre des probiotiques: il s’agit de capsules contenant les nutriments essentiels pour maintenir une colonie saine de bactéries dans le vagin. Par ailleurs, il faut savoir que ce dernier, bien que protégé par son milieu naturellement acide, n’est pas à l’abri d’autres infections. Si vous constatez des pertes verdâtres ou blanchâtres, une odeur de poisson, des douleurs pendant ou en dehors des rapports, une fièvre, des douleurs abdominales ou urinaires, il faut consulter”, précise Zoé Evrard.
3. Le vaginisme
Le vaginisme est un processus psychophysiologique qui empêche toute pénétration vaginale. Il est dû à la contraction musculaire, involontaire et incontrôlable, prolongée ou récurrente, des muscles du plancher pelvien qui entourent l’entrée du vagin. Les causes peuvent être physiologiques ou pathologiques. Certaines femmes souffriront de vaginisme après un accouchement, d’autres à cause d’une peur enfouie, d’un trauma ou d’un problème de lubrification. Les conséquences ont un sérieux impact sur la qualité de vie: vives douleurs, peur de la pénétration, sentiment de honte vis-à-vis du conjoint…
L’avis de l’expert
“Si vous souffrez de vaginisme, une chose est sûre, il ne faut surtout pas forcer le passage. Prenez l’exemple de l’avion, si vous en avez une peur bleue, le fait de se forcer n’arrangera pas le problème. Vous sentirez l’angoisse monter, vous aurez envie de vomir… On conseille d’y aller progressivement: s’imaginer prendre l’avion, tester un simulateur de vol, monter dans un avion sans décoller. Pour le vaginisme, c’est la même chose. Il faut y aller petit à petit, s’exposer progressivement à l’élément anxiogène et (ré)apprendre à apprécier le moment. Toutes les femmes peuvent rencontrer des soucis dans leur vie sexuelle. Des spécialistes vous aideront à trouver des solutions. Mon conseil? Parlez-en à une personne avec qui vous vous sentez à l’aise. La douleur ou la peur d’avoir mal n’est pas une fatalité”, rassure Alexandra Hubin.
4. L’endométriose
L’endométriose est une maladie complexe qui résulte de la présence de la muqueuse de l’utérus (endomètre) en dehors de la cavité utérine. Les symptômes sont multiples et variables: douleurs pelviennes chroniques ou ponctuelles, douleurs au niveau des lombaires, des cuisses, lors des rapports sexuels, des règles, de la défécation, fatigue chronique, troubles digestifs…
L’avis de l’expert
Zoé Evrard: “L’endométriose touche 20% des femmes mais reste sous-diagnostiquée. Nombre d’entre elles banalisent les douleurs car depuis qu’elles sont ados, on leur dit que ‘c’est normal d’avoir mal quand on est une femme’. Les symptômes qui doivent l’évoquer sont les douleurs cycliques invalidantes non soulagées par la prise de contraceptif, les rectorragies menstruelles (sang associé aux selles pendant les menstruations), les cystites menstruelles, l’infertilité et les douleurs lors des rapports. Certaines endométrioses sont contrôlées par la prise d’un contraceptif en continu, pour d’autres, plus sévères, il faudra passer par la chirurgie”. Tout ceci est évidemment à discuter avec un gynécologue spécialisé et bien à l’écoute.
5. Les douleurs vulvaires
La vulvodynie est un inconfort, une douleur, localisée ou diffuse, au niveau de la vulve sans lésion particulière. La vestibulite vulvaire est l’inflammation de la zone située à l’entrée de la cavité vaginale. De nombreuses causes peuvent expliquer cette pathologie: infection, antibiothérapie, choc affectif, dépression, accouchement récent, épisiotomie, règles, allergie, surmenage…
L’avis de l’expert
“La zone intime, liée au plaisir, est ici liée à la douleur. Si les causes pathologiques ont été écartées, une stratégie peut être mise en place pour se réapproprier les moments intimes. Le principe de base? Éviter la douleur… et surtout ne pas culpabiliser. Il faudra pour cela être à l’écoute de son corps et adapter son moment d’intimité sexuelle. Prendre le temps de se connecter à l’autre, à soi et à sa sexualité en utilisant, par exemple, nos cinq sens: quelle odeur a-t-il? Quel goût? Cette partie du corps est-elle douce?… Cette prise de temps offre au corps la possibilité de réagir, amène détente, lubrification, excitation…”, suggère Alexandra Hubin.
6. Les lésions dermatologiques
Herpès, condylomes, lichen… La peau, berceau des sensations, peut être la cause de douleurs lors des rapports si elle présente des lésions. Certaines pathologies cutanées sont contagieuses et peuvent être impliquées dans des douleurs lors des rapports. Si vous observez des lésions, des ulcérations ou des excroissances au niveau de vos lèvres, de votre vulve, de votre anus ou sur le sexe de votre partenaire, consultez.
L’avis de l’expert
“Une lésion vulvaire douloureuse fait souvent penser à un herpès, une infection virale sexuellement transmissible (en présence de lésions). Le virus se logera ensuite dans un nerf et se manifestera de manière épisodique (périodes de stress, de fatigue, pendant la grossesse). Mais il y a d’autres causes de lésions au niveau périnéal: infections (HIV, HPV…), syphilis, maladies auto-immunes, médicaments… Si vous avez plus de 50 ans et que vous présentez une lésion ulcérée sur les organes gynécologiques externes, il est conseillé de consulter pour exclure une lésion précancéreuse”, conclut Zoé Evrard.
Texte: Charlotte Constenoble (leblogsante.be)
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