Un travailleur sur deux est à bout à cause du confinement
Le déconfinement progressif a commencé, la vie reprend tout doucement son cours, mais le télétravail et le chômage temporaire sont encore d’actualité pour de nombreux Belges. Une situation qui pèse sur leur moral.
Dès le début du confinement, en mars 2020, des psychologues avaient mis en garde contre de potentiels effets négatifs de la quarantaine sur notre santé mentale. Après un mois passé à la maison, ces craintes se confirment: “Près de la moitié des travailleurs semblent souffrir d’anxiété et de dépression depuis l’entrée en vigueur des mesures pour lutter contre le coronavirus”. Les chiffres sont issus d’un sondage mené sur 6500 travailleurs belges par la KUL et IDEWE, société active dans la prévention et la protection au travail.
Pression et dépression
48% des travailleurs interrogés souffrent d’anxiété et/ou de dépression, à petite ou grande échelle, et ils ressentent au moins deux des problèmes évoqués ci-dessous:
- 53% ont l’impression d’être non-stop sous pression.
- 41% ont un sommeil perturbé à cause des inquiétudes qui les travaillent.
- 40% ont le sentiment d’être déprimés et malheureux.
- 26% ont l’impression de ne pas arriver à gérer toutes les difficultés qu’ils rencontrent.
Quels sont les secteurs les plus touchés?
Tous les secteurs de travail ne sont pas touchés à la même échelle. Les secteurs des soins et l’alimentaire sont les plus sujets à l’anxiété et à la dépression avec 56% de concernés. Vient ensuite celui des “secours” (51%). “Le personnel des soins de santé et de l’alimentation a déjà tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, non seulement en raison de la forte pression au travail et des conditions de travail difficiles, mais aussi par crainte de tomber malade et de contaminer d’autres personnes”, explique Lode Godderis, professeur de médecine du travail à la KUL.
Si l’on observe le tableau ci-dessous, on remarque que les trois premiers secteurs sont essentiels dans cette lutte contre la Covid-19. Même si tous les secteurs semblent touchés.
6 Belges sur 10 satisfaits de leur travail
Avec le temps, les travailleurs voient leur efficacité de télétravail diminuer (38%). Après un mois de confinement, ils sont 61% à éprouver une certaine satisfaction vis-à-vis de leur travail.
Mixer famille et travail est compliqué
Pour presque l’entièreté des employés qui télétravaillent, le travail à domicile n’a pas été volontaire mais imposé. Cela a impliqué de réunir “emploi” et “vie de famille” sous un seul et même toit. Un quotidien chamboulé qui laisse transparaître quelques complexités, et qui diffère en fonction de la situation familiale.
- Les personnes seules avec enfant(s) à charge ressentent le plus souvent un sentiment de dépression et d’anxiété (54%).
- Il est de 49% pour les personnes en couple avec enfant(s).
- Et de 42% pour les personnes en couple sans enfant.
“Les travailleurs qui ont des enfants à charge souhaitent à la fois préserver leur efficacité au travail et assumer leur rôle de parents, mais la situation rend cette combinaison très complexe, détaille Lode Godderis, professeur de médecine du travail. Elle s’accompagne de stress et de frustrations. Mais il est normal de ressentir ces sentiments, vous n’êtes pas seul. Le plus important est de ne pas en rester prisonnier. Évaluez la situation semaine après semaine et passez des accords concrets à cet égard avec vos collègues et supérieurs hiérarchiques”.
Vous pourriez peut-être demander d’aménager votre temps de travail différemment, commencer plus tôt et terminer plus tôt par exemple, histoire de passer la fin de la journée avec vos enfants ou de vaquer à vos occupations.
Moins de ressources
Le confinement a modifié les journées des travailleurs. S’éloigner de la routine quotidienne qui était établie depuis des années peut faire peur. D’ailleurs, 38% des travailleurs voient ces changements comme quelque chose de négatif. Ils ressentent au moins trois problèmes sur les six suivants:
- Ils sont 50% à avoir plus de mal à se concentrer lors de leurs occupations.
- Leurs activités quotidiennes leur procurent (beaucoup) moins de plaisir (43%).
- 43% se sentent moins heureux.
- 37% ont l’impression d’être moins occupés que d’habitude.
- 22% disent que prendre une décision est plus compliqué.
- 14% ont beaucoup de mal à faire face à un quelconque problème, même anodin.
Les personnes au chômage sont-elles plus heureuses?
Non, le fait de ne pas travailler n’est pas d’un grand secours, bien au contraire. Moins une personne travaille, plus elle éprouve un sentiment d’anxiété. “Ainsi, 45% des personnes au chômage technique partiel se portent moins bien, et ce pourcentage grimpe à 49% chez les personnes au chômage technique total”, révèle l’étude. Dans la même lignée, “62% des personnes qui travaillent encore pleinement se disent satisfaites de leur travail. Cette satisfaction chute à 50% chez les personnes au chômage technique partiel en raison de la crise. Seul 1 participant sur 3 au chômage technique total se dit satisfait de son travail”.
“Travailler joue énormément sur notre état d’esprit”
“Malgré la pression au travail élevée et les conditions de vie difficiles qui provoquent inévitablement du stress et de l’anxiété, cette étude montre que le fait de travailler joue énormément sur notre état d’esprit”, affirme Lode Godderis. Et de préciser: “Le travail continuera à avoir des répercussions importantes sur notre santé mentale même après la crise, et travailler en toute sécurité peut prévenir les problèmes de santé mentale. C’est pourquoi il est déjà important pour les entreprises d’avoir une discussion avec leurs employés concernant la manière dont elles veulent gérer la reprise du travail en toute sécurité. Invitez les travailleurs à y réfléchir aussi. Cette démarche favorise une plus grande implication et donc une adhésion aux règles plus concrète et plus efficace”.
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