amour 22 ans d'écart — L'amour n'a pas d'âge! © Pexels/Spora Weddings

Psycho

Témoignage: “Mon homme a 22 ans de moins que moi”

Par La rédaction

31 décembre 2024

Marie* a 60 ans, Léo* 38. Ils sont ensemble depuis 6 ans et n’imaginent pas leur vie l’un sans l’autre. Même si les doutes concernant leur futur peuvent surgir, ils se rattachent à la phrase qui leur correspond le mieux: “L’amour n’a pas d’âge.”

“‘Vous voulez une photo avec votre maman?’ a un jour demandé un photographe à mon compagnon… Bien sûr, vu notre différence d’âge, je comprends la confusion. Léo a juste répondu: ‘Oui, merci’, en m’entraînant devant l’objectif. En rentrant, nous avons bien ri: ‘S’il savait qu’on partage le même lit!’ Mais je me suis demandé pourquoi Léo n’avait pas dit la vérité. En réalité, c’est très simple: s’il l’avait fait, un silence gênant se serait installé. Le fait qu’un homme d’un certain âge s’affiche avec une femme beaucoup plus jeune est considéré comme normal.

Le véritable amour n’est pas une question de chiffres.

Quand les rôles s’inversent, les gens sont souvent dans le jugement: ‘Elle doit faire sa crise de la cinquantaine’ ou ‘Elle a du mal à accepter de vieillir.’ Quant à Léo, ils pensent qu’il est avec moi pour mon argent (alors que je n’en ai pas) ou qu’il a sans doute des soucis avec sa mère… Ils n’arrivent pas à croire qu’on s’aime, tout simplement. Pourtant, le véritable amour n’est pas une question de chiffres, mais d’amour, de respect, de plaisir partagé. Et ça, c’est ce qui nous rassemble.”

Un coup de cœur en ligne

“J’ai rencontré Léo sur un site de rencontres, il y a 6 ans. Quand j’ai vu sa photo, je l’ai trouvé bel homme, mais il était incontestablement plus jeune que moi. J’imaginais qu’il avait entre dix et quinze ans de moins. J’ai cliqué sur le profil et j’ai lu: ‘32 ans.’ Je suis restée sans voix. J’avais 54 ans. Il avait donc 22 ans de moins. Honnêtement, j’ai hésité à aller plus loin. Allait-il me trouver trop vieille ou ridicule? Mes doutes ont disparu quand j’ai reçu un petit message de sa part: ‘Hello, j’ai vu passer ta photo et tu me plais beaucoup.’

L’âge n’est qu’un ombre

Les semaines qui ont suivi, on a discuté tous les jours. Je lui ai confié mes déboires amoureux, mon divorce… Et je lui ai dit que j’avais deux filles. J’ai d’emblée joué cartes sur table pour qu’il n’ait pas de raison de prendre ses jambes à son coup par la suite. Car oui, je commençais à en pincer pour lui. Plus je le découvrais, plus je l’appréciais. De son côté, Léo m’a expliqué qu’il avait déjà eu une relation avec une femme de son âge, mais qu’il avait eu l’impression de ne pas être à sa place. Il avait ensuite eu une relation avec une femme un peu plus âgée et il s’y était senti beaucoup plus à l’aise. Du coup, il ne me trouvait pas trop vieille… Et il a fini de me convaincre en me rappelant que l’âge n’est qu’un nombre!

Pendant six semaines, les messages se sont succédé jusqu’à ce que Léo demande qu’on se rencontre. Mon cœur criait ‘oui’, mais ma tête me retenait. Qu’est-ce que les gens allaient penser? Et si je tombais amoureuse? Est-ce possible qu’une femme de plus de 50 ans sorte avec un homme de moins de 40 ans? Une amie m’a rassurée: ‘Laisse les gens dire. Va à ce rendez-vous et amuse-toi. Si tu refuses, tu risques de le regretter.’ Heureusement, je l’ai écoutée.”

