remèdes contre les allergies — Unsplash/Roman Kraft

Santé

Quels traitements pour quelle allergie?

Par La rédaction

03 mars 2021

Pénibles à vivre, les allergies empoisonnent la vie d’un nombre croissant de Belges. Heureusement, une panoplie de parades existent pour neutraliser ou atténuer leurs effets. Les astuces de Charlotte Costenoble, pharmacienne et auteure du Blog santé.

La réaction allergique est une réaction anormale et excessive du système immunitaire à  la suite d’un contact avec un allergène. Elle est le résultat d’une cascade d’événements que l’on peut résumer en deux étapes: une sensibilisation de l’individu  lors d’un premier contact (par exemple une piqûre de guêpe) et la réaction allergique proprement dite lors  des contacts ultérieures.  Le souci, c’est qu’elle n’est pas forcément facile à détecter. Et trouver le fauteur de trouble demande parfois une véritable enquête!

Quels sont les symptômes?

L’allergie se manifeste par différents symptômes allant de la congestion nasale aux démangeaisons cutanées, en passant par les éternuements,  les yeux qui piquent, la dyspnée (difficulté respiratoire)… L’allergie peut être persistante, c’est-à-dire que l’individu est hypersensible à un allergène présent de manière permanente dans son environnement comme les acariens, les poils de chat, les fraises… ou saisonnière. Dans ce cas, la personne réagit à  un composant présent à certains moments de l’année comme les pollens ou les spores de champignons.

Éviter l’allergène

Le réflexe en cas de symptômes est d’éviter l’allergène et, quand c’est possible, de l’évincer complètement. Mais trouver ce à quoi on est allergique n’est pas toujours une mince affaire. En cas de doute, des tests sanguins et/ou cutanés peuvent être réalisés afin de déterminer précisément la nature de l’allergie ou des allergies. Ensuite, il faut passer à l’action!

Allergie aux animaux

Ne pas adopter d’animal de compagnie reste la meilleure manière d’éviter l’allergie, mais que faire quand l’animal est déjà là? L’éloigner quelque temps n’est pas une mesure efficace, car la disparition des allergènes peut prendre des mois et quand il revient, c’est rebelote! L’idéal est d’entretenir son intérieur en choisissant des surfaces lisses, facilement lavables à l’eau, de nettoyer régulièrement l’animal et les pièces qu’il fréquente et de lui interdire l’accès aux chambres.

Allergie aux pollens

Pour connaître les périodes polliniques à risque pour vous, rendez-vous sur
le site du réseau de surveillance aérobiologique belge airallergy.sciensano.be. En fonction de ces infos:

Évitez les activités extérieures aux moments critiques.
Faites tondre la pelouse par une autre personne (une pelouse tondue produit moins de pollens).
Enfilez d’autres vêtements et rincez-vous les cheveux après une promenade au grand air, ne séchez pas votre linge dehors.
Gardez les fenêtres fermées et aérez en matinée ou après une averse (moments où il y a moins de pollens dans l’air).
Gardez les vitres de la voiture fermées quand vous conduisez.
Notez aussi que les animaux domestiques peuvent ramener des pollens de l’extérieur.

Allergie à certains aliments ou composants

L’idée ici est d’éviter ces allergènes. Que ce soit d’ordre alimentaire (fraises, noix, crustacés), cosmétique ou encore dans le cas de matières (latex) ou de médicaments. Décryptez les étiquettes et communiquez autour de vous. Au restaurant, demandez au serveur la composition des plats. Comme il n’est pas rare qu’on soit allergique à plusieurs aliments en même temps, notez-les dans votre portefeuille et votre GSM. N’oubliez pas d’en parler lors de vos rendez-vous médicaux.

