
Le verre de trop? 14 lectrices évoquent leur rapport à l’alcool
Pourquoi ont-elles décidé de boire moins, voire d’arrêter? Comment ce changement a-t-il impacté leur quotidien, leur bien-être et leur vie sociale? Découvrez les témoignages inspirants de 14 femmes.
Le Dry January et la Tournée Minérale incitent à faire une pause dans sa consommation d’alcool, qu’elle soit occasionnelle ou régulière. Un défi qui permet de mieux comprendre son rapport à cette boisson souvent associée à la convivialité.
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Pourquoi elles ont arrêté?
Certaines des femmes que nous avons interviewées ont décidé de réduire ou d’arrêter l’alcool pour préserver leur santé physique et mentale. De la grossesse aux effets indésirables comme l’anxiété ou les bouffées de chaleur, elles témoignent des bienfaits ressentis.
Élise, 39 ans
“Quand j’ai essayé de tomber enceinte, ça n’a pas été évident. Alors pour mettre toutes les chances de mon côté, j’ai cessé de boire. Résultat: je me suis sentie plus calme et j’ai perdu quelques kilos. Après un certain temps, j’ai découvert que l’alcool ne me manquait pas du tout. Depuis, je suis tombée enceinte et bien sûr, je ne bois pas une goutte. Après la naissance, je boirai sans doute un peu, mais plus au même rythme qu’avant, c’est certain”.
Anne, 41 ans
“Je bois moins au fil du temps, car je supporte de moins en moins la gueule de bois. Quand j’ai trop bu, je me sens aussi plus anxieuse”.
Évelyne, 40 ans
“Il y a quelques années, j’ai participé à la Tournée Minérale. Je n’ai pas bu une goutte d’alcool pendant tout le mois de février. L’effet sur mon bien-être et ma santé a été immédiat: après 3 semaines, je dormais mieux, je faisais plus facilement du sport et j’avais plus d’énergie”.
Après 3 semaines, je dormais mieux, je faisais plus facilement du sport et j’avais plus d’énergie
Ce qui m’a permis de tenir? D’emblée, je me suis mis dans la tête qu’il fallait que je tienne un mois entier et que je devrais repartir de zéro si je craquais pour un verre. Ça m’a aidée les dernières semaines, quand j’étais tentée d’abandonner. Les années d’après, je n’ai plus participé, mais cette expérience a eu un impact très bénéfique sur ma consommation. Depuis, mon compagnon et moi ne buvons plus que le week-end”.
Sandrine, 53 ans
“Lorsque ma préménopause a commencé, j’ai senti que dès que je buvais, j’avais des bouffées de chaleur. Le gynécologue a confirmé mon ressenti: l’alcool a un impact sur les symptômes. Depuis, je me suis mise aux boissons non alcoolisées. Heureusement, il existe des tas d’alternatives, dont de délicieux mocktails. J’ai remarqué que je pouvais m’amuser autant quand je ne buvais pas. Et mon mari est content. Maintenant, il a toujours un Bob”.
Lydie, 56 ans
“Je ne bois jamais, parce que je suis allergique à l’alcool”.
Un choix personnel
Pour d’autres, limiter ou éviter l’alcool est une question de valeurs, d’habitudes ou de vécu familial. Leur choix leur permet de mieux se sentir en accord avec elles-mêmes, sans pour autant renoncer aux moments de convivialité.
Marie, 35 ans
“J’ai bu un peu quand j’étais étudiante, mais je me suis vite rendue compte que je n’aimais pas perdre le contrôle et que les gens saouls m’énervaient. Depuis, je ne bois quasi plus, excepté pendant le week-end ou en vacances”.
Ingrid, 54 ans
“Ma famille boit volontiers, mais j’opte toujours pour une version sans alcool. Pendant les fêtes ou quand on sort au restaurant, c’est donc moi qui prends le volant”.
Caroline, 65 ans
“Comme j’ai 2 tantes alcooliques, j’ai toujours eu un rapport prudent à l’alcool. Je ne buvais qu’occasionnellement. Mon mari, par contre, aimait prendre un verre après le travail. Quand il a commencé à le faire au quotidien, ça m’a dérangée. Il a accepté d’arrêter à plusieurs reprises, mais temporairement. Quand il a pris sa retraite, le 18 février 2018, on a inscrit la date sur le tableau blanc de la cuisine, il a définitivement fait une croix sur l’alcool et sur la cigarette. Je suis très fière de lui.
