Insomnie chez les adolescents: que faire?

Par Tatiana Czerepaniak

Contrairement à ce que l’on peut croire, les (pré)adolescents peuvent eux aussi souffrir de troubles du sommeil, ce qui déséquilibre leur bien-être. Un spécialiste du sommeil nous explique tout ce qu’il faut savoir sur le sujet.

On voit souvent les ados comme de véritables marmottes dormant jour et nuit… Mais il n’est pas rare que les jeunes soient, comme leurs aînés, sujets à des troubles du sommeil. Des difficultés qui peuvent s’expliquer, selon Olivier Mairesse (professeur en somnologie au CHU Brughmman), par un changement hormonal mais surtout par un changement de rythme de vie. “Les réelles insomnies sont rares chez les adolescents. Ce qui est par contre courant, c’est qu’ils rencontrent des difficultés à s’endormir”.

Un changement de cycle peut dérégler l’horloge biologique

Il se passe un tas de choses dans le corps et dans la tête des adolescents. Et en matière de sommeil, ils sont dans une espèce de phase transitoire entre le sommeil de l’enfant et celui de l’adulte. “Comme l’adulte, leur période d’éveil est active jusque plus tard le soir, mais ils ont, comme les enfants, besoin d’autant de sommeil ou presque, c’est-à-dire 8 à 9 heures. C’est la raison pour laquelle les adolescents font très souvent des grasses matinées”, nous précise le professeur.

Ce changement de rythme peut, chez certains adolescents, causer des perturbations en termes de sommeil et d’endormissement: “Le soir, l’adolescent ne va pas forcément se sentir fatigué lorsqu’on lui dira d’aller au lit, et aura plutôt tendance à s’endormir tard et se lever tard également. En journée, il n’aura pas non plus forcément envie de bouger de sa chambre. Certains vont même jusqu’à rester couchés presque toute la journée, sans même tirer les tentures pour faire passer la lumière. Et c’est d’autant plus vrai en cette période de crise sanitaire, où certains n’ont que quelques cours en présentiel et passent donc le plus clair de leur temps dans leur chambre”, nous explique Olivier Mairesse.

Un besoin accru de contacts sociaux qui tient éveillé

Mais ce changement de cycle n’est pas l’unique facteur pouvant amener les ados et pré-ados à souffrir de troubles du sommeil, selon le spécialiste. “Les jeunes ont un grand besoin de contacts sociaux et de parler à leurs amis, pour partager avec eux des réflexions et des anecdotes. Et aujourd’hui, avec Internet et les smartphones, ils peuvent rester en contact jusque tard le soir avec leur bande. Le problème, c’est que cette connectivité va créer une sorte d’hypervigilance, empêchant l’adolescent d’entrer dans la phase d’endormissement”.

La crise sanitaire a accentué les troubles du sommeil chez les adolescents

Depuis le début de l’épidémie, Olivier Mairesse a constaté une augmentation des troubles du sommeil chez les adolescents: “Une étude, menée sur 10.000 jeunes, démontre que leurs habitudes de sommeil ont changé: ils se couchent plus tard, se réveillent plus tard aussi et ont moins d’activité physique, ce qui perturbe leur cycle. De plus, ils sont davantage en proie à des angoisses et à des sentiments dépressifs, ce qui peut rendre leur endormissement compliqué”.

Les conseils du somnologue

Pour régler les difficultés qu’éprouverait un adolescent à s’endormir, le professeur d’université nous conseille de réguler le rythme de vie de l’adolescent en journée et de mettre en place quelques règles de vie pour le soir.

1. On fixe une heure de réveil

Peu importe quand il s’endort, il est important de réveiller le jeune à une heure fixe. Selon Oliver Mairesse, ce rituel permettra à l’adolescent de retrouver, peu un peu, un rythme de sommeil cohérent. “Un ado qui a du mal à s’endormir et qui y arrivera vers 3h du matin par exemple, va forcément se réveiller tard… Le souci, c’est qu’il va de la sorte perturber son rythme si cela se produit plusieurs fois. Pour récupérer peu à peu un cycle de sommeil correct, il sera important de faire en sorte que l’adolescent se lève à une heure fixe et pas trop tardive”.

2. En journée, on lui propose de se bouger

Pour que son corps fasse bien la différence entre le jour et la nuit, il est important de proposer à l’ado des activités qui vont le mobiliser et le fatiguer: on ouvre les tentures, on lui propose de faire un peu de sport, de jardiner avec vous dehors, d’aller à l’école à pied ou à vélo si c’est possible… Bref, de faire en sorte qu’il se bouge au maximum quand il fait jour mais aussi qu’il adopte des activités calmes le soir, invitant au sommeil.

3. On met une limite d’heure pour l’utilisation des écrans

Pour éviter que l’hypervigilance ne l’empêche de s’endormir, il est utile de fixer avec l’adolescent une heure après laquelle il lui est interdit d’utiliser son téléphone, ainsi que de pratiquer des activités trop excitantes (comme les jeux vidéo ou autre) au profit d’activités plus calmes.

4. On va au lit quand on a sommeil

Selon le spécialiste, inutile d’obliger son ado à aller au lit s’il n’a pas sommeil. “Si on lui demande d’aller se coucher à 20H, il risque de ne pas avoir sommeil et va surtout traîner dans son lit. Or, il est plutôt conseillé d’utiliser son lit pour dormir uniquement, et pas pour jouer si on souhaite qu’un enfant profite correctement de sa phase d’endormissement. De plus, il risque d’être frustré… Et on sait que la frustration et le stress empêchent de bénéficier d’un bon sommeil”.

Mais pas question de rester dans le canapé jusque tard le soir pour autant. Le tout est de trouver le juste équilibre et fixer, avec votre ado, une heure à laquelle il se sent habituellement fatigué et où il se mettra alors au lit.

Quand consulter?

Inutile de consulter un spécialiste si votre enfant a des difficultés à s’endormir quelques nuits durant. Il sera par contre utile de le faire si:

  • Cela devient chronique
  • Votre adolescent devient irritable
  • Il a des problèmes de concentration 
  • Il a des problèmes de somnolence ou est victime d’épuisement

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