La schizophrénie, une maladie mentale sujette à beaucoup d'idées reçues
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10 idées reçues sur la schizophrénie

Star des romans et des films policiers, la schizophrénie est une maladie mentale très connue. Mais hélas pour ceux qui en souffrent, très mal connue, en réalité. Entre idées reçues et peurs injustifiées, on fait le point.

La schizophrénie n’est pas une maladie rare: elle touche environ une personne sur cent, ce qui en fait la plus fréquente des psychoses, avec quelques 110.000 schizophrènes diagnostiqués en Belgique. Bien qu’elle ait été classée par l’Organisation Mondiale de 
la Santé parmi les 10 maladies les plus invalidantes, elle se soigne de mieux en mieux, et beaucoup de schizophrènes parviennent à vivre, selon l’expression du professeur Vincent Dubois, directeur médical général du réseau de soins psychiatriques EPSYLON, “au plus près de la vie qu’ils souhaitent”. Reste que les clichés ne manquent pas concernant cette maladie.

1. La schizophrénie
 est un dédoublement
 de la personnalité: FAUX

 

Le nom peut prêter à confusion, car il vient de deux mots grecs (“schizo”, couper, et “phrèn”, esprit) qui évoquent une division, une fracture de la pensée. Mais la schizophrénie et le trouble dissociatif de l’identité sont deux maladies tout à fait différentes. Par ailleurs, les psychiatres ne parlent plus de “la” schizophrénie, mais “des” schizophrénies, car cette maladie peut prendre des visages très différents, selon l’importance et l’intensité des symptômes.

2. Les schizophrènes entendent des voix: 
VRAI

Les hallucinations, qui sont des troubles de la perception, peuvent toucher tous les sens, mais, dans la schizophrénie, elles se manifestent principalement sous la forme d’hallucinations auditives. La personne affectée entend des voix, parfois gentilles mais généralement insultantes, voire menaçantes, qui commentent
 ses actions et ses pensées, lui donnent des ordres qu’elle n’a pas envie de suivre et prennent progressivement possession de sa vie, dans un climat d’angoisse de plus en plus pesant.

3. Les schizophrènes
 sont dangereux: 
FAUX

Moins de 5% des crimes graves 
sont commis par des schizophrènes.
 Mais, à cause de cas fortement médiatisés, comme celui de Kim De Gelder, responsable d’un massacre dans une crèche de Termonde en 2009, les schizophrènes suscitent encore trop souvent la peur et le rejet.

4. Les schizophrènes croient que le monde tourne autour d’eux: FAUX

Si les schizophrènes donnent souvent l’impression d’être égocentriques, c’est à cause d’un autre symptôme-clé
 de leur maladie: le délire d’interprétation. Parce qu’ils interprètent mal les signaux qu’ils reçoivent (regards, bruits, éléments visuels, etc.), beaucoup de schizophrènes sont convaincus, sans aucune raison, d’être au centre d’un mystérieux complot: on les observe, on les espionne, on cache chez eux des caméras et des micros…
D’où une agitation et des troubles du comportement qui désarçonnent leur entourage. En fait, la schizophrénie “coupe” (d’où son nom) les connexions internes qui permettent de gérer les émotions et les comportements. Ce qui explique notamment des expressions émotionnelles totalement inappropriées: ils rient quand les autres sont tristes et vice versa.

5. Les schizophrènes refusent toute forme d’aide: VRAI… et FAUX

Le problème n’est pas qu’ils refusent d’être aidés, mais qu’ils n’ont pas conscience d’en avoir besoin. C’est ce qu’on appelle l’anosognosie: 
si pénible et angoissant que puisse être son état, un schizophrène ne le considère pas comme pathologique, il ne se plaint pas, ne se sent pas malade, et ne cherche donc spontanément ni aide ni solution.