Allergies croisées

Certaines personnes allergiques à une substance donnée peuvent aussi présenter des réactions allergiques à d’autres allergènes qui sont chimiquement apparentés. On parle alors d’allergies croisées. Les allergies croisées peuvent se produire:

Entre des aliments à base de lait de vache et de lait de chèvre, de jument ou d’ânesse, entre différentes légumineuses (arachide, soja, pois…).
Entre des aliments (avocat, kiwi, banane…) et le latex.
Entre des aliments ou des allergènes respiratoires: pollens de bouleau et certains fruits (abricot, pomme, pêche…); pollen d’armoise et céleri, carotte ou persil.
Entre des médicaments: les antibiotiques de type sulfamidés oraux et locaux. Il est toutefois important de savoir que ce n’est pas parce que l’on souffre d’une allergie qu’elle se compliquera nécessairement d’allergies croisées.

Allergie aux moisissures

Aérez! Éviter l’humidité prévient la formation de moisissures pouvant être à l’origine d’allergies. Il faut également penser aux plantes d’intérieur dont la terre humide peut-être un substrat favorable à leur développement.

Allergie aux acariens

Les acariens sont de minuscules bestioles présentes dans la poussière des maisons. Ils se nourrissent de squames et adorent les atmosphères chaudes et humides. Quelques astuces pour limiter leur présence:

Combattez l’humidité dans la maison en ventilant régulièrement (aérez les pièces tous les jours au moins 15 minutes).
Ne faites pas votre lit mais laissez-le aérer.
Privilégiez les sols lisses, faciles à nettoyer et éliminez un maximum de tissus (tapis et coussins).
Dépoussiérez régulièrement (y compris sur le haut des armoires et des portes).
Placez les peluches au congélateur pendant 24 heures tous les 3 mois.
Lavez la literie au moins une fois toutes les deux semaines à 60°C.
Utilisez une housse anti-acariens sur le matelas et les coussins ou utilisez le système Acar’up.

Comment soulager les symptômes?

Si les symptômes persistent après l’éviction ou l’éloignement de l’allergène, certains produits ou médicaments disponibles en pharmacie peuvent vous aider. Demandez toujours conseil à un professionnel avant de les utiliser.

J’ai les yeux qui piquent

Les symptômes de la conjonctivite allergique sont multiples: rougeur de l’œil, irritations, sensations de brûlures, de picotements, écoulements purulents, etc. Dans ce cas, ne portez pas de lentilles, en tout cas, temporairement. L’application de compresses imbibées d’eau froide ou trempées dans une infusion de fleurs de camomille peut vous soulager. Le nettoyage des yeux au sérum physiologique permet de décrocher les pollens qui s’y seraient attachés. L’association de ce rinçage des yeux à l’utilisation d’antihistaminiques oculaires est vivement conseillée. Les principes actifs principaux sont l’azélastine, la lévocabastine et le cromoglicate sodique. Des noms qui vous semblent barbares mais qui parleront à votre pharmacien.

Je me mouche tout le temps

Le sérum physiologique sera votre allié de choix. Rincer vos narines avec du sérum ou des solutions salines permet de décrocher les pollens de la muqueuse nasale et donc de soulager les symptômes. L’association avec l’ipratropium en spray nasal permettra de diminuer l’écoulement. Enfin, les antihistaminiques par voie nasale peuvent aussi vous soulager.

J’ai le nez bouché

Le sérum physiologique (en unidose ou en spray pressurisé) sera ici aussi votre meilleur allié. La réaction allergique sera atténuée, voire supprimée, si les pollens sont éliminés.
Inhaler des vapeurs d’eau (2 x 30 minutes par jour, 2 jours par semaine) peut aussi être un bon conseil.
Les antihistaminiques par voie nasale sont une des solutions possibles pour lutter contre la rhinite allergique.
Les corticoïdes par voie nasale ont un effet favorable sur la congestion nasale et les autres symptômes de la rhinite allergique (nez qui coule par exemple). Ils agissent aussi sur les symptômes de la conjonctivite, parfois associée à la rhinite. Leur effet n’est pas immédiat. Il est conseillé, en cas de rhinite allergique saisonnière, de débuter le traitement au moins 1 semaine à 15 jours avant la période critique.
Si votre truc, c’est plutôt la phyto, essayez le curcuma et la quercétine en cure.
Enfin, les vasoconstricteurs nasaux et oraux peuvent être utilisés pour soulager directement le nez bouché, mais, à cause des problèmes d’accoutumance à ces produits (on ne les utilise qu’une semaine!), ils ne constituent pas un bon traitement de fond.
Astuce supplémentaire: le tabagisme (actif et passif) est un facteur d’aggravation des symptômes allergiques, car il est irritant. Évitez-le donc au maximum!

