SPM
La fatigue et la baisse de performance comptent parmi les symptômes du SPM. © Getty Images

“Ce que mon SPM me fait faire de plus étrange”: décryptage d’une gynéco

Pleurs, oublis, règlements de comptes: pour certaines femmes, quelques jours avant le début des règles, c’est la fin du monde! Pascale Grandjean, gynécologue, décode vos symptômes les plus étranges.

Passé l’ovulation, lors des quelques jours qui précèdent nos menstruations, les hormones jouent les montagnes russes. Conséquences: pour la femme, cette période est parfois synonyme de perturbations physiques et psychologiques.

Le SPM, ça vient d’où?

“Le syndrome prémenstruel est un trouble récurrent qui apparaît à chaque cycle, dans la phase lutéale, entre l’ovulation et la période de règles”, nous explique Pascale Grandjean. La gynécologue détaille: “On estime que 20 à 40% des femmes en âge de procréer souffrent de symptômes dans cette période, à intensité variable. La littérature scientifique ne donne pourtant que très peu de causes et d’explications au SPM, et son mécanisme n’est pas bien connu. On pense qu’il serait dû au chamboulement hormonal et au déficit de certaines vitamines, telles que le magnésium ou le calcium”.

Le grand ballet des hormones

Pour bien comprendre ce qui se trame dans notre corps en période prémenstruelle, il faut donc analyser le comportement des premières responsables de ces chamboulements: les hormones. “Juste après l’ovulation, on observe une chute brutale des œstrogènes et de la progestérone. La progestérone réaugmente ensuite progressivement dans la phase lutéale, pour chuter à nouveau juste avant l’arrivée des règles”.

Pendant cette phase, on observe aussi un déficit en sérotonine, l’hormone du plaisir

Mais ce n’est pas tout: outre les œstrogènes et la progestérone, d’autres variations hormonales entrent en jeu. “Notamment le taux de prolactine, la réaction glycémique… On observe aussi un déficit en sérotonine, l’hormone du plaisir. Ce sont ces fluctuations hormonales qui expliqueraient ce SPM”, poursuit la gynécologue.

Les symptômes physiques

Parmi les symptômes corporels courants liés au syndrome prémenstruel, on recense:

  • Les migraines
  • Les douleurs aux seins, au dos ou dans le bas du ventre
  • Les problèmes de sommeil
  • Les problèmes digestifs
  • Les poussées de conjonctivite
  • Les poussées d’acné

Votre SPM à la loupe

Au-delà de ces indicateurs connus, on en note évidemment d’autres, d’ordre physique mais aussi mental et psychique. On a demandé à huit femmes ce qu’elles ressentaient en SPM, et les avons passés sous l’œil d’experte de Pascale Grandjean.

Diane, 36 ans: “J’ai souvent envie de régler mes comptes en SPM. Avec ma mère ou mon mari, il y a toujours bien un jour où je pars dans un SMS de treize lignes qui invite à une mise au clair, alors que le reste du mois, j’ai moins besoin de remettre les points sur les i”.

Cynthia, 25 ans: “La classique: je suis ultra-émotive, je réagis au quart de tour, je pleure pour un rien, les gens m’énervent et je remets aussi en question tous mes objectifs de vie”.

  • L’avis de la gynécologue: “Dans ces deux cas, la chute d’hormones telles que les œstrogènes peut expliquer les sautes d’humeur, une émotivité accrue et le côté plus agressif en SPM. Et pour cause: elle entraîne une baisse de sérotonine, l’hormone du bonheur, qui agit sur la régulation de l’humeur”.

Céline, 35 ans: “Je deviens complètement tête en l’air. Je n’arrive plus à me concentrer, j’oublie même parfois ce qu’on vient de me dire!”

  • L’avis de la gynécologue: “La progestérone a un effet un peu hypnotique, et comme elle augmente dans les jours qui suivent l’ovulation, cela peut expliquer cet effet ‘tête en l’air’. On dit notamment que les femmes en début de grossesse sont très distraites, parce que la progestérone augmente significativement dans cette période-là”.

Mathilde, 32 ans: “Avant mes règles, je remets souvent mon couple en question: nos habitudes, notre routine…”

  • L’avis de la gynécologue: “Les fluctuations hormonales peuvent nous donner l’impression d’être perdue, de ne plus savoir où on en est”.

