vie sexuelle hors norme
Le passé est tout personnel et ne concerne donc que nous… © Ольга Солодилова/Pexels

J’ai eu une vie intime hors norme, dois-je en parler à mon conjoint?

Par Tatiana Czerepaniak

On dit souvent qu’un couple sain communique beaucoup et sur tout. Mais doit-on pour autant évoquer à un(e) nouveau/nouvelle partenaire une précédente vie sexuelle riche en expériences? Une coach nous répond.

Les événements que nous vivons au quotidien nous permettent de construire notre personnalité. Et notre vie sexuelle ne fait pas exception à la règle. Mais quand l’intimité est ponctuée d’expériences particulières (libertinage, passé dans le porno, nudes, etc.), on peut se demander si celles-ci doivent impérativement être évoquées dans notre nouvelle histoire.

Parler de son passé sexuel, bonne idée?

Selon Virginie Motte, coach en sexualité féminine, le passé est tout personnel et ne concerne donc que nous. “Je dis souvent aux personnes que je suis que le passé est constructif puisqu’il a fait de nous ce que nous sommes. Mais c’est surtout une période qui nous appartient et qui peut, et même qui devrait selon moi, rester notre jardin secret. J’aurais donc tendance à dire que non, ce n’est pas forcément une bonne idée de parler d’un passé sexuel hors de la norme”.

On ne doit pas tout raconter à un ou une partenaire. On ne le lui doit en tout cas pas…

Selon la coach, il est judicieux de se poser les bonnes questions au préalable, pour savoir si se livrer sera bénéfique: “L’idée est de se demander si l’on se respecte en divulguant ces tranches de vie, si l’on veut vraiment que cela soit connu. Si c’est primordial pour nous et notre bien-être, alors oui, on peut en parler… Par contre, on ne doit pas tout raconter sous prétexte qu’on s’y sent obligé(e). On ne le lui doit en tout cas pas”.

Pour faire un choix éclairé, Virginie Motte conseille de se demander si:

  • C’est utile pour le/la partenaire de le savoir?
  • C’est constructif pour la relation de le dire?

En parler: les risques et les conséquences

Le risque principal, lorsqu’on communique sur des histoires anciennes, c’est la naissance de potentielles idées reçues. “Avouer à un partenaire qu’on a, par exemple, tourné un ou plusieurs films érotiques peut entraîner un certain malaise. La personne pourrait avoir l’impression qu’on attend quelque chose de cette nouvelle relation et vie sexuelle”.

De plus, selon la coach, l’autre pourrait imaginer la situation de manière démesurée. Cela engendrerait des peurs et des incertitudes qui n’existaient pas dans le couple à l’origine: “L’autre peut se dire que parce qu’on a été libertine par le passé, on va d’office se lasser d’une sexualité traditionnelle ou qu’on va forcément avoir envie d’intimité avec d’autres… Et cela peut ébranler la confiance qu’il a en lui ou en elle et en ses performances sexuelles”.

Et si l’autre l’apprend?

Bien entendu, ne pas en parler comporte des risques. Selon la coach, l’autre pourrait se sentir trahi et ne pas accepter ces révélations qui viennent à lui: “Se sentir trompé ne serait ni anormal ni grave. L’important est d’accompagner l’autre dans ses sentiments”. Virginie Motte nous donne deux pistes pour gérer au mieux la situation:

  • On laisse passer le choc. Il faudra laisser l’autre digérer la révélation et en reparler une fois le stress passé. Inutile d’en parler à chaud, au risque de voir la crise s’accentuer et partir au clash.
  • On entend les émotions de l’autre. Dire à son partenaire qu’on comprend que cela le choque et/ou qu’il se sent trahi est primordial. On peut par exemple dire: “Je comprends que tu te sentes perturbé par la situation, voire en colère”.

C’est la preuve qu’on prend l’autre en considération dans ce qu’il vit.

L’étape de l’acception

Après ce genre de révélation, deux scénarios: soit l’autre est dans l’acception, soit pas. “Si certain(e)s partenaires sont très ouvert(e)s d’esprit et ne se sentiront pas ébranlé(e)s par ce type de révélation, d’autres vont être choqué(e)s et avoir du mal à accepter, souligne Virginie Motte. Parfois parce que cela ne correspond pas à leurs valeurs, mais bien souvent, parce que cela les renvoie à leurs propres peurs. Les croyances limitantes prennent alors le dessus et le partenaire se sent en insécurité. C’est à ce moment que vient la perte de confiance et, avec elle, les reproches”.

Quand consulter?

Selon l’experte, ce sont ces reproches qui peuvent fatiguer le couple sur le long terme et le faire basculer. “L’acceptation du passé de l’autre est l’une des plus belles preuves d’amour. Mais parfois, il faut parcourir un long chemin pour y arriver. Mon conseil sera d’observer comment l’autre gère ces révélations. Si vous remarquez qu’il ou elle se fait plus distant(e) et/ou que les reproches sont de plus en plus présents au sein du couple, je vous conseille de consulter un spécialiste à deux”. Se tourner vers un expert en la matière aidera à trouver les ressources mais aussi les outils pour surmonter la situation.

Le tout est de ne pas laisser les choses s’envenimer. Souvent, les patients prennent rendez-vous lorsqu’ils sont déjà au point de rupture, précise la coach en sexualité. Or, la meilleure chose à faire est de consulter avant que les problèmes surviennent ou se fassent persistants.

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