J’ai des boutons ou des plaques rouges sur la peau

La peau peut aussi être touchée par l’allergie. Des plaques rouges apparaissent,
des éruptions, des vésicules, des démangeaisons, des sécheresses. Pour calmer ces manifestations, pensez aux brumisateurs d’eau thermale ou à l’application de pochettes de glace car le froid est un anesthésiant naturel. Les crèmes calmantes et apaisantes peuvent également vous soulager (Eucerin, Bepanthen, La Roche-Posay). En fonction de la sévérité des symptômes, votre médecin pourra vous prescrire une crème à base de cortisone, un anti-inflammatoire et un antiallergique puissant.

J’ai du mal à respirer

Chez certains, une (ou plusieurs) crise d’asthme allergique peut survenir. Cette crise, causée par une réaction excessive des bronches face à un allergène, se caractérise par l’obstruction soudaine des voies bronchiques. Vous serez peut-être essoufflée, votre respiration sera sifflante ou difficile, vous aurez l’impression d’une oppression sur la poitrine ou dans la gorge. Une crise d’asthme nécessite une consultation médicale urgente, surtout si c’est la première fois que ça vous arrive. Dans certains cas graves, le malade ne pourra plus respirer; ce qui explique l’urgence d’une telle situation.

Si votre asthme allergique n’est pas très sévère et que vous avez l’habitude de ces manifestations, le médecin vous aura sans doute expliqué les traitements pour le prévenir et y remédier: des médicaments de fond, à utiliser tous les jours et des médicaments de crise, à n’utiliser qu’en cas de besoin. L’asthme allergique peut évoluer en asthme chronique si l’exposition à l’allergène est constante et de longue durée. Le malade présentera souvent une combinaison de symptômes allergiques: asthme, rhinite, conjonctivite…

J’ai mal à la gorge

Les symptômes allergiques peuvent se manifester au niveau de la gorge. Dans ce cas, les tisanes au miel, les pastilles et sprays anesthésiants pourront vous soulager. Ces solutions ou médicaments adoucissent la muqueuse agressée, mais n’agissent que sur les symptômes. Si malgré cela, les maux de gorge persistent, les antihistaminiques par voie orale ou les corticoïdes pourront vous être conseillés.

J’ai plusieurs symptômes en même temps

Quand plusieurs symptômes se manifestent, la prise d’un antihistaminique par voie orale permet une action globale. Il existe beaucoup de principes actifs sur le marché, le plus connu étant la cétirizine. Les antihistaminiques agissent en général bien sur la majorité des symptômes allergiques (écoulement nasal, démangeaisons cutanées, éternuements…), mais n’ont que peu d’effets sur la congestion nasale et sur la conjonctivite. Il n’est donc pas rare de devoir associer un antihistaminique par voie orale à une médication locale (nez, yeux).

Comme tout médicament et selon le principe actif, les antihistaminiques possèdent des effets secondaires (somnolence, sécheresse de la bouche, constipation…). Certains nécessitent une prescription médicale.

Et pourquoi pas une cure de désensibilisation?

La désensibilisation (ou immunothérapie) a une efficacité modeste en cas d’allergie avérée aux pollens, aux acariens, aux poils d’animaux ou aux moisissures. Elle permet de diminuer la sévérité des symptômes et le recours aux médicaments, mais les malades sont rarement totalement débarrassés de leurs symptômes. Elle n’est envisagée qu’en cas de symptomatologie sévère ou lorsque le traitement classique n’est pas suffisamment efficace ou mal toléré. Elle consiste en l’administration d’extraits d’un ou plusieurs allergènes, par voie sous-cutanée ou sublinguale. Elle comporte une phase initiale et une phase d’entretien. La composition est individuelle, selon le ou les allergènes auxquels le malade est sensible.

Texte: Charlotte Costenoble, pharmacienne

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