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En période de périménopause, les hormones fluctuent chez la femme et peuvent entraîner des baisses (mais aussi des pics!) de moral. © Mikhail Nilov/Pexels

Ménopause: comment atténuer les effets sur la santé mentale?

La ménopause a certes un impact sur le corps, mais on parle moins de ses répercussions sur la santé mentale. Pour éviter le moral en berne, les spécialistes conseillent d’adopter un mode de vie sain, combiné à un éventuel traitement hormonal.

Pour mieux comprendre le sujet, Leen Steyaert, infirmière spécialisée en ménopause, et Herman Depypere, Professeur en gynécologie, directeur de la clinique pour femmes de l’UZ Gent, et président de l’Association belge pour la ménopause, ont répondu à nos questions.

Pour traverser en douceur la (péri)ménopause, consultez notre dossier sur le sujet.

Une transition parfois longue

“Chaque ménopause est unique et débute différemment. Les premiers symptômes typiques? Une sensation de chaleur la nuit ou encore une modification des règles. Elles deviennent par exemple plus irrégulières, avec plus ou moins de pertes de sang. Ces changements annoncent la périménopause et peuvent survenir 10 à 15 ans avant la ménopause”, détaille Leen Steyaert.

Parmi les autres symptômes, citons les bouffées de chaleur, la baisse de libido, l’irritabilité… Ils peuvent survenir tôt, les médecins ne savent pas toujours s’il s’agit de ménopause, de périménopause, de changements hormonaux, voire le signe d’un mal-être psychologique ou d’une dépression.

Montagnes russes émotionnelles

“En période de périménopause, les hormones fluctuent et peuvent entraîner des baisses et des hausses de moral. On peut comparer cela à la puberté, où l’humeur peut changer d’une minute à l’autre, ou au syndrome prémenstruel. Certaines femmes fondent en larmes pour un rien et pensent même qu’elles souffrent de dépression”, nous dit l’infirmière.

L’abattement, l’apathie, l’anxiété et les sentiments négatifs peuvent survenir à tout âge, mais gagnent du terrain au moment de la ménopause. Une tristesse ou une douleur ancienne, jusque-là réprimée ou relativisée par le bon fonctionnement des hormones, peut alors ressurgir deux fois plus intensément.

Retrouver une stabilité émotionnelle

Il faut travailler sur cette “ancienne douleur”, nous explique Leen Steyaert, qui conseille de décharger son sac émotionnel durant cette transition. Parler de cette sensibilité émotionnelle à son ou sa partenaire ou à des amis permet de poser des mots. Et si ce mal-être est difficile à surmonter, une aide extérieure, un rendez-vous chez un(e) psychologue peut être bénéfique. Une activité sportive, créative, un nouvel apprentissage peuvent aussi servir d’exutoire.

Apprendre à dire non aux situations qui prennent de l’énergie est une bonne piste

Apprendre à dire non aux situations qui prennent de l’énergie est également une bonne piste. Lorsque le corps et/ou la tête sont stressés ou fatigués, ils auront du mal à fonctionner correctement, et les pensées négatives augmenteront. “Pour pallier cela, la pleine conscience, les exercices de yoga ou la méditation permettent de gérer le stress et de régler les problèmes consciemment”.

La fin de la fertilité

“Tout au long de sa vie, la femme a fait en sorte de ne pas être fertile, mais lorsqu’elle perd cette fertilité, certaines trouvent l’étape difficile”. Leen Steyaert nous raconte notamment l’histoire de cette patiente en pleine ménopause, maman de trois enfants sans désir d’un quatrième, qui rêvait pourtant toujours qu’elle était enceinte. Cette rupture avec la période de fertilité peut jouer, même dans le subconscient.

Quand la mémoire fait défaut

En consultation, l’infirmière spécialisée entend régulièrement des patientes se plaindre de ne plus réfléchir correctement, de ne plus se souvenir d’où elles ont mis leurs clés de voiture. “C’est comme si leurs pensées étaient enveloppées dans un épais brouillard. Ces symptômes sont normaux durant cette transition, ils finissent par disparaître comme ils sont venus”.

Pendant la ménopause, les nuits sont aussi moins tranquilles, à cause des insomnies, des bouffées de chaleur ou du besoin fréquent d’uriner. Le cerveau est donc moins reposé et parfois défaillant. “Mon conseil est d’arrêter le multitasking et de se concentrer sur une chose à la fois. Prendre du temps pour soi et se détendre est également recommandé”.

Comment bien vivre la ménopause?

“Un mode de vie sain est essentiel: dormir suffisamment, faire de l’exercice autant que possible, ne pas fumer ni boire trop d’alcool, éviter le stress et avoir une alimentation saine et variée. En outre, je suis convaincue que les hormones peuvent être une solution aux problèmes physiques et psychiques. Je ne parle pas des hormones synthétiques contenues dans la pilule, par exemple, mais des hormones bio-identiques, qui ont exactement la même composition que les hormones que le corps produit lui-même. Il ne faut pas s’attendre à retrouver ses 30 ans, mais les symptômes du vieillissement seront ralentis. Les hormones bio-identiques doivent être prescrites par un médecin”.

