Infirmiers de rue: photo d'équipe

Solidarité: ces 6 femmes font vraiment bouger les choses

Elles ont le cœur sur la main, le cerveau bouillonnant et des fourmis dans les jambes. Penser aux autres ne leur suffit pas, elles veulent agir pour eux, pour nous, pour la planète, pour ceux qui y vivront demain. Ce n’est pas un hasard si “solidarité” est un nom féminin.

Dom sème des graines de solidarité (Tournai)

“Tout ce qu’on désire, c’est créer un effet contagieux”

L’engagement citoyen chevillé au corps, Dom a toujours milité pour une vie plus solidaire, plus respectueuse des êtres humains et de la planète. Elle en a fait, des manifs! Mais ces dernières années, son engagement s’est construit dans l’idée que les citoyens doivent prendre leur destin en main. “Il faut aller dans le concret, ne plus se contenter de théoriser. Montrons! Faisons!”, convainc-t-elle. Et de joindre le geste à la parole en participant au lancement, il y a trois ans, de l’antenne Wapi (Wallonie Picarde) de la plateforme citoyenne d’accueil des réfugiés. “On est désormais des centaines sur le terrain, on héberge, on crée des hébergements collectifs, on sollicite les autorités communales, on distribue des sacs de couchage, des vêtements…”

Vers plus de durabilité et de solidarité

Dom est aussi l’une des fondatrices de La Pépinière, à la fois grand champ au cœur de Tournai et répertoire en ligne des initiatives locales pour un mode de vie plus durable et plus solidaire. “On cultive sur le terrain pour montrer comment faire, certains viennent y prendre ou participer à un projet collectif. Plus personnellement, j’ai monté une grainothèque, où tout est basé sur la mise en commun: chacun peut venir prendre les graines qu’il veut, l’idée c’est qu’il revienne déposer ses propres semences ensuite. Pendant le confinement, on publiait sur Facebook la liste des variétés disponibles et on les livrait à vélo”. Et puisqu’elle trouve 36 heures dans une journée, celle qui est aussi prof à temps plein à Saint-Luc – Ecole supérieure des Arts de Tournai – s’investit aussi au sein du collectif citoyen Ceinture Alimentaire Tournaisis. Un collectif qui œuvre en faveur d’une filière alimentaire courte, écologique et génératrice d’emplois. “Nous sommes des citoyens bénévoles, liés à aucun groupe politique ou religieux que ce soit. Tout ce qu’on désire, c’est créer un effet contagieux”.

Infos: Lapepiniere-tournai.be; Tournai-autrement.be; Ceinture-alimentaire-tournaisis.com; Wapi (Wallonie Picarde) – Hébergement Plateforme citoyenne

Gaïd veut donner un toit à ceux qui n’en ont pas (Liège)

“Le Housing First, c’est d’abord trouver un toit aux sans-abris, pour ensuite régler les autres problèmes”

Si les héroïnes portent des capes, c’est souvent pour pouvoir s’y cacher, peu enclines à voler dans la lumière. Gaïd est de ces superwomen qui œuvrent en coulisses. Bénévole pendant des années à l’asbl Soleil Espoir, qui organise des activités pour enfants handicapés, et à Opération Thermos-Liège, qui distribue des repas aux sans-abri, elle a toujours été sensible aux publics fragilisés et aux injustices qu’elle combat. Il y a deux ans, elle participe à la création de l’antenne liégeoise d’Infirmiers de Rue, association qui à travers l’hygiène et la santé tisse des liens avec les SDF afin de les aider à trouver un logement stable et durable. “Certains sont dans la rue depuis des années, ils survivent au jour le jour, sans se projeter plus loin que le lendemain. Notre mission consiste à nouer avec chacun une relation de confiance, découvrir quelles sont ses envies, ses ressources, trouver ce sur quoi on pourra s’appuyer pour qu’il reprenne sa vie en main. Ça va bien plus loin que les soins médicaux. Et la lutte contre le sans-abrisme, nous sommes persuadés qu’on la gagnera par le Housing First, c’est-à-dire d’abord trouver un toit pour ensuite régler les autres problèmes”.

Un travail de terrain, mais pas uniquement

Main dans la main avec ses collègues, Céline, infirmière et Doriane, assistante sociale, Gaïd assure la gestion des projets, se démène pour convaincre les politiques et les bailleurs de fonds de soutenir leur action, rendue plus compliquée encore depuis la crise sanitaire. “Lors du premier confinement, nous étions tous sidérés. On a dû adapter notre manière de faire, vu que les abris ont été fermés. On a distribué des tentes, fait beaucoup de prévention, fourni du gel, des masques, de l’eau, de la nourriture, organisé des tests de dépistage. Heureusement, nous n’avons pas vécu de drame”. Gaïd avoue d’ailleurs être impressionnée par la force et le sourire malgré tout de ces laissés-pour-compte qu’elle rencontre. Des moments intenses, toujours enrichissants, émouvants, parfois même drôles, volés à la dureté de leur existence.

