Comment parler de sexe avec son ado?
Votre enfant n’en est plus un, il devient ado, avec tout ce que cela implique: les sautes d’humeur, la recherche d’autonomie, le besoin accru d’intimité… Et les premiers coups de cœur.
Lorsque votre enfant entre dans cette phase si particulière qu’est l’adolescence, c’est résolument le moment de lui parler d’amour et de sexualité. Mais le sujet peut être difficile à aborder pour certains adultes.
Parle de sexe: 3 questions à une sexologue
Marie Tapernoux, sexologue et thérapeute de couple dans le Brabant wallon, nous donne ses conseils pour parler de sexe de manière constructive et positive.
Est-il si important de parler de sexualité avec son ado?
“Bien sûr que c’est important! Et ça l’est pour une raison simple: c’est une période spéciale dans une vie, qui sera faite d’expériences nouvelles et de changements, tant physiques qu’émotionnels. En tant que parent, il faut mettre des mots sur ce qui se passe. Mais avant de parler de sexe, j’estime que l’on doit d’abord parler de puberté, en détaillant les changements liés à la période: les boutons, les poils qui poussent, les règles, les sautes d’humeur… De fil en aiguille, le sujet des relations amoureuses et de la sexualité suivra presque naturellement”.
Intégrer la notion de consentement mutuel dans le discours est clairement une priorité
Comment est-il préférable d’entamer la discussion?
“La première chose à faire, c’est de ne pas prendre ça comme quelque chose de grave. Votre enfant grandit et est désormais un adolescent… Cela n’a rien de dramatique, c’est la vie, c’est naturel et c’est toujours une bonne chose de grandir et d’évoluer. Alors on respire, on dédramatise et on prend ça avec le sourire. Ensuite, je dirais qu’il n’y a pas vraiment de ‘modèle’ de discussion qui fonctionne en matière d’éducation à l’amour et à la sexualité. Cela dépend du parent, de l’adolescent, de leur relation et de leur facilité à parler de telle ou telle chose. C’est au parent de voir quelle est la manière la plus positive et naturelle de parler de sexe avec son ado”.
Par contre, la sexologue conseille d’éviter…
- D’être trop intrusif: il ne faudrait pas entrer de force dans la bulle de l’adolescent, ce serait contre-productif. “Entamez la discussion et positionnez-vous comme une personne de référence, vers qui l’ado pourra se tourner coûte que coûte”.
- De conserver des tabous: il faudrait pouvoir répondre à toutes les questions, sans gêne. “Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec tout ça, il peut être intéressant de faire intervenir une personne tierce, comme une marraine ou un parrain, une sœur, et pourquoi pas un professionnel”. Les plannings familiaux sont de bons points de chute.
Marie Tapernoux poursuit: “Si votre enfant ne souhaite pas parler de ces sujets, n’insistez pas. Vous pouvez par contre offrir un livre qu’il pourra feuilleter de son côté, tout en rappelant, le plus naturellement du monde, que vous êtes disponible pour en parler ensuite”.
Un discours différent à avoir selon le genre de l’ado?
“Les filles doivent savoir ce qu’il se passe dans la vie des garçons, et inversement. J’aurais donc tendance à dire que non, le discours ne doit pas être différent. Aborder les règles et la contraception est une discussion à avoir avec un fils, par exemple, ne fut-ce que pour qu’il connaisse la réalité et le quotidien des filles. Et puis, il ne faut pas oublier d’évoquer la liberté de dire non, même au dernier moment. Lorsqu’on parle de sexualité avec son enfant, ce sujet est pour ainsi dire un passage obligé. Nos adolescents seront des adultes demain, et leur inculquer des valeurs de respect les aidera à se construire une vie amoureuse et sexuelle saine. Intégrer la notion de consentement mutuel dans le discours est clairement une priorité”.
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