Des hormones pour tout le monde?

Les hormones font parfois peur, “la faute à une étude réalisée il y a plusieurs années qui a été mal interprétée. De nombreuses femmes ont cru que toutes les prises d’hormones augmentaient le risque de cancer du sein, ce qui n’est pas le cas des hormones bio-identiques”.

Durant la ménopause, la production d’hormones diminue soudainement et complètement, alors que chez les hommes, cette baisse n’est que de 1% par an. La prise d’hormones n’est certes pas une solution miracle et ne remplace pas un mode de vie sain, mais cela permet une régulation.

Faut-il forcément consulter?

“Dès qu’une femme ne se sent pas bien et qu’elle s’inquiète, c’est le moment de consulter”. Plusieurs questions seront posées: quel est votre mode de vie? Comment dormez-vous? Les hormones peuvent-elles être une solution? Souffrez-vous de sécheresse vaginale? Étes-vous confrontée à une sensation de brûlure? Avez-vous une libido moins importante? Des fuites urinaires? “Beaucoup de femmes minimisent ces problèmes, alors qu’il est possible de faire toutes sortes d’exercices ou de trouver des solutions médicales pour les réduire”.

Leen Steyaert encourage les femmes à tenir un journal de bord dans lequel elles indiquent leurs sensations et changements au niveau physique et mental. Mais aussi, de noter les médicaments et les compléments alimentaires qui sont pris.

Pourquoi ce mal-être est-il tabou?

“Tout le monde veut vieillir, mais personne ne veut être vieux. En n’acceptant pas cette ménopause, les femmes indiquent qu’elles ne veulent pas vieillir. C’est aussi un âge où elles se sentent moins désirables. Pourtant, entre 40 et 60 ans, ce sont de belles années pendant lesquelles les femmes ne devraient pas se dire qu’il est normal de souffrir.

Si les langues se déliaient autour de la ménopause, que les femmes évoquaient leurs symptômes, elles se sentiraient moins seules. Elles se rendraient compte que d’autres vivent des moments de brouillard ou d’irritabilité. “Il faut se mettre en tête que plus on parle ouvertement de la ménopause, plus les recherches pour la comprendre et élaborer des traitements et des solutions seront grandes”.

Les antidépresseurs: une solution?

“Les personnes prédisposées à la dépression ont souvent des pics en période de stress: après une grossesse, en cas de stress au travail, de discordes avec des proches… La ménopause peut également être un élément déclencheur, nous dit le Professeur Herman Depypere. S’il s’agit d’une vraie dépression, on ne pourra évidemment pas la traiter avec des hormones mais avec une approche conjointe du médecin généraliste, d’un(e) psychologue, psychiatre…”.

Une enquête a révélé que 12% des femmes s’étaient vues prescrire un antidépresseur ou un somnifère sans avoir eu le bon diagnostic

Les antidépresseurs peuvent participer à cette approche conjointe. Tout comme les hormones, elles rendent la transition plus supportable et permettront peut-être d’abandonner progressivement les antidépresseurs. “Mais les femmes qui n’ont jamais pris d’antidépresseurs qui ont un sommeil perturbé, une vie surchargée, une baisse d’énergie et un changement hormonal naturel dû à la ménopause bénéficieront d’abord d’un traitement hormonal sur mesure”. On prescrit trop souvent des antidépresseurs car les femmes ont une peur injustifiée des hormones, poursuivent les spécialistes. “Une enquête en ligne a révélé que 12% des femmes s’étaient vues prescrire un antidépresseur ou un somnifère sans avoir eu le bon diagnostic: celui de la ménopause”.

Des avantages à la ménopause?

“Je pense que oui. Beaucoup de femmes considèrent que les années entre 50 et 65 ans sont les plus heureuses. On est plus sûre de soi, on a plus d’expérience, on peut se laisser aller…”, explique Leen Steyaert. Autre point positif: l’absence de règles. Ne plus devoir contrôler son cycle hormonal est un soulagement pour de nombreuses femmes. “La vie ne s’arrête pas à la ménopause, au contraire, c’est un nouveau départ”, conclut l’infirmière spécialisée.

L’autre site à épingler
Sur Woman in Menopause, vous trouverez également de nombreuses informations pertinentes sur tout ce qui touche à la ménopause. Cette nouvelle plateforme a été spécialement conçue pour fournir aux femmes les outils nécessaires pour ne pas subir ce moment de vie, mais bien le gérer en conscience et avec force, grâce à des informations issues de la recherche, des tips pratiques et des expériences partagées par d’autres.

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