Cancer du sein: les questions que vous n’osez pas poser
Christelle, patiente en rémission, et Fabienne Liebens, professeure à la clinique du sein à Bruxelles, répondent aux questions que l’on s’est toutes posées sur le cancer du sein.
On s’imagine que ça n’arrive qu’aux autres. Et pourtant, une femme belge sur huit sera confrontée au cancer du sein avant l’âge de 75 ans. Des chiffres qui mettent en exergue des questions que l’on se pose toutes concernant cette maladie mais que l’on préfère souvent taire, un peu comme si y penser allait nous porter malheur. Christelle, en rémission depuis quatre ans, et la professeure Fabienne Liebens, chef de la clinique du sein au CHU Saint-Pierre, lèvent le voile sur le sujet. Examens, traitements, sexualité, vie de famille, travail mais aussi peur de la mort, ces deux femmes nous disent la vérité, rien que la vérité.
8 questions sur le cancer du sein
Nous avons recueilli vos questions afin de les poser aux deux femmes.
“Les examens et traitements sont-ils douloureux?”
“À l’heure actuelle, la douleur physique est bien prise en charge, avec ce qu’il faut d’anesthésie et d’antidouleurs”, rassure Fabienne Liebens. Selon la spécialiste, cela ne doit plus faire mal et la douleur est souvent le signe d’une mauvaise prise en charge. “Les douleurs surviennent en général en cas de maladies évolutives avec, par exemple, des métastases osseuses”.
Attention cependant de ne pas confondre douleur et effets secondaires tels que les nausées, les courbatures, la bouche sèche, les réactions allergiques, ou encore avec souffrance psychique. “Il y a bien sûr la peur de mourir, reconnaît Fabienne Liebens, mais aussi la peur de l’inconnu. Nous la prenons au sérieux également en rassurant, en expliquant, en étant présents… Il faut souligner le rôle important des infirmières coordinatrices et des psycho-oncologues de nos équipes pluridisciplinaires”.
“Quelles conséquences des traitements sur la sexualité et la vie de couple?”
Selon Christelle et la professeure Liebens, le cancer du sein a de lourdes conséquences sur la santé sexuelle, d’autant que la maladie survient souvent après la ménopause: “Le cancer ne fait alors qu’accentuer les problèmes déjà présents, tels que la baisse de libido, la sécheresse vaginale… Les femmes sont nombreuses à jeter l’éponge à ce moment-là”. Mais pour la spécialiste, des solutions sont à notre portée: “Il existe en pharmacie des lubrifiants à action uniquement vaginale. Si on avait une sexualité active avant le cancer, il est possible de la conserver après, mais peut-être pas pendant, en raison de la fatigue”.
Christelle plussoie: “Il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin ou à consulter un sexologue. Ils accompagnent généralement avec beaucoup de bienveillance, et ne pas oublier qu’on se bat contre la maladie. Personnellement, je trouve qu’avoir des moments intimes avec son/sa partenaire est aussi une bonne manière de se sentir toujours une femme. Le plus gros problème, selon moi, est que le corps ne suit plus forcément”.
“Que dire à mes enfants?”
“Les patientes pensent qu’elles doivent gérer ce problème seules”, regrette Fabienne Liebens, “Alors que les équipes de soin sont aussi là pour les accompagner dans ce cheminement. L’idéal est d’en parler à son enfant une fois le choc passé, quand on a récupéré un peu de forces, en lui expliquant la maladie en termes simples et adaptés à son âge. Sachez que les enfants, même les plus petits, sont capables d’encaisser les mauvaises nouvelles et de se montrer très soutenants”. Il est pourtant tentant de ne rien dire à ses proches, de peur de les angoisser.
“Pourquoi dois-je subir une opération, une chimio et des rayons alors que ma voisine n’a qu’une opération?”
“Toutes les femmes qui ont un cancer du sein n’ont pas le même traitement, car chaque cancer est différent”, explique Fabienne Liebens. En effet, le traitement dépend de la taille, de la localisation et de la biologie de la tumeur.
Selon la spécialiste, il est aussi faux de croire que l’ablation du sein est l’indication d’un cancer plus grave: “Un pré-cancer peut donner lieu à une mastectomie… Tout dépend de l’emplacement de la tumeur”. La cheffe de clinique assure aussi que la tendance actuelle est de sauver au maximum le sein, d’autant que le taux de survie est quasi identique lorsqu’on sauve le sein que lorsqu’on subit une ablation.
“Combien de temps vais-je devoir arrêter de travailler?”
Encore une fois, cela dépendra de la patiente, de sa fatigue et de son état de santé général. “Certaines ne s’arrêtent pas de travailler, d’autres reprennent le plus vite possible… Et pour d’autres, le chemin sera plus long. Mais en général, il faut compter entre trois mois et deux ans, dans le cas de thérapies de plus longue durée”.
“Vais-je prendre du poids?”
“C’est effectivement souvent le cas, prévient Fabienne Liebens. La fatigue, qui empêche l’activité physique, la prise de cortisone, prescrite contre les allergies dans la majorité des chimiothérapies, et les traitements d’hormonothérapie peuvent faire grossir”. Christelle a pris 25 kilos pendant la maladie: “On me dit que j’ai bonne mine, mais il faut les porter, ces kilos. Je suis d’ailleurs très en colère contre la maladie d’avoir pris ces kilos”.
“Vais-je perdre mes cheveux?”
Pour un cancer du sein traité par chimiothérapie, les cheveux tombent effectivement. “Généralement au bout de deux ou trois séances”, nous confie la professeure, qui précise que les cils et les sourcils suivent rapidement le même chemin.
“Vais-je mourir?”
Le cancer du sein se guérit bien aujourd’hui. C’est d’ailleurs l’un des cancers les mieux soignés: si l’on découvre 10.000 cancers du sein par an en Belgique, 75% des femmes en sortent guéries. L’autre point positif: le taux de récidive, qui est de plus en plus bas. “À ce jour, près de 90% des femmes ayant eu un cancer du sein ne récidivent jamais. Mais les chances de survie dépendent surtout du moment où le cancer est découvert”. En effet, une prise en charge tardive rend les traitements moins efficaces, et malgré la recherche, certaines formes de cancer sont hélas plus agressives que d’autres. Comme le triple négatif découvert chez Christelle: “C’est un cancer agressif, reconnaît Fabienne Liebens, mais il répond bien à la chimiothérapie”.
Un conseil donc: se faire dépister chaque année, dès l’âge de 40 ans. Car ces chiffres rassurants ne doivent pas banaliser le parcours des femmes touchées par le cancer: “Les gens ont l’impression que le cancer du sein est comme une grippe, regrette Christelle. C’est faire l’impasse sur l’angoisse personnelle et sur le fait que c’est un cancer sournois qui peut toujours revenir”.
Plus d’articles sur le cancer du sein
- Cancer du sein: comment pratiquer l’autopalpation?
- Témoignage: “J’ai eu un cancer du sein à 27 ans”
- Allaiter réduit-il les risques de cancer du sein?
Vous ne voulez rien louper de nos news mode, beauté, déco, voyages? Vous cherchez des conseils psycho, sexo, santé pour être au top en tant que femme et/ou que maman? Suivez-nous sur Facebook et Instagram et inscrivez-vous à notre newsletter.