thyroïde
Quelques autres symptômes sont à surveiller et doivent pousser à consulter. © Getty Images

Fatigue, prise de poids, libido en berne… Et si c’était la thyroïde?

Fatigue anormale, augmentation du cholestérol, troubles du rythme cardiaque, libido en berne, mémoire défaillante, bosse visible dans la gorge, difficulté à avaler… Et si c’était la thyroïde?

La thyroïde a beau être une glande poids-plume, elle pèse lourd dans le fonctionnement de l’organisme. Et lorsqu’elle fonctionne mal, c’est tout le métabolisme qui est déréglé!

2 scénarios possibles

  • A: Vous avez pris du poids sans avoir le moindre excès alimentaire à vous reprocher, vous souffrez de constipation, vous êtes frileuse et épuisée, vous perdez vos cheveux, votre peau “tire”, vous avez des trous de mémoire et vous vous sentez déprimée?
  • B: Vous avez perdu quatre à cinq kilos sans le moindre régime, votre transit intestinal est passé à la vitesse supérieure, vous ne supportez plus la chaleur et, malgré des insomnies à répétition, vous êtes si excitée que vous avez l’impression d’être dopée?

Que vous vous reconnaissiez en A ou en B, la question est la même: et si c’était la thyroïde? Selon qu’elle fabrique trop peu ou trop d’hormones thyroïdiennes T3 (ou triidothyronine) et T4 (ou thyroxine), en effet, cette petite glande de 10 à 20 g, en forme de papillon aux ailes déployées, située dans le cou (en dessous de la pomme d’Adam), peut faire de vous une loque ou une bombe! “Rien de plus normal, quand on sait que les hormones thyroïdiennes assurent le métabolisme de base, c’est-à-dire le contrôle des besoins et des apports énergétiques, ainsi que de la consommation d’énergie”, explique le Professeur François Jamar, des Cliniques Universitaires Saint-Luc. Il détaille: “Du cerveau au foie en passant par le cœur, l’appareil digestif, le système reproducteur et même la peau, de nombreux organes bénéficient donc de son action… ou souffrent de son dérèglement”.

1. Hypothyroïdie: le corps au ralenti

Parmi les pathologies thyroïdiennes, qui frappent surtout les femmes, les plus répandues sont ce que les spécialistes appellent les maladies de la fonction, et en particulier l’hypothyroïdie, dont on estime que 15 à 20% des femmes vont souffrir au cours de leur vie! Elle touche jusqu’à une femme sur six après 60 ans. L’ennui, c’est que cette maladie est largement sous-diagnostiquée.

Généralement due à une maladie auto-immune, la thyroïdite d’Hashimoto, qui amène l’organisme à produire des anticorps contre sa propre thyroïde, est heureusement facile à soigner: “Il suffit de prendre des hormones thyroïdiennes par la bouche, chaque matin à jeun, et les symptômes disparaissent, précise le Professeur Jamar. Même si le poids, et c’est souvent une grande déception pour les patientes, ne revient pas automatiquement à la normale”.

L’environnement y est pour quelque chose

Pourquoi l’hypothyroïdie est-elle de plus en plus fréquente? “Dans la mesure où notre génétique met des siècles à se modifier, les causes sont forcément environnementales, tranche le Dr Philippe Veroli, auteur du livre Le guide complet de l’hypothyroïde. À commencer par la pollution, les produits toxiques dont nous sommes quotidiennement inondés, les métaux lourds qui s’accumulent dans notre organisme, les perturbateurs endocriniens, les nitrates dans l’eau potable… Et puis notre mode de vie: nous mangeons mal et trop, nous sommes trop sédentaires, nous sommes stressés… et tout cela contribue à dégrader notre santé globale – et notre santé thyroïdienne en particulier”.

2. Hyperthyroïdie: le corps en surmenage

L’inverse de l’hypothyroïdie, c’est l’hyperthyroïdie. Là encore, la cause la plus fréquente est une maladie auto-immune, la maladie de Basedow. Mais cette fois, les anticorps produits par l’organisme stimulent le fonctionnement de la thyroïde au lieu de le contrecarrer. “Moins fréquente, mais plus spectaculaire que l’hypothyroïdie, l’hyperthyroïdie entraîne parfois une véritable ‘tempête thyroïdienne’, avec défaillance cardiaque, hyperthermie et détérioration progressive des fonctions cérébrales, hépatiques, etc.”, remarque le Professeur Jamar. Grâce à l’accélération du diagnostic, cette situation extrême, qui justifie une hospitalisation aux soins intensifs, est de plus en plus rare.

Le cœur durement touché

Lorsque leur hyperthyroïdie reste modérée, certaines femmes hésitent à se faire soigner, non seulement parce qu’elles maigrissent sans effort, mais aussi parce qu’elles ont plus de tonus qu’à l’ordinaire: “Une femme légèrement hyperthyroïdienne se sent en superforme, pleine d’énergie et capable, au propre comme au figuré, de soulever des montagnes. J’ai eu une patiente hyperthyroïdienne qui a fait l’Himalaya! Mais, à la longue, l’hyperthyroïdie est nocive pour le cœur. C’est pourquoi un traitement s’impose”.