Claire, 34 ans: “Je sens une grosse déprime surgir de nulle part. C’est d’autant plus le cas depuis que j’essaye d’avoir un enfant. L’idée d’avoir mes règles et de ne pas réussir à tomber enceinte est synonyme d’une longue semaine d’angoisse et de déprime”.

  • L’avis de la gynécologue: “Quand on souhaite avoir un enfant, les règles arrivent comme un échec, ce qui accentue le sentiment de vulnérabilité lié au SPM en lui-même”.
Un jour j’ai acheté une douzaine de yaourts au supermarché et je les ai mangés d’une traite

Sarah, 24 ans: “Je me sens moins performante en sport et au travail, et j’ai vraiment besoin de dormir plus”.

  • L’avis de la gynécologue: “Il est connu que l’augmentation de la progestérone peut entraîner une baisse de performance, parce qu’elle entraîne une perte d’énergie et une fatigue accrue ou encore de la rétention d’eau dans certains cas”.

Camille, 41 ans: “Je ne tiens plus sur mes jambes: je me sens physiquement affaiblie et j’ai des vertiges”.

  • L’avis de la gynécologue: “Cela peut être dû à la rétention d’eau. Certaines hormones sexuelles augmentent en effet le système de régulation du rein, ce qui peut provoquer une rétention hydrosodée et donc une rétention d’eau”.

Cassandre, 18 ans: “J’ai des fringales terribles! Un jour j’ai acheté une douzaine de yaourts au supermarché et je les ai mangés d’une traite”.

  • L’avis de la gynécologue: “Il est reconnu que la progestérone sécrétée lors de la seconde phase du cycle augmente le taux de glycémie en fin de nuit, ce qui va provoquer une augmentation de la sécrétion d’insuline et puis une chute de la glycémie, qui appelle le sucre… Mais cette réaction varie selon les individus”.

Trouble dysphorique? Pensées suicidaires?

“La plupart du temps, le SPM est tout à fait compatible avec une vie normale, nous dit Pascale Granjean. Mais on estime qu’environ 5% des femmes qui présentent des symptômes souffrent de troubles sévères”. On parle alors de trouble dysphorique prémenstruel (TDPM). “J’ai par exemple une jeune patiente qui faisait des récidives de crises d’épilepsie à ce moment-là. On appelle ça l’épilepsie cataméniale (avec aggravation des crises en fonction du cycle menstruel, ndlr). Certaines souffrent de troubles psychiques qui peuvent aller jusqu’à une dépression majeure, menant même à des tentatives de suicide ou à une incapacité à vivre correctement. Il arrive que des patientes, même très jeunes, soient tellement déprimées qu’elles ne veulent plus sortir de chez elles ou aller à l’école”.

Il arrive que des patientes soient tellement déprimées qu’elles ne veulent plus sortir de chez elles

Pour la gynécologue, il est primordial que les médecins tiennent compte de la question du cycle en cas de symptômes dépressifs, “pour adapter la prise en charge de la patiente”.

Comment soigner un SPM?

Pour le syndrome prémenstruel, pas de remède miracle, mais du cas par cas. “Il n’existe pas de médicament qui soigne le SPM, mais ce que l’on peut faire, c’est tâcher d’en traiter les symptômes. Ces traitements peuvent toutefois prendre du temps, il faut parfois s’armer de patience”, précise la gynécologue.

  • L’huile d’onagre. “Elle est utile pour réguler les variations hormonales. Elle est également utilisée en période de ménopause”.
  • Le zinc, le calcium et le magnésium en compléments. “Puisqu’on a remarqué que les personnes souffrant de symptômes SPM en étaient déficitaires”.
  • Les diurétiques. “Ils sont utiles en cas de rétention d’eau”.
  • Les anti-inflammatoires ou antidouleurs. “Ils sont d’application en cas de douleurs, de maux de tête, etc”.
  • L’hygiène de vie générale. “On veillera à prendre soin de soi, à diminuer l’alcool, la caféine, le tabac, le sucre, à manger équilibré et à pratiquer une activité physique régulière pour éponger le stress lié à cette période”.
  • Les antidépresseurs. “Ils peuvent être prescrits en cas de troubles psychiques sévères liés au SPM”.
  • Et la pilule contraceptive? “Elle peut être envisagée chez certaines femmes pour apaiser les effets des variations hormonales”.

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