“J’ai découvert que l’homme que j’aimais avait une double vie”

Notre lectrice pensait avoir trouvé l’homme idéal. Mais quelques mois après le début de leur histoire, elle découvre que celui qu’elle aime est un manipulateur qui entretient pas moins de… 5 liaisons en même temps.

Rachel* est une femme de caractère: 40 ans, rousse aux yeux pétillants, elle a le regard de celle à qui on ne la fait pas. Et pourtant, elle a été sous la coupe d’un pervers narcissique, un vrai, et a vécu pendant plus d’un an l’enfer de la dépendance affective. Jusqu’au jour où elle a découvert le pot aux roses: l’homme qu’elle aimait follement lui mentait depuis le début, et la trompait avec quatre autres femmes. Rachel nous raconte cette histoire qui a failli la détruire, et comment elle a réussi à se défaire de cette relation toxique.

Une rencontre inattendue

Rachel était maman solo depuis plusieurs années quand elle a rencontré Luc*, un trentenaire charmant et un peu réservé: “Je l’ai rencontré la première fois deux ans avant notre relation, dans le bar où j’étais serveuse. Il me regardait, fixement, et ça m’a perturbée… Tellement que je lui ai demandé d’arrêter. Quelques années plus tard, je l’ai revu lors d’une soirée. Au petit matin, je reçois un message de sa part me disant qu’il avait eu un gros crush pour moi à l’époque et que depuis tout ce temps, il ne m’avait jamais oublié”. La jeune femme est surprise et flattée à la fois. Pendant plus d’un mois, ils communiquent par messages et se racontent leur vie: il confie à Rachel combien il a été blessé par la mère de ses enfants qui l’avait trompé. “J’avoue, je me suis sentie en sécurité: cette trahison avait eu l’air de le marquer, j’avais donc l’impression que ce n’était pas le genre d’homme à aller voir ailleurs. Et savoir qu’il avait flashé sur moi il y a deux ans, c’était grisant”. Lors de leur rendez-vous, les deux trentenaires accrochent bien et finissent par s’embrasser.

D’abord, le bonheur absolu

Si Rachel n’a pas le coup de foudre, Luc se dévoile comme étant l’homme idéal: “C’était le genre d’homme timide mais très présent, prévenant, aimant… Vraiment l’homme parfait pour envisager une relation sérieuse. Et après avoir eu plusieurs histoires d’amour assez compliquées avec des hommes pour qui j’avais eu des coups de cœur, je me suis dit que, peut-être, je devais arrêter de chercher le grand frisson pour me poser avec un homme bien”. Pendant un an, tout se passe à merveille et la famille de Rachel adore Luc. “Il dormait à la maison une semaine sur deux – quand il n’avait pas ses enfants – et j’avais l’impression de vivre dans une bulle de bonheur: mon fils et lui s’entendaient à merveille, on était hyper complices et mes parents l’adoraient vraiment … Mon papa surtout”. Un papa qui est pour Rachel un véritable pilier, l’homme le plus important de sa vie. Jusqu’ici, il n’avait jamais réellement approuvé les relations amoureuses de Rachel. Mais l’arrivée de Luc fit mouche: “Il le voyait comme celui qui allait enfin rendre sa fille heureuse”. Rachel ne le savait pas encore, mais l’attitude exemplaire de son compagnon n’était qu’un jeu malsain pour la faire tomber dans la dépendance affective.

“La maladie de mon père a été l’élément déclencheur”

Luc et Rachel sont ensemble depuis un an environ quand le père de cette dernière tombe malade. Un cancer auquel il ne survivra pas. Quelques semaines avant sa mort, Luc demande la main de Rachel à son père, qui accepte avec joie: “Mon père était aux anges. Il avait le sentiment qu’il pouvait partir tranquille, que sa fille serait bien”. Pendant la maladie et les obsèques, Luc se montre un vrai soutien pour Rachel et sa famille. “Il était tellement apprécié de mes proches que son nom était sur l’avis de décès de mon papa”, nous explique la désormais quarantenaire. Après cette épreuve, la jeune femme est plus fragile émotionnellement: “J’avais perdu l’un de mes plus grands repères. À cet instant, j’ai transféré tout l’amour que j’avais pour mon père sur Luc. Je me souviens avoir ressenti, pour la première depuis notre rencontre, beaucoup d’amour pour lui”. Entière, Rachel livre ses sentiments à celui qu’elle aime désormais plus que tout.

Et soudain, il change d’avis

Durant l’été, le couple décide de partir en vacances: “J’avais besoin de faire une pause après cette épreuve difficile. Luc m’a emmené dans un endroit magnifique. On a passé des vacances de rêve lors desquelles on s’est beaucoup aimés”, confie la mère célibataire. Reboostée, Rachel reprend son train-train quotidien en compagnie de Luc, mais très vite, l’équilibre change brusquement: “L’organisation de la garde de ses enfants a été modifié d’un coup: il devait davantage s’occuper d’eux. Il me disait que son ex pétait un plomb et que ses enfants ne voulaient plus aller chez leur maman. Mais bizarrement, quand je voyais ses enfants, ils n’en parlaient pas. En fait, ils ne me parlaient pas du tout et ne m’appelaient jamais par mon prénom. Je trouvais ça vraiment étrange. Selon Luc, ils étaient juste timides, comme leur papa”.