6. La schizophrénie est une maladie de jeunes: VRAI

La schizophrénie est généralement diagnostiquée entre 15 et 25-30 ans. Chez certains, elle éclate brusquement, comme
 un coup de tonnerre dans un ciel serein, à 
la suite d’un événement de vie: gros stress émotionnel, deuil, traumatisme, agression, conflit familial… Chez d’autres, elle débute plus lentement, par des difficultés scolaires et relationnelles, des propos suicidaires, une tendance à rester en retrait, etc. Mais, dans les deux cas, la communication avec les proches ne tarde pas à devenir problématique.

7. La schizophrénie est une maladie de société: FAUX

Même si notre société et les stress qu’elle génère ne sont pas sans influence sur le développement de la schizophrénie, la fragilité qui est à la base de cette maladie est multifactorielle, à la fois génétique, biologique et psychologique. Encore largement inexpliquée (le gène de la schizophrénie reste introuvable), elle existait déjà il y a plusieurs milliers d’années et, aujourd’hui comme hier, les schizophrènes affichent les mêmes symptômes partout dans le monde.

8. La schizophrénie est incurable: FAUX

Bien que la guérison complète soit encore rare, elle n’est plus impossible. Mais surtout, le traitement, aussi multifactoriel que la maladie elle-même, permet d’envisager 
un rétablissement personnalisé: c’est le patient qui définit lui-même, avec les soignants, ce qui est important pour lui. Pour l’un, ce sont de grandes choses, pour l’autre, des petites, mais le vécu du patient en termes de “je choisis” et “j’ai la vie que je souhaite avoir” en est considérablement amélioré.

9. La place des schizophrènes est dans un hôpital psychiatrique: FAUX

C’était le cas autrefois, avant l’arrivée dans les années 1950 des premiers neuroleptiques, qu’on appelle aujourd’hui antipsychotiques, et qui ont la faculté de diminuer, voire de supprimer, les délires et les hallucinations. Ces médicaments, qui ont beaucoup moins d’effets secondaires qu’autrefois, restent incontournables, mais il s’y ajoute aujourd’hui une prise en charge psychosociale, destinée à maintenir le schizophrène dans la communauté. Comme c’est déjà le cas dans d’autres pays, notamment aux Pays-Bas ou en Allemagne, le séjour à l’hôpital est limité, afin que le patient soit aussi peu isolé que possible pendant son traitement, puis qu’il soit dans un logement inclusif, et encouragé à trouver une activité qui donne du sens à sa vie.

10. Face à la schizophrénie, la famille est impuissante: FAUX

Par les démarches qu’ils peuvent faire pour le jeune, les parents ont au contraire un grand pouvoir. Si vous constatez que votre ado change de manière brutale, négative, qu’il ne veut plus aller à l’école, qu’il n’a plus ni amis ni passions, n’ayez pas peur d’être intrusive. Dites-lui clairement que vous vous souciez de lui, que c’est votre droit en tant que parent, et que vous ne renoncerez pas à essayer 
de l’aider. Et, s’il ne veut rien entendre, n’hésitez pas à continuer seule. Le temps où les professionnels refusaient d’intervenir si le jeune ne prenait pas lui-même l’initiative est révolu. Aujourd’hui, il existe, dans certains hôpitaux, des équipes mobiles de crise, avec des plages de consultation “à
 la demande de tiers”, qui vous conseilleront sur la meilleure manière de leur amener votre ado, ou se déplaceront à votre domicile pour prendre contact avec lui. Il ne s’agit pas d’édulcorer la schizophrénie: même avec une bonne prise en charge, et en dépit du fait qu’ils peuvent être intellectuellement brillants, les patients auront toujours des difficultés relationnelles. Mais ils peuvent trouver leur place dans la société.

Pour en savoir plus:

  • La série Schizo, lancée au cours des récentes Journées de la schizophrénie, est inspirée de faits réels et cautionnée par un comité d’experts. 
Info: schizo-thefiction.com
  • Plus de 70 recherches sur 
la schizophrénie sont désormais accessibles à tous à partir 
du site de l’Association des Journées de la schizophrénie, schizinfo.com.
  • Vous voulez mieux comprendre la schizophrénie? Inscrivez-vous à un des modules Profamille de l’association Similes via wallonie.similes.org/pourlesfamilles.

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