© Iota Production

“Mon nom est clitoris”, meilleur documentaire des Magritte 2020, disponible sur Auvio

Par Justine Leupe

Mon nom est clitoris parle de plaisir féminin, sans tabou, mais avec gêne parfois. Parce que depuis toujours la sexualité des femmes est mise de côté, à tel point que l’anatomie féminine est loin d’être connue de tous. Ce documentaire met en avant les manquements au niveau social, politique et culturel face à ce sujet. À qui la faute? À notre société, trop longtemps, régie par un système patriarcal…

Le documentaire Mon nom est clitoris interroge des intervenantes, ayant entre 20 et 25 ans, sur leur sexualité. Comment elles la vivent ou l’ont vécue jusqu’ici. Les mots et métaphores pour en parler sont simples ou pas, drôles ou un peu moins, mais toujours criantes de vérité. Chaque spectatrice se reconnaîtra et c’est pour cela qu’on a adoré.

À la tête de ce projet, deux réalisatrices: Lisa Billuart-Monet et Daphné Leblond. Nous avons pu discuter avec cette dernière (à gauche sur la photo) pour en connaître davantage sur ce documentaire primé aux Magritte du cinéma le 1er février dernier.

© Zoé Piret

Les prémices de ce documentaire

Tout a commencé il y a quatre ans, Lisa et Daphné se rencontrent à l’INSAS (l’Institut Supérieur des Arts) de Bruxelles. Les deux amies décident de partir en voyage ensemble, lors de la première année de leur cursus. Au détour d’une conversation, elles commencent à parler du tabou de la masturbation, de la pénétration hétérosexuelle… “C’est la première fois qu’on en discutait à deux, pour Lisa c’était même la première fois qu’elle évoquait ce sujet. Nous avons quatre ans de différence, elle est plus jeune que moi. Cette discussion était super longue et à la fin Lisa m’a dit ‘il faut faire un film’. Pour ce qui était du contenu et du fond, on était sûres de nous”, explique Daphné.

Quatre ans plus tard, ce docu est aux Magritte

“Durant notre deuxième année, on a posé toutes nos idées par écrit et en fin d’année, nous avons tourné nos premières images”. Les deux réalisatrices se sont intéressées au sujet, se sont renseignées et ont affiné leur position face à ce tabou. “Nous avons tourné pendant l’été 2016 et en septembre 2018, la post-production était finie”. S’en suit une année de recherche de financements et ensuite de distribution. “On a fait toutes les démarches pour que le documentaire soit diffusé durant des festivals”. Tout cela prend du temps et est parfois décourageant, mais le documentaire, petit à petit, fait sa place parmi les grands. Il a d’ailleurs été récompensé du prix du “Meilleur documentaire” aux Magritte du cinéma 2020. “On ne s’est pas du tout dit que ça aurait ce résultat et que cela prendrait une telle ampleur”.

Au début, on leur a parlé d’une figuration dans la liste des films pré-sélectionnés aux Magritte. “Nous étions déjà super contentes. On savait que d’un point de vue cinématographique, nous aurions pu faire beaucoup mieux. Du coup, on ne voulait pas aller trop loin car on allait avoir honte à la fin (rires). Nous étions vraiment convaincues que ça ne passerait pas donc nos esprits étaient légers. Mais être dans les quatre derniers documentaires, c’était plus qu’une surprise”. Et de gagner aussi évidemment!

“Mon nom est clitoris”, ça parle de quoi?

Ce film parle du plaisir féminin dans son ensemble, de la découverte de ce dernier jusqu’à la sexualité quotidienne des femmes. Le tout dans une ambiance plus ou moins décontractée. “Ce qu’on aimait bien, c’est que le film soit proche de la confidence. Finalement, ce discours est très banal, ces conversations intimes, on en a toutes eues. Mais nous voulions vraiment reconstruire un dialogue parfois absent, qui arrive trop tardivement ou qui est peu (ou pas du tout) évoqué”.

