Témoignages: “À la rentrée, mes plaques d’eczéma reviennent et j’ai une boule dans le ventre”
Certains élèves découvriront la rentrée pour la première fois, d’autres y sont habitués mais pas moins stressés pour autant. C’est également le cas de certains enseignants qu’on a rencontrés.
Enseignantes depuis plus de trente ans ou moins de dix ans, peu importe, le constat est le même: une petite montée de stress se fait ressentir quelques jours avant la rentrée. La raison principale? Une plongée dans l’inconnu chaque première semaine de l’année. Nouvelles classes, nouveaux élèves, nouveaux cours, actualisation des cours, nouveaux horaires… Les enseignants sont soumis à beaucoup de changements et doivent s’adapter en peu de temps.
Le stress, même après 30 ans de métier
“Mon entourage ne le remarque peut-être pas, mais tous les ans, je suis stressée avant la rentrée. Je me dis toujours que la semaine qui précède sera un peu cafardeuse. Même après plus de trente ans dans l’enseignement, il y a encore beaucoup d’interrogations sur l’année qui arrive”, avoue Catherine*, 58 ans, professeure d’éducation physique en secondaire dans le Hainaut.
Le corps réagit au stress
“Cette année, c’est ma neuvième rentrée scolaire et le stress sera présent, comme chaque année”, avance Marie*, 31 ans, professeure de sciences économiques dans une école secondaire. À partir du 15 août, l’évasion et la relaxation laissent place à l’appréhension. “Je réussis à déconnecter complètement pendant les vacances et à me détendre, mais à l’approche de la rentrée, mes plaques d’eczéma reviennent légèrement et j’ai une petite boule dans le ventre”. Malgré tout, à côté de cette angoisse, la curiosité positive s’installe. “Je me demande comment vont être mes classes, quel sera mon horaire…”
Peur de ne pas avoir de place
Pendant seize ans, Catherine s’est systématiquement demandé si elle pourrait donner cours. N’étant pas nommée, elle n’était pas assurée d’avoir une place à la rentrée. Pour être engagés à titre définitif, les enseignants doivent être nommés. “C’était très angoissant. Je me demandais si j’allais pouvoir continuer à enseigner dans la même école. Si pas, je me demandais où j’allais me retrouver…”. Pour elle, chaque début d’année était une plongée dans l’inconnu.
Je me dis toujours que la semaine qui précède sera un peu cafardeuse
Aujourd’hui nommée, la professeure d’éducation physique a malgré tout une petite pointe de stress qui apparaît fin août, qui diminue toutefois au fil des rentrées.
Nouvel horaire, nouvelle organisation
Pour de nombreux métiers, l’emploi du temps ne change pas. Après les vacances, c’est un retour en terre connue. Pour les enseignants, par contre, le planning varie d’une année à l’autre. “Je suis stressée d’avoir, par exemple, 8 heures de cours pour commencer le lundi. Je démarre alors la semaine fatiguée“, explique la prof d’éducation physique. Ou je redoute d’avoir un ‘horaire coupé’ tous les jours, c’est-à-dire cours le matin et puis cours en fin de journée. Ces heures de fourches où je reste à l’école me servent à préparer mes cours, mais elles ne comptent pas dans mon nombre d’heures prestées”.
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Se réinventer
Être enseignant, c’est se réinventer non-stop. C’est créer de nouveaux cours, en respectant le programme et en tenant compte des événements extérieurs. “Il faut sans cesse varier les apprentissages, parce qu’il y a des élèves que j’ai durant trois ans, donc il faut se renouveler. Mais il n’y a rien de mieux, lors de la remise de diplômes des rhétos, d’entendre les élèves dire: ‘on a adoré nos trois années avec vous car on a fait plein d’activités et sports différents.'”
Motiver les élèves, un défi indispensable
Chaque année est un nouveau départ. “Je vais commencer ma neuvième année d’enseignement et je n’ai eu qu’une fois la chance de ne pas avoir de nouveaux cours à préparer. Mais même pour les cours qu’on a déjà donnés, il faut les mettre à jour, les améliorer, les adapter en fonction de nos classes…”, décrit Marie, professeure de sciences économiques.
Je sais que je suis assez stricte au début de l’année, et puis cela s’adoucit au fil du temps
Et puis, le métier d’enseignant est un travail d’interactions avec les élèves. “Certaines classes peuvent être chahuteuses. On doit alors jouer au gendarme. D’autres, au contraire, sont parfois très passives et on doit leur tirer les vers du nez. Parce qu’être prof, ce n’est pas simplement donner son cours de façon magistrale, tel un manager qui ferait une présentation devant son équipe. Il faut essayer de les faire participer, s’assurer qu’ils ont tous compris… Et c’est aussi cela qui peut être stressant”.
Une passion avant tout
Malgré ce stress et les adaptations régulières, enseigner est un métier de passion. “J’adore mon métier. En début d’année, dès que je retrouve des élèves que je connais, la motivation revient. C’est gai d’apporter un savoir à un élève, de voir qu’il t’apprécie…”, raconte la prof d’éducation physique.
Et puis il y a les nouveaux élèves. “Évidemment, il y a toujours une appréhension au moment de les rencontrer. Je sais que je suis assez stricte au début de l’année, et puis cela s’adoucit au fil du temps. Je laisse place à l’humour et à la bienveillance. Mais si je ne suis pas autoritaire dès le début, je sais que je vais me faire bouffer. Cela, je l’ai appris avec l’expérience”, conclut-elle.
*Prénoms d’emprunt
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