Traitement médicamenteux d’abord, à base d’antithyroïdiens de synthèse. Si la réaction de la thyroïde est nulle ou insuffisante, il faut envisager de procéder à une thyroïdectomie ou de détruire la thyroïde avec de l’iode radioactif. Ce qui oblige évidemment à prendre des hormones thyroïdiennes à vie…

Les adaptations nutritionnelles

La thyroïde a besoin de vitamines et de minéraux, qui manquent, au moins partiellement, à beaucoup d’entre nous: sélénium, magnésium, zinc, vitamines du groupe B, vitamines D, A et E.

Pour préserver votre thyroïde, le Dr Philippe Veroli conseille de:

  • Privilégier les aliments qui ont une densité nutritionnelle élevée: fruits et légumes, oléagineux secs (noix, amandes, noisettes), produits de la mer, poissons et viandes blanches, œufs, céréales complètes.
  • Freiner sur les aliments à faible densité nutritionnelle: pâtes, riz et pains blancs, aliments transformés industriels, viennoiseries, sucreries.
  • Opter pour la bonne huile: de l’huile de colza ou de noix pour vos assaisonnements et de l’huile d’olive pour la cuisson.
  • Miser sur les épices: curcuma, gingembre, cannelle, etc.

À côté, on n’oublie pas de bouger suffisamment, en marchant au minimum 30 minutes par jour.

L’iode, le carburant de la thyroïde

À côté de ces deux maladies de la fonction, la thyroïde présente aussi des maladies dites de la forme. “À commencer par le goitre diffus ou endémique, qui apparaît surtout dans les régions où l’apport en iode est extrêmement faible: certaines parties de l’Afrique, par exemple”. Cet oligoélément, que la thyroïde capte dans notre alimentation, est nécessaire à la production des hormones thyroïdiennes. Quand il fait défaut, la thyroïde essaie de compenser en travaillant davantage, et elle finit par augmenter de volume. “En Belgique, l’apport en iode n’est que de 10 à 20% inférieur au taux recommandé, de sorte qu’on ne voit pas de goitres importants”, souligne François Jamar. Mais une femme sur cinq environ présente une légère hypertrophie du cou, pas vraiment inesthétique, mais visible”. Que faire? “À la différence d’autres pays, la Belgique n’ajoute pas encore d’iode dans son eau de distribution. Mais vous pouvez utiliser du sel iodé au lieu de sel ordinaire, et surtout manger des produits de la mer: poissons, crustacés…”.

Assez d’iode? Faites le test

Pour une première évaluation rapide, badigeonnez un carré de votre peau (10x10cm) avec de la teinture d’iode (disponible en pharmacie). Si la tache disparaît en 24 heures, c’est que vous manquez sérieusement d’iode. Si son absorption prend quatre ou cinq jours, votre corps dispose probablement d’assez d’iode. Une évaluation plus précise est donnée par le dosage d’iode dans les urines.

Nodules thyroïdiens: chauds ou froids?

Il arrive aussi que des protubérances, les nodules thyroïdiens, se forment sur la glande thyroïde. Lorsque ces nodules sont très petits (2 à 3 mm) et ne causent aucun symptôme, le médecin se contente habituellement de les surveiller. Ceux qui sont ou deviennent plus gros, par contre, nécessitent un examen par ponction et/ou scintigraphie (qui permet notamment de distinguer les nodules “chauds”, presque toujours inoffensifs, des nodules “froids”, cancéreux dans 10% des cas). Quant un nodule non cancéreux est trop volumineux pour être laissé en place, il est possible de n’enlever chirurgicalement qu’un seul des deux lobes de la thyroïde — celui qui contient le nodule — de manière à préserver la fonction de la glande. En cas de cancer, par contre, l’ablation complète de la glande est indispensable.

Un mauvais diagnostic des médecins

L’ennui, c’est que cette maladie est largement sous-diagnostiquée. Beaucoup de ses symptômes sont si banals, que le généraliste ne pense pas toujours à la thyroïde. Et, même s’il décide de faire pratiquer un dosage sanguin de la TSH (hormone sécrétée par l’hypophyse et entraînant la sécrétion des hormones thyroïdiennes), le résultat n’est pas forcément révélateur, car la fourchette de normalité est (trop) large: “Si votre TSH est comprise entre 0,3 et 4 milli-unités internationales par litre de sang (mUI/L), le médecin conclut que vous n’avez pas d’hypothyroïdie, explique le Dr Philippe Veroli. Alors qu’à l’intérieur de la fourchette ‘officielle’ de normalité, chaque personne a son propre taux ‘normal’de TSH”.

Résultat: de nombreuses personnes présentant des symptômes d’hypothyroïdie avec un taux de TSH dit normal ne sont pas prises en charge: “Trop de patients reçoivent, pour leurs différents symptômes, des traitements différents parfois prescrits par des spécialistes différents, alors qu’il suffirait de soigner leur thyroïde pour que tout rentre dans l’ordre!”.

Cancer thyroïdien en augmentation

Le cancer thyroïdien a été multiplié par trois au cours des quarante dernières années. Cette évolution ayant commencé dans les années 1970, l’accident de Tchernobyl, survenu en 1986, semble hors de cause. Mais qu’en est-il de nos sites nucléaires? La fréquence des cancers thyroïdiens à Fleurus, supérieure à la moyenne wallonne, s’explique-t-elle par la présence dans cette région de l’Institut des Radioéléments? Pour François Jamar, il ne faut pas sauter aux conclusions: les grandes disparités existant notamment entre les différentes régions du pays — il y a deux fois plus de cancers de la thyroïde en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre — suggèrent que d’autres facteurs entrent également en ligne de compte. En attendant, le cancer thyroïdien est un de ceux qui se soignent le mieux.

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