
Mon ado regarde du porno: 3 conseils utiles
Vous avez surpris votre adolescent(e) en train de regarder des vidéos pornographiques? Vous avez remarqué dans son historique qu’il ou elle surfe régulièrement sur des sites X, et cela vous inquiète? Une sexologue nous dit quelle attitude adopter.
À l’ère du numérique, l’accès à la pornographie est plus simple que jamais pour les jeunes. En quelques clics, ils peuvent visionner du contenu explicite. Selon une étude de l’Arcom publiée en 2023, plus de 50 % des garçons de 12 ans consultent des sites pornographiques chaque mois. Ce chiffre grimpe à 66 % chez les 16-17 ans. Par ailleurs, 12 % de l’audience des sites X est composée de mineurs, filles et garçons confondus.
Ce genre de vidéos peut pourtant avoir un impact pernicieux sur la vision que les ados auront de la sexualité. Faut-il pour autant l’interdire? Marie Tapernoux, sexologue, nous propose une approche bien différente.
Surtout, ne pas interdire
Selon la sexologue, il serait contre-productif d’interdire à un adolescent de regarder du porno, au risque d’attiser davantage son envie. “Aujourd’hui, les jeunes ont un accès si facile à la pornographie qu’il est juste impossible de l’interdire. Internet en regorge et les adolescents peuvent facilement voir du porno grâce à leur ordinateur, tablette ou smartphone, seul(e) ou avec des ami(e)s. En fait, ce n’est souvent qu’une question de temps avant qu’ils ne soient confrontés à ce genre de contenu, que ce soit accidentellement ou de manière intentionnelle”.
Lorsqu’un parent découvre que son adolescent regarde du contenu pornographique, la réaction instinctive peut être de le réprimander. Pourtant, interdire ou diaboliser la pornographie risque de couper la communication et d’inciter l’ado à se cacher.
Dans un film de guerre, on sait que les acteurs ne sont pas vraiment morts. Dans un film porno, que les acteurs ne prennent pas vraiment de plaisir…
“Ouvrez le dialogue”, recommande Marie Tapernoux: “Il est essentiel d’expliquer à son enfant que les films pornographiques ne reflètent pas la réalité. Ce qu’il voit à l’écran est une mise en scène, souvent éloignée des relations intimes réelles. Une discussion bienveillante permet d’éviter les fausses croyances sur la sexualité et de renforcer une éducation affective et sexuelle saine”.
Elle poursuit: “Lorsque je passe dans les écoles afin de faire des interventions d’éducation à la sexualité, j’aborde toujours le sujet du porno en expliquant aux jeunes que, si dans un film de guerre, on sait que les acteurs ne sont pas vraiment morts, il est important de comprendre que dans un film porno, les acteurs ne prennent pas vraiment de plaisir. Ce que l’on voit est avant tout une performance; un acte sexuel se déroule différemment dans la vraie vie”.
Pas “la vraie vie”
Avec un discours adapté à l’âge et la maturité, vous pouvez aider votre adolescent à prendre du recul sur la pornographie. Et lui faire comprendre qu’un rapport sexuel consenti est bien différent des mises en scène exagérées de la fiction, que faire l’amour ne se résume pas à une performance physique, mais que l’acte repose sur la sensualité et sur le consentement.
“La plupart des films pornographiques sont une véritable catastrophe en matière de consentement et de respect de la femme, développe Marie Tapernoux. On y voit des actrices obligées de faire une fellation ou poussées à se faire pénétrer par plusieurs partenaires. Imaginez si vos enfants, qui n’ont probablement jamais eu de vraies relations sexuelles, pensent que ce qu’ils ont vu est ce qui se passe dans l’intimité d’un couple… Le rôle du parent est surtout de décrypter et d’aider l’adolescent à comprendre cela”.
Et si le dialogue est impossible?
Il peut arriver que l’on ne soit pas à l’aise avec l’idée de parler de sexualité et/ou de pornographie avec son enfant, mais selon la thérapeute, faire l’autruche peut être dangereux: “Faire comme si de rien n’était peut sembler confortable, mais cela induira l’enfant en erreur sur ce qu’est vraiment la sexualité. Si le parent ne se sent pas à même d’en parler, alors je conseille de ‘mandater’ une personne extérieure et de confiance comme une marraine, un très bon ami… avec qui l’ado se sent bien et a l’habitude de communiquer. Il est aussi possible de prendre rendez-vous avec un(e) spécialiste au sein d’un planning familial. C’est leur rôle et ils font ça avec beaucoup de tact et de bienveillance”.
L’important est de se montrer ouvert d’esprit, disponible, sans jugement
Par contre, si c’est l’adolescent qui évite la discussion, il est essentiel de ne pas le forcer. Lui laisser de l’espace, tout en lui faisant savoir que vous êtes disponible est une approche plus efficace. “L’adolescent, confronté par ses parents, peut avoir une réaction de rejet. C’est normal, et surtout, cela ne veut pas dire qu’il ne voudra jamais en discuter. L’important est de se montrer ouvert d’esprit, disponible, sans jugement. Parce qu’un ado qui se sent jugé n’aura plus envie de partager”.
Quand parler d’addiction?
Outre le risque d’une vision déformée de la sexualité et de la perpétuation de stéréotypes sur le rôle des femmes, les adolescents peuvent être exposés à une dépendance au porno. “Ces films, où l’on voit pas mal de gros plans pour le moins explicites, sont très excitants, en particulier pour les garçons, nous dit la spécialiste. À force d’en visionner, certains jeunes peuvent déclarer une addiction au porno et/ou à la masturbation”.
Pas de panique, cependant: “On parle d’addiction lorsqu’on consomme du porno au moins 1 heure par jour pendant minimum 6 mois, pas avant. Au-delà de ça, il faut effectivement s’inquiéter parce que ce genre d’addiction peut détruire l’ado et l’adulte. Certains profils sont tellement accros qu’ils s’absentent des cours/du travail pour visionner du porno et se masturber, d’autres dépensent énormément d’argent sur des sites X. Si vous remarquez que votre adolescent développe une dépendance, il est important de consulter”.
3 conseils utiles
– On ouvre l’œil. On observe les signes qui peuvent mettre la puce à l’oreille.
– On interdit les écrans le soir, dans la chambre. S’il semble impossible d’interdire l’accès à la pornographie tant elle est partout sur Internet, les ados en visionnent surtout le soir. Interdire l’accès aux appareils connectés après une certaine heure limite les risques.
– On met un contrôle parental sur les appareils. Pour avoir une vue sur les sites visionnés par l’adolescent et lui restreindre automatiquement l’accès à certains contenus et/ou médias.
Vous aimerez aussi:
Recettes, mode, déco, sexo, astro: suivez nos actus sur Facebook et Instagram. En exclu: nos derniers articles via mail.