Suis-je victime de violence conjugale?
En Belgique, les cas de violence domestique ont augmenté lors du premier confinement. Et les faits seraient en réalité plus nombreux que ceux recensés par la police, puisque toutes les victimes ne portent pas plainte. Pour savoir si l’on est victime, il est utile de différencier “simple dispute” et acte de violence.
En avril 2020, les lignes d’écoute dédiées aux violences conjugales ont été sollicitées trois fois plus qu’en temps normal, nous apprend l’agence de presse Belga (chiffres de février 2021). Le Centre de Prévention des Violences Conjugales et Familiales a, de son côté, vu son nombre de demandes d’accueil fortement augmenter, jusqu’à atteindre un record: 456 en juin 2020.
C’est quoi la violence conjugale?
En 2006, les ministres fédéraux, communautaires et régionaux du pays statuaient sur une définition commune des violences conjugales: “Elles comprennent les agressions, les menaces ou contraintes, verbales, physiques, sexuelles, économiques, répétées ou amenées à se répéter, portant atteinte à l’intégrité de l’autre et même à son intégration socioprofessionnelle. Ces violences affectent aussi l’entourage de la victime et de l’agresseur, notamment les autres membres de la famille, dont les enfants”.
Sont donc compris: tous les comportements, actes et remarques qui entraînent des contraintes pour obtenir ou maintenir une forme de contrôle sur le ou la partenaire.
Différencier la violence conjugale d’une dispute
“Quand on parle de violence dans le couple, on se situe d’emblée au-delà de la grosse dispute”, avance le Centre de Prévention des Violences Conjugales et Familiales dans son livre La violence dans le couple (par Pascale Franck et Paul Van Lint). La violence conjugale peut être physique, psychologique et même économique. Au total, elle s’exprimerait de huit façons différentes, selon Amnesty International:
- La violence psychologique et verbale
- La violence physique
- La violence sexuelle
- L’utilisation des enfants (chantage émotionnel, violences physiques ou verbales sur un enfant devant l’autre parent, prise en otage, etc.)
- L’utilisation de la violence envers des animaux ou des objets
- Le contrôle excessif (financier, isolement social, etc.)
- Le suicide ou les menaces de suicide
- Le meurtre, la tentative de meurtre ou les menaces de mort
Fait inquiétant ces dernières années: l’augmentation de la cyberviolence, qui pourrait être considérée comme une neuvième forme de violence. Elle s’opère par le contrôle permanent via les SMS, les logiciels espions pour connaître les déplacements de la victime, le contrôle des comptes bancaires (changement des codes et mots de passe). “Aujourd’hui, neuf femmes sur dix victimes de violences conjugales disent avoir subi au moins une forme de cyberviolence conjugale”, nous dit Amnesty.
Le cycle infernal de la violence
La violence conjugale est un engrenage dont il est difficile de sortir pour la victime: elle fait face à des humiliations verbales, coups, insultes, sautes d’humeur… qui sont toujours justifiés par le partenaire. Ce dernier dira que “c’est à cause du stress, de l’alcool, d’événements négatifs ou, pire, d’une attitude x ou y adoptée par la victime”.
Après la tempête, souvent vient l’éclaircie: le moment de la réconciliation où l’auteur des agressions est gentil et demande pardon. Cette phase est qualifiée de “lune de miel” par les professionnels de la question. Souvent, des promesses sont avancées: “Je vais changer”, “cela ne se reproduira plus”. Des cadeaux matériels peuvent également être offerts. La victime culpabilise alors d’avoir eu envie de s’enfuir et retombe dans ce cercle infernal de la violence. Elle peut alors être au petit soin pour son/sa partenaire.
Les dégâts: une perte de confiance en soi
Les impacts de cette violence sont évidemment colossaux pour la victime:
- La victime doutera
- Elle aura honte
- Elle pourra se sentir perdue
- Elle s’isole, même de son entourage le plus proche
- Des dégâts physiques et/ou psychiques surviennent
- La médication peut venir soulager les douleurs, elle est souvent importante
Repérer la violence à temps
Certaines victimes se retrouvent coincées dans une routine violente alors que certains signes doivent alerter. Amnesty International les a référencés comme suit:
- L’auteur(e) crie, vous injurie, vous accuse, vous insulte, vous humilie
- Il ou elle adopte des attitudes menaçantes
- Il ou elle fait pression sur vous en vous culpabilisant
- Il ou elle vous force à prendre des décisions contre votre gré
- Il ou elle ne vous donne pas ou pas assez d’argent pour le ménage
- Il ou elle manipule les enfants
- Il ou elle prend des décisions importantes sans vous consulter
- Il ou elle vous tourne en ridicule devant d’autres personnes
- Il ou elle dit du mal de votre famille et de vos ami(e)s
- Il ou elle ment
- Il ou elle est excessivement jaloux ou jalouse
- Il ou elle ne respecte pas ce qui a été décidé
- Il ou elle n’assume pas sa part de responsabilité
- Il ou elle nie ou minimise ses actes violents
- Il ou elle prétend qu’il ou elle est violent(e) par votre faute
- Il ou elle s’oppose à ce que vous travailliez à l’extérieur
- Il ou elle vous reproche vos dépenses
- Il ou elle consomme des drogues et boit trop d’alcool
- Il ou elle menace de se suicider ou de se faire du mal
- Il ou elle menace de dire ou de faire des choses qui auraient des conséquences fâcheuses
- Il ou elle vous empêche de rendre visite à des ami(e)s, des parents
- Il ou elle contrôle vos appels téléphoniques
- Vous devez avoir son autorisation pour vous rendre dans certains endroits, il ou elle vous en interdit d’autres
- Il ou elle profère des menaces contre vous ou d’autres personnes
- Il ou elle arrive à l’improviste ou vous appelle sans cesse au téléphone
- Il ou elle vous surveille
- Il ou elle refuse de s’en aller quand vous le lui demandez
- Il ou elle utilise sa supériorité physique pour vous faire peur
- Lors de disputes: il ou elle vous bloque le passage, crie, conduit la voiture brutalement, s’attaque à des choses auxquelles vous tenez, frappe des objets, les jette autour de lui ou d’elle, recourt à la violence contre vous, contre vos enfants, contre les animaux domestiques, bat, donne des coups de poings, immobilise, mord…
- Il ou elle vous traite de manière déshonorante et avilissante
- Il ou elle vous contraint à accepter des relations sexuelles
- Il ou elle vous viole
- Il ou elle utilise des armes ou en porte constamment sur lui ou elle
Qui appeler?
Vous avez encore des doutes sur le comportement de votre partenaire? L’Observatoire des violences envers les femmes et l’association En Avant Toute(s) ont mis au point un “violentomètre”, un outil pour aider les femmes à reconnaître les signes d’une relation toxique. Si vous êtes ou pensez être victime de violences conjugales, appelez Écoute Violences Conjugales au 0800 30 0 30.
Plus d’infos: amnesty.be.
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