Les regards des autres, un obstacle

“J’avais envie de vivre notre histoire au grand jour, mais je ne savais pas si les gens comprendraient. J’avais le cœur serré quand je suis allée voir mes filles, qui n’ont que quelques années de moins que Léo, et que je leur ai dit que j’avais un nouveau compagnon. ‘Nous nous sommes rencontrés sur un site de rencontres. Mais il est beaucoup plus jeune, il a 33 ans.’ Ma fille aînée est restée muette, alors que la plus jeune n’avait qu’une question: ‘Es-tu heureuse?’ Oui, je l’étais et je ne l’avais plus été depuis des années. ‘C’est le plus important, m’a-t-elle dit. Je suis contente pour toi.’ Ma plus grande a mis plus de temps à s’habituer à notre couple. Mais après nous avoir vus ensemble plusieurs fois, elle s’est rendu compte que notre amour était réel. Heureusement, car je ne sais pas si j’aurais pu rester avec Léo si mes enfants n’avaient pas soutenu notre relation.

Je n’ai osé lui tenir la main en public qu’après plusieurs mois.

Les présentations avec notre entourage se sont faites naturellement. Je me souviens d’une soirée où, au début, mes amis ne disaient rien. Mais plus les heures passaient, plus les langues se déliaient. ‘Si tu fais du mal à Marie, tu auras affaire à nous’, plaisantaient-ils. Léo comprenait leurs doutes, mais il était sûr de lui, aimant et charmant. Il a conquis tout le monde.

C’était plus compliqué dans l’espace public. J’avais l’impression que les gens nous dévisageaient. Avec du recul, je me dis que c’était sans doute dans ma tête… Ce n’est qu’après quelques mois que j’ai osé tenir la main de Léo quand on se promenait dans la rue.”

Zéro tabou

“Même si nous avons une belle complicité, l’écart d’âge peut se faire ressentir. C’est le cas pour notre sexualité. Léo est plus demandeur que moi, il est encore dans la fleur de l’âge. Nous faisons l’amour, mais mon appétit a diminué. Il a fallu qu’on trouve notre équilibre. On en a beaucoup discuté, car on souhaite n’avoir aucun tabou.
Pareil pour le désir d’enfant. Lorsqu’on s’est mis ensemble, j’avais déjà deux filles et il était hors de question que je tombe enceinte. Je ne le lui ai jamais caché. Mais une envie de paternité a surgi chez lui. On en a parlé. Heureusement, il a changé d’avis: il n’a finalement pas envie de donner naissance à un enfant dans ce monde fait de guerres, de réchauffement climatique… Il craint de lui offrir un triste avenir. Et puis entre-temps, j’ai eu quatre petits-enfants et Léo les adore.”

Les passions comme lien

“Excepté ces sujets, j’ai rarement l’impression qu’il est plus jeune que moi. Je continue de faire du sport, alors que lui ne bouge pas le petit doigt (rires). Et puis physiquement, avec sa barbe, il fait un peu plus âgé. De mon côté, je me considère chanceuse de n’avoir presque aucune ride et pas un cheveu blanc.

Ce qui nous lie, ce sont nos passions et nos envies. Nous aimons tous les deux voyager. Et puis Léo est devenu fan de salsa, comme moi. Durant notre premier été ensemble, je l’ai emmené à un festival. Pendant que je dansais, il m’observait. À la fin de la soirée, il m’a dit: ‘Dans un an, nous serons ensemble sur la piste de danse.’ Et il a tenu parole.”

Vivre au jour le jour

“Nous n’avons pas de boule de cristal pour voir ce que le futur nous réserve. Pour l’instant, on ne vit pas ensemble, même si Léo passe la plupart du temps chez moi. Il souhaite garder son appartement en ville. Il aime y être seul et c’est pratique lorsque nous sortons le week-end. Finalement, c’est très bien comme ça. Et puis je ne rajeunis pas, alors que Léo a toute la vie devant lui. Je m’inquiète parfois à ce sujet. Aujourd’hui, nos vies s’accordent facilement, mais je ne veux pas que la sienne s’arrête quand la mienne se terminera. Lui pense différemment. Les hommes de sa famille sont décédés jeunes, d’insuffisance cardiaque. Il m’a déjà dit: ‘Qui sait si je ne subirai pas le même sort…’ Mais je ne veux pas y penser. Je lui réponds juste que je serai là pour lui. L’amour, c’est être là l’un pour l’autre, c’est être heureux quand l’autre l’est aussi. C’est aussi ce qui rend les moments difficiles plus légers. C’est peut-être cliché, mais l’amour n’a pas d’âge.”

* prénoms d’emprunt.

Texte: Diny Thomas et Justine Leupe