Mon ado regarde du porno: 3 conseils utiles
Vous avez surpris votre adolescent en train de regarder des vidéos pornographiques? Vous avez remarqué dans son historique qu’il surfait régulièrement sur des sites X, et cela vous inquiète? Une experte nous explique quelle attitude adopter.
Selon les chiffres de l’Ifop, 85% des adolescents de plus de 14 ans ont déjà vu du porno. Et à l’heure où les jeunes sont hyper-connectés, il est d’autant plus facile pour eux d’y avoir accès. Ce genre de vidéos peut pourtant avoir un impact important sur la vision qu’ils auront de la sexualité. Faut-il pour autant l’interdire? Marie Tapernoux, sexologue dans le Brabant wallon, nous propose une approche bien différente.
Surtout, ne pas interdire
Selon la sexologue, il est contre-productif d’interdire à un adolescent de regarder du porno, cela risque d’attiser davantage son envie. “Aujourd’hui, les jeunes ont un accès si facile à la pornographie qu’il est juste impossible de l’interdire: Internet en regorge et les adolescents peuvent facilement aller voir du porno grâce à leur ordinateur, tablette ou smartphone, seul(e) ou avec des ami(e)s. En fait, ce n’est souvent qu’une question de temps avant qu’ils soient face à ce genre de vidéos, que ce soit accidentellement ou de manière intentionnelle”. Il est inutile de s’énerver et de le réprimander parce qu’il a vu du porno, et encore moins de diaboliser ce genre de contenus. En faisant ça, vous coupez toute communication et vous risquez qu’il se cache davantage pour en regarder”.
Si vous vous rendez compte que votre enfant a eu accès à du porno, la sexologue vous conseille plutôt d’avoir une discussion avec lui, afin de lui expliquer que ce qu’il a vu sur son écran n’est pas la réalité. “Lorsque je passe dans les écoles afin de faire des intervention d’éducation à la sexualité, j’aborde toujours le sujet du porno en expliquant aux jeunes que, si dans un film de guerre, on sait que les acteurs ne sont pas vraiment morts, il est important de comprendre que dans un film pornographique, les acteurs ne prennent pas vraiment du plaisir. Ce que l’on voit est avant tout de la performance, un acte sexuel se passe différemment dans la vraie vie”.
Lui faire prendre du recul sur ce qu’il a vu
En tenant ce genre de discours, vous faites comprendre à votre adolescent que ce qu’il a visionné n’est en rien la réalité et qu’un rapport sexuel consenti entre deux personnes n’est pas aussi sportif. Que faire l’amour est surtout une question de sentiments, de sensualité, mais aussi et surtout de consentement. “Il faut bien avouer que la plupart des films pornographiques sont une véritable catastrophe en matière de consentement et de respect de la femme, poursuit Marie Tapernoux. On y voit des actrices obligées de faire une fellation ou poussées à se faire pénétrer par plusieurs partenaires. Imaginez si vos enfants, qui n’ont probablement jamais eu de vraies relations sexuelles, pensent que ce qu’il ont vu est ce qu’il se passe vraiment dans l’intimité d’un couple… Cela peut être destructeur! Sans expérience, ils n’ont pas le recul nécessaire pour comprendre que ce n’est ni plus moins que de la fiction. Le rôle du parent est surtout de décrypter et d’aider l’adolescent à comprendre cela”.
Que faire si le parent ou l’adolescent refuse d’en parler?
Il peut arriver que l’on ne soit pas à l’aise avec l’idée de parler de sexualité ou de pornographie avec son enfant. Mais selon la thérapeute, faire l’autruche peut être dangereux: “Faire comme si de rien n’était peut sembler confortable, mais cela va induire l’enfant en erreur sur ce qu’est vraiment la sexualité. Si le parent ne se sent pas à même d’en parler, alors je conseille de ‘mandater’ une personne extérieure et de confiance: une marraine, un tonton, un très bon ami de la famille… avec qui l’ado se sent bien et peut communiquer. Il est aussi possible de prendre rendez-vous avec un(e) spécialiste au sein d’un planning familial. C’est leur rôle et ils font ça avec beaucoup de tact et de bienveillance”.
Par contre, si c’est l’adolescent qui coupe la communication à ce sujet, il est préférable de ne pas l’obliger à en parler, tout en lui précisant que l’on reste disponible, si – et quand – il le souhaite. “L’adolescent, confronté à ses parents ayant découvert qu’il a visionné du porno, peut avoir une réaction de rejet. C’est assez normal, et surtout, cela ne veut pas dire qu’il ne voudra jamais en discuter. L’important est de se montrer ouvert d’esprit, disponible et sans jugement. Parce qu’un ado qui se sent jugé par son ou ses parents n’aura pas envie de partager avec eux”, précise Marie Tapernoux.
Quel impact du porno sur la vie de l’adolescent?
Outre la construction erronée de la sexualité et la vision très stéréotypée de la femme, certains adolescents peuvent déclarer une addiction au porno. “Ces films, où l’on voit pas mal de gros plans pour le moins explicites, sont très excitants, en particulier pour les garçons”, nous dit la spécialiste. À force d’en visionner, certains jeunes peuvent déclarer une addiction au porno et/ou à la masturbation.
Quand parler d’addiction?
La sexologue temporise ceci dit: “On parle d’addiction lorsque l’on consomme du porno au moins une heure par jour pendant minimum 6 mois. Pas avant. Au-delà de ça, il faut effectivement commencer à s’inquiéter… Parce que ce genre d’addiction peut être très destructeur pour un futur adulte. Certains sont tellement accros qu’ils vont s’absenter des cours ou du travail pour visionner du porno et se masturber, d’autres vont dépenser énormément d’argent sur des sites coquins, etc. Si vous remarquez que votre adolescent tombe dans la dépendance, il est important de consulter un(e) sexologue”.
3 conseils utiles
- On garde l’œil ouvert: on observe les signes qui peuvent mettre la puce à l’oreille, sans pour autant rentrer dans la psychose.
- On interdit tablette, ordinateur et smartphone le soir dans la chambre: s’il semble aujourd’hui impossible d’interdire l’accès à la pornographie tant elle est partout sur Internet, les ados en visionnent surtout le soir. Interdire l’accès aux appareils connectés après une certaine heure (l’heure du coucher) limitera les risques.
- On met un contrôle parental sur les appareils connectés: pour avoir une vue sur les sites visionnés par l’adolescent et lui restreindre automatiquement l’accès à certains contenus et/ou médias.
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