Ce documentaire raconte les expériences mais aussi les obstacles qu’ont rencontrés ou rencontrent toujours des jeunes filles, concernant leur sexualité au sens large. “Nous avons essayé de respecter la diversité des goûts et des pratiques sexuelles. Après, c’est vrai que les intervenantes viennent toutes de la classe moyenne, elles ont fait des études supérieures et pourtant, elles ont un parcours sexuel différent. Sauf idéologiquement, la masturbation a toujours été quelque chose de mal et de tabou”.

© Mon nom est clitoris

Une réalisation avant #MeToo

Les prémices de Mon nom est clitoris ont lieu en 2016, avant la révolution #MeToo qui débute à l’automne 2017. Depuis, le clitoris a fait son petit bout de chemin. “Beaucoup de travaux au niveau de la visualisation du clitoris ont eu lieu. Tout cela a bien évolué depuis trois ans”. Et c’est tant mieux!

Aujourd’hui, les langues se délient quant au plaisir féminin, mais en 2016 ce n’était pas pareil. Quand Lisa et Daphné demandent à leurs amies de témoigner à visage découvert sur ce sujet tellement peu évoqué, certaines sont réticentes. “On ne voulait pas que les filles acceptent et puis finalement retirent leur consentement plusieurs années après le tournage. J’ai une amie qui, dans un premier temps, ne voulait pas répondre à visage découvert. Mais en voyant les interviews des autres, elle a finalement changé d’avis. Certaines ont eu besoin de temps. On a vraiment voulu forcer personne. Évidemment, c’était plus simple de dire ‘oui’ sans savoir que le documentaire et leurs interventions allaient passer aux Magritte”, explique en souriant Daphné. “Mais finalement tout s’est fait assez naturellement. Une solidarité et un esprit de groupe se sont mis en place. Si on avait eu à les convaincre, éthiquement, cela ne nous aurait pas plu”.

Des retours positifs

Malgré un sujet qui peut faire parler, les retours négatifs sont assez peu nombreux. Certains articles de presse qui parlent du documentaire ont été victimes de “grosses blagues pourries, certains trouvent que les filles se prennent pour des héroïnes, d’autres pensent ‘qu’on parle que de ça’, mais ce sont souvent des gens qui n’ont pas vu le film”. Et le cyber-harcèlement n’est malheureusement jamais très loin lorsqu’on parle de sexualité…

Sinon, dans l’ensemble, les retours sont positifs et le documentaire est bien accueilli lors des projections. “C’est un sujet qui n’a jamais été abordé à cet âge-là (20-25 ans)”.

© Mon nom est clitoris

Et la suite?

“Lors des débats d’après projection, quatre fois sur six environ, on nous demandait pourquoi nous n’avions pas abordé le sujet avec des personnes plus âgées. C’est un parti pris, on n’a voulu centrer ce documentaire sur de jeunes intervenantes”. Mais ces réflexions leur ont donné des idées pour la suite… “Ça pourrait donner Mon nom est clitoris à 65 ans et plus. Il y a aussi un manque d’information chez les femmes plus âgées concernant ce sujet. Notamment après la ménopause, le corps a subi beaucoup de changements, le sexe des femmes a souvent vécu un ou plusieurs accouchements… C’est aussi très tabou”.

Pourquoi on a aimé ce documentaire?

Mon nom est clitoris est un documentaire sans chichi, emprunt de naturel et qui permet à toutes les filles de se rendre compte que les questions qu’elles se posent ou qu’elles se sont posées à un moment de leur vie, sont présentes chez d’autres femmes. Lors de la projection, on écoute, on apprend et puis on rit aussi, beaucoup. Bien que les séances de diffusions sont souvent peuplées de visages féminins, les hommes devraient eux aussi s’y intéresser, pour le plus grand bien de tous.

Envie de voir ce documentaire tout en restant chez vous? C’est désormais possible. Mon nom est clitoris est disponible gratuitement sur Auvio, la plateforme de diffusion de la RTBF. C’est ici que ça se passe!

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