Bientôt un traitement contre le psoriasis sans effets secondaires
Une équipe de chercheurs de l’ULB et de l’hôpital Erasme, dirigée par le professeur Cédric Blanpain, vient de faire une découverte importante qui pourrait améliorer le traitement du psoriasis.
Le psoriasis est une maladie inflammatoire de la peau. Il se caractérise par des plaques rouges, un épaississement de la peau et des couches cutanées qui se détachent, appelées squames. En effet, cette maladie résulte d’un renouvellement accéléré de l’épiderme: il se fait environ tous les 4 jours durant les crises de psoriasis au lieu de tous les 28 jours en état normal.
Une découverte qui porte sur les cellules de la peau
Le Dr Farida Benhadou, dermatologue spécialisée dans les maladies inflammatoires de la peau à l’hôpital Erasme, vient de participer à une découverte très prometteuse pour le traitement du psoriasis. L’étude menée par le professeur Cédric Blanpain a été publiée dans le magazine Science Advances. “Le psoriasis est une maladie inflammatoire de l’épiderme liée à plusieurs types de cellules: les cellules immunitaires (liées à l’inflammation), les cellules de la peau (qui se renouvellent trop vite et sont à l’origine de la desquamation) et les cellules des vaisseaux sanguins (qui créent de fortes rougeurs). Alors que les cellules immunitaires ont beaucoup été étudiées, nous avons décidé de porter nos recherches sur les cellules de l’épiderme. Nous avons mis en évidence la surexpression d’un facteur de croissance vasculaire dans la peau psoriasique, le VEGFA (“Vascular Endothelial Growth Factor A”). En le bloquant grâce à un anticorps, nous avons réussi à stopper le développement du psoriasis chez la souris”, explique le Dr Benhadou.
Un traitement sans effets secondaires
Si cette découverte est très prometteuse, c’est qu’elle permettra d’éviter les effets secondaires des traitements actuels. “Pour l’instant, on utilise principalement des corticoïdes ou des traitements immunosuppresseurs qui agissent sur les cellules immunitaires. Cela permet de calmer et d’espacer les poussées de psoriasis, mais le système immunitaire s’en retrouve affaibli. Ce qui ouvre la porte aux infections. En agissant sur d’autres cellules, on évitera ainsi ces effets secondaires”. S’il s’agit d’une découverte scientifique qui ouvre l’horizon thérapeutique, le Dr Benhadou rappelle que les recherches ont été menées sur des souris et qu’il “faudra attendre encore quelques années avant de commercialiser une nouvelle crème”.
Quelle différence avec l’eczéma?
Des plaques rouges, la peau sèche et qui gratte: ces symptômes cutanés sont communs au psoriasis et à l’eczéma. Comment distinguer alors ces deux maladies inflammatoires de la peau? “L’une des spécificités du psoriasis, c’est que les cellules de la peau se renouvellent plus vite qu’à la normale. On observe alors une forte desquamation. Dans le cas de l’eczéma, la peau sèche peut peler, mais les squames sont beaucoup plus fines”. Enfin, la localisation des lésions du psoriasis est caractéristique: “On retrouve des plaques sur le cuir chevelu, sur les ongles ou au niveau de certaines articulations, comme les coudes et derrière les genoux. D’ailleurs, le psoriasis peut dans certains cas atteindre les os, on parle alors d’arthrite psoriasique”.
Bien que le psoriasis, tout comme l’eczéma, reste une maladie mystérieuse pour laquelle subsistent beaucoup d’interrogations, le Dr Benhadou conclut avec un message très optimiste. “Avec les récentes découvertes sur les cellules de la peau, on pourra proposer aux patients des traitements à la carte, plus personnalisés que les traitements actuels qui agissent uniquement sur l’inflammation”.