On a en tête l’image de l’alcoolique qui reste couché toute la journée, mais la réalité est plus nuancée…
Sur le moment, il refusait d’admettre qu’il avait un problème, mais désormais, il ose en parler. On a toujours en tête l’image de l’alcoolique qui reste couché toute la journée, mais la réalité est plus nuancée. Pour ma part, j’ai aussi décidé de ne plus boire. Ça ne nous empêche pas, grâce aux alternatives disponibles sur le marché, de profiter de la vie. On s’offre une bière ou un verre de cava, mais sans alcool”.
Maria, 45 ans
“J’aimais boire un petit verre en cuisinant, mais je me suis rendue compte que ça devenait quotidien. Je tombais dans l’excès. Maintenant, je prends un verre de manière très occasionnelle. Je réserve l’alcool aux grandes occasions”.
Modérer pour mieux en profiter
Certaines femmes n’ont pas renoncé à l’alcool, mais elles ont appris à mieux gérer leur consommation. En choisissant les bons moments et en adaptant leurs habitudes, elles profitent pleinement de chaque verre.
Bénédicte, 61 ans
“J’avais l’habitude de boire beaucoup, surtout pour oublier mes problèmes. Grâce à l’aide d’un psychologue, j’ai trouvé une autre manière de les gérer. Pendant 3 ans, je n’ai pas bu une goutte. Aujourd’hui, je me sens à nouveau bien dans ma peau. Désormais, quand je bois un verre occasionnel, je le savoure d’autant plus”.
Élise, 42 ans
“J’adore aller au restaurant. Avant, j’avais l’impression que pour vivre l’expérience à fond, je devais opter pour l’accompagnement mets-vins. Aujourd’hui, j’ai changé ma manière de voir les choses: je choisis des alternatives, comme les vins servis en demi-verres ou les boissons sans alcool. J’ai découvert qu’elles s’accordent souvent très bien avec les plats”.
Catherine, 43 ans
“Je choisis consciemment les moments où je bois. Par exemple, quand je sors avec des copines. Dans le cadre d’une fête de famille ou entre collègues, je ne trouve pas ça nécessaire. La bonne nouvelle, c’est que ce choix est mieux accepté et compris qu’avant. Il y a encore quelques années, quand je refusais un verre, on me demandait si j’étais malade ou enceinte”.
Julie, 36 ans
“Avant, je faisais souvent la fête et il m’arrivait de boire un peu trop. Aujourd’hui, je n’ai pas arrêté l’alcool, mais je suis modérée. Mon secret: je ne bois jamais à la maison, sauf si je suis accompagnée”.
Isabelle, 36 ans
“Il m’arrive de faire une pause dans ma consommation, mais pas forcément pendant la Tournée Minérale. En général, je fais une pause après une période trop chargée en sorties ou en repas arrosés. Après les vacances ou à la rentrée de septembre, par exemple. Il m’arrive aussi de me mettre à l’eau quand je me sens fatiguée ou que j’ai un gros projet professionnel en préparation. Je remarque que pendant ces périodes sans alcool, j’ai beaucoup plus d’énergie. Mais je ne compte pas zapper l’alcool tout à fait, j’aime partager un bon verre avec mon homme ou des amis”.
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L’avis de la psy
Cécile Bodson, psychologue, psychothérapeute et alcoologue nous dit: “Il est intéressant, à tout moment de sa vie, de se poser des questions par rapport à sa consommation d’alcool. Certains tests (AUDIT-C ou CAGE) permettent de se faire une première idée de sa consommation et de juger si elle est problématique. Vous pouvez aussi comptabiliser votre consommation sur une semaine. Les résultats sont souvent très différents de ce qu’on imagine. En Belgique, le Conseil Supérieur de la Santé considère que la norme à ne pas dépasser est, par semaine, de 10 unités d’alcool, avec au moins 2 jours d’abstinence, et maximum 4 unités (ou verres) par occasion”.
Les conseils pour tenir bon
Cécile Bodson livre 3 autres astuces à appliquer:
- Préparez-vous aux réactions de votre entourage. En soirée, face aux propositions insistantes de (re)prendre un verre, soyez ferme. Répondez que vous agissez pour votre santé.
- Sachez qu’il est normal de compenser. Vous boirez peut-être plus de sodas ou prendrez des repas plus copieux/riches. Dans un premier temps, à condition que ce nouveau réflexe ne devienne pas problématique, soyez indulgente avec vous-même.
- Laissez-vous du temps. Si vous arrêtez complètement votre consommation d’alcool pendant une période, considérez la reprise comme un nouveau départ. Là encore, soyez patiente. Il faut en moyenne 66 jours pour développer de nouveaux réflexes et élargir notre répertoire comportemental à de nouvelles habitudes.
Texte: Goedele Tielens et Marie Honnay
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