Aline Zeler: “En foot féminin belge, il est impossible de vivre de ce métier”

Le football, un sport d’hommes? Plus tout à fait! En Belgique, les femmes sont 40.400 à enfiler la vareuse, sur et au bord des terrains. Aline Zeler, ex-capitaine de l’équipe nationale, nous raconte sa passion pour le ballon rond.

Aline Zeler a marqué l’histoire du football féminin belge grâce à son rôle d’ancienne capitaine des Red Flames. En 2021, elle continue de laisser son empreinte en devenant la coach de l’équipe féminine du Sporting de Charleroi. Retour sur son parcours.

Des débuts avec les garçons

C’est à l’âge de 6 ans qu’Aline Zeler s’initie au football, dans le club où jouaient ses voisins. “J’allais les voir tous les samedis. Un jour, alors que je shootais dans la balle à la mi-temps, le président m’a dit: ‘Tu viens toutes les semaines, pourquoi on ne t’inscrirait pas? Au moins, tu participerais!’ C’est ainsi que l’aventure a débuté”. Jusqu’à ses 15 ans, elle joue avec les garçons. Puis, conformément au règlement, la joueuse a dû s’orienter vers une équipe féminine. “Dans la mienne, il y avait des filles de 15 ans, mais aussi des dames de 40 ans, qui travaillaient. En parallèle, je faisais du mini-foot à un bon niveau et je suivais mes études en éducation physique à Virton”.

L’entrée dans le monde professionnel

C’est à 21 ans qu’Aline Zeler est recrutée par le Standard Femina, qui évoluait déjà en Division 1. À côté, la jeune femme continue de donner cours dans l’enseignement spécialisé à Bastogne. “Pendant 2 ans, j’ai fait la route deux fois par semaine le soir, après le boulot, de Bastogne vers Liège pour m’entraîner, et on jouait des matches tous les samedis. J’ai jonglé ainsi durant des années entre ma carrière de footballeuse – au Standard, à Anderlecht, à Saint-Trond, au PSV Eindhoven (Pays-Bas) et pour l’équipe nationale”. Tout cela en continuant de travailler à mi-temps dans l’enseignement ou en tant que magasinière pour une entreprise de jeux de société, et aussi comme membre de l’Union Royale Belge des Sociétés de Football-Association (URBSFA). “Parce qu’au football, nous  n’étions pas rémunérées. J’ai dû compléter avec un deuxième mi-temps au sein de la Fédération belge de football pour le développement du football féminin. Le reste du temps, je m’entraînais et je disputais des matchs”.

Une double vie pour pouvoir vivre

Pour que ça marche, la joueuse s’astreint à une discipline exigeante et à une organisation réglée comme du papier à musique pour mener de front chaque aspect de sa carrière. “Je voulais à la fois être au top en foot et irréprochable auprès de mes employeurs, car il est impossible de ne vivre que des primes de matchs lorsqu’on a une maison à payer, une voiture, une famille… Je n’aurais pas eu à le faire si les femmes avaient eu droit à la même structure que les hommes depuis le début. On réclame cette égalité depuis tellement d’années!”, avoue-t-elle.

De joueuse à entraîneuse, il n’y a qu’un pas

“Je suis contente d’avoir été une des ambassadrices du développement du foot féminin”. À 36 ans, elle met un terme à sa carrière de joueuse professionnelle. Aujourd’hui, elle coache l’équipe féminine du Sporting de Charleroi et est consultante pour différents médias. “Je suis obligée de toucher à tout dans le sens où, au niveau salarial, on n’égale pas encore les hommes, alors qu’on a la même valeur. J’espère que les choses vont changer…”, conclut cette ex-joueuse nationale de talent.

Retrouvez également le portrait de Janice Cayman, Soulier d’Or 2017, dans le Femmes d’Aujourd’hui de cette semaine, disponible en librairie du 10 au 16 juin.

Plus d’articles sport

• Tessa Wullaert remporte pour la troisième fois le Soulier d’Or, retour sur son parcours
• Adapter son entrainement en fonction de son cycle menstruel: un secret appliqué par les joueuses américaines
• Pourquoi se sent-on belge lorsqu’on regarde un match de foot?

Vous ne voulez rien louper de nos news mode, beauté, déco, voyages? Vous cherchez des conseils psycho, sexo, santé pour être au top en tant que femme et/ou que maman? Suivez-nous sur Facebook et Instagram et inscrivez-vous à notre newsletter.