Un enfermement

Depuis cette modification de garde, Rachel peine à voir celui qu’elle aime. “Il ne venait plus une semaine sur deux, ce que je comprenais tout à fait vu la situation. Mais ce qui était très difficile, c’est qu’il me promettait de passer le week-end avec moi et ne venait finalement jamais. Il disait venir, alors je l’attendais des heures et des heures sans bouger de chez moi, et lui reculait constamment son heure d’arrivée: il annonçait être là vers 19h, puis avoir du retard, puis finalement qu’il était trop tard et qu’il viendrait plutôt le lendemain ou même qu’il dormirait ce soir-là dans une autre ville. Ce qui me paraissait tout à fait logique puisqu’il est routier. Puis le lendemain, il prétextait une urgence, un problème, un accident ou autre… Et moi j’attendais des jours entiers sans sortir de chez moi”. Un schéma qui durera des semaines durant.

Rachel ne s’en rend pas compte, mais Luc l’enferme petit à petit dans l’enfer de la relation toxique. “Il me faisait attendre, mais parallèlement s’excusait, m’envoyait des messages d’amour incroyables et était si adorable avec moi au téléphone… Comment en vouloir à quelqu’un qui travaille trop et s’occupe de ses enfants?”. Les rares fois où il vient lui rendre visite, Rachel est si heureuse de le voir qu’elle le traite comme un roi. “Quand il arrivait enfin, c’était le bonheur absolu, comme si Dieu passait le pas de la porte”, explique la quadra.

Manipulation et culpabilisation

Hormis quelques week-ends par-ci par-là et des tonnes de messages d’amour, Luc est de plus en plus absent, mais continue de faire de fausses promesses à Rachel. Dans cet état d’attente perpétuelle, la jeune femme arrête presque de vivre. Une véritable torture, tant pour elle que pour ses proches, qui lui conseillent de le quitter au plus vite: “Ils m’ont prévenu que cette relation était hyper toxique, qu’il me trompait certainement, mais je ne voulais pas l’admettre, j’étais trop accro à lui. Et quand je m’énervais et que je lui demandais de me rendre des comptes, il me faisait culpabiliser ou me disait qu’il avait peur de ma réaction et que donc il ne viendrait pas. Parfois, il ne répondait plus à mes messages pendant quelques temps”. Rachel n’ose plus rien dire, s’englue dans cette relation sans oser y mettre fin et s’éteint à petit feu, par peur de perdre l’amour de Luc mais aussi de décevoir son père.

“J’ai découvert qu’il avait 4 autres femmes”

Un jour, Rachel est au bord du gouffre. Elle appelle la sœur de Luc, avec qui elle a tissé des liens d’amitié: “J’ai éclaté en sanglots. Je voulais savoir pourquoi son frère me faisait vivre ça, où il était, et s’il me trompait. Son mari a eu pitié de moi je crois, parce qu’il lui a dit: ‘elle me file la larme à l’œil, dis-lui la vérité maintenant'”. La sœur de Luc crache alors le morceau: ce ne sont pas les enfants de Luc ni même son job qui lui occupent tout son temps mais la relation qu’il entretient avec quatre autres femmes, qui vivent toutes à plusieurs kilomètres les unes des autres. Des femmes qui ont toutes rencontré sa mère, sa sœur et ses enfants. Rachel est sous le choc. Elle n’y croit tout d’abord pas, puis comprend que Luc est un véritable manipulateur.

Rachel contacte alors immédiatement les maîtresses de Luc afin de connaître la vérité et de décortiquer ensemble les techniques de manipulation employées par celui qu’elles aiment: “On recevait toutes les mêmes messages, les mêmes excuses… L’une d’entre elles était en dépression depuis des mois à cause de lui, et on a aussi compris que si ses enfants ne nous parlaient pas, c’était pour ne pas se tromper de prénom”. Ensemble, elles feront front et mettront fin au jeu du polygame.

Comment se reconstruire?

Quatre mois se sont écoulés depuis que Rachel a découvert la vérité. Elle s’est libérée de cette relation toxique et a coupé les ponts avec toute la famille de Luc afin de pouvoir aller de l’avant. Elle a également entamé une thérapie, qu’elle a néanmoins décidé de ne pas poursuivre: “Après quelques séances chez ma psy – qui m’a bien aidé au début – je me suis dit que je n’avais rien à faire là, que c’était plutôt lui qui devait consulter”. Aujourd’hui, Rachel tente de se reconstruire. “Ma famille me soutient, et mon fils est heureux de revoir sa maman sourire, même si, bizarrement, Luc lui manque. Mais je reprends ma vie en main: je sors de nouveau, je ris et petit à petit, je vais mieux… Ce sont toujours les montagnes russes émotionnelles, mais je les accepte”.

Témoigner est, selon la maman solo, une étape de plus vers la liberté: “Si je partage mon histoire, c’est d’abord pour tirer un trait définitif sur le passé, mais aussi pour sensibiliser les femmes aux relations toxiques. Je veux leur dire que ce n’est pas de leur faute si elles sont tombées dans le panneau, qu’elles ont été manipulées par quelqu’un qui ne les mérite pas, mais aussi qu’elles doivent sortir de cet enfer psychologique, pour leur bien”.

*Prénoms d’emprunt

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