Infos: Infirmiersderue.be

Jehanne conjugue l’aide en mode urgence (Bruxelles)

“Des centaines, des milliers de femmes – et d’hommes – ont donné de leur temps et de leur argent”

Jehanne, c’est avant tout une passionnée. Assoiffée de découvertes et de rencontres, avec un goût très prononcé pour l’ailleurs et pour l’autre. Elle a trimballé son sac à dos aux quatre coins du monde, et noué des amitiés fortes à chaque halte. Journaliste freelance engagée, elle vient de boucler un dossier sur la pauvreté infantile lorsque le confinement est annoncé. “J’ai tout de suite pensé aux personnes âgées, isolées, précarisées. Comment allaient-elles faire si on ne pouvait plus les aider? Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, préoccupée par le sort de ceux qui allaient vivre un enfer”. Au réveil, elle a l’idée de créer un ‘cerveau commun’, qui prendrait la forme d’un vaste forum de solutions concrètes. Rejointe par d’autres filles (un pur hasard), ces ‘Badass solidaires’ comme elles se baptisent, élaborent un groupe Facebook de la solidarité, décliné depuis en site internet: Solidair.brussels, où l’on réfléchit ensemble et l’on agit chacun.

Masque, repas, douceur: tout est bon pour aider

“Certains ont fabriqué des masques, d’autres ont proposé d’aller faire des courses, de livrer des repas, des gens ont écrit aux résidents des maisons de repos, joué de la musique à leur fenêtre, distribué des repas, récolté des ordis et des tablettes, organisé des collectes… Des centaines, des milliers de femmes – et d’hommes – ont donné de leur temps et de leur argent. Ce sont des pépites d’humanité qui se sont révélées, et qui mériteraient vraiment qu’on les reconnaisse. Quant à moi, chaque soir, je faisais des synthèses pour répertorier toutes les initiatives qui se créaient spontanément. On a agi dans l’urgence jusqu’en juin, où le secteur associatif a rendossé son rôle. Aujourd’hui, le groupe Facebook vit tout seul, mais nous restons un pôle de rencontres”. Des rencontres, justement, Jehanne témoigne en avoir fait beaucoup, grâce à son initiative. “J’aime écouter les gens, écouter leur histoire, je suis très sensible, mais j’ai choisi de traduire cette sensibilité en action. Comme dans mon métier de journaliste, à travers les sujets que je traite et les médias auxquels je collabore (Médor, Les Grenades…)”. Comme aussi avec A(c)rtForBeirut, collectif d’artistes qu’elle a créé avec un ami, dans l’urgence également. La vente d’œuvres a permis de récolter 4600 euros, reversés intégralement aux citoyens les plus touchés par l’explosion à Beyrouth le 4 août dernier. Agir, c’est déjà réussir…

Infos: Solidair.brussels

Katel, la grande sœur au grand cœur (Soignies)

“200 personnes dorment dehors toutes les nuits. Il y a encore tant de choses à faire”

Dans la famille de Katel, la solidarité a toujours été instinctive. Mais son engagement à elle, c’est à Rio qu’il se forge. “J’y ai refait ma rhéto, tout en étant animatrice pour enfants dans un hôpital public, au pied d’une favela. Ça m’a complètement retournée, j’ai su que rien ne serait plus jamais pareil”. Son diplôme de journaliste en main, elle entame sa carrière dans l’aide à la jeunesse et la poursuit dans la communication, avant d’être contactée par le journal L’Avenir, qui lui propose de mettre en place une grande action de solidarité: Générations Solidaires. L’objectif est de valoriser des projets innovants et durables, mis en place par des citoyens, des associations et des écoles. Katel aide ces projets à sortir de terre. Il s’agit par exemple d’un système de parrainage entre élèves de 4e et 1e secondaire à La Louvière, d’une collecte de protections hygiéniques et de vivres à destination des sans-abris à Namur, de massages prodigués aux résidents d’une maison de repos par des élèves de l’institut Royal des Sourds et Aveugles à Bruxelles… Et quelque 450 autres initiatives désormais regroupées sur le site Internet de l’opération. “Le but, c’est que ces projets en inspirent d’autres. Qu’ils servent d’exemple que l’on puisse les dupliquer en les adaptant à sa réalité”. Autant de sources de solidarité, mais aussi de joie. Car, l’affirme Katel, “il y a quelque chose de très positif et d’énergique dans le concret”.

Et puis la Covid-19 est arrivée

Aussi concret que son engagement au sein de la plateforme citoyenne d’hébergement des réfugiés. “J’ai commencé en 2017, comme relais. J’accueillais des migrants le week-end chez moi, à Soignies”. Au fil du temps, l’attachement pour ses protégés grandit, à l’instar de son implication: Katel met sur pied l’antenne régionale Hainaut-Centre de la plateforme et fait de la sensibilisation dans les écoles. “En trois ans, j’ai dû héberger entre 150 et 200 personnes, principalement des jeunes filles fragiles pour qui j’étais comme une grande sœur. J’ai beaucoup écrit sur le blog Perles d’Accueil, qui réunit une foule de témoignages d’hébergeurs, pour donner envie aux gens de s’impliquer”. Avec l’apparition du Covid, le mot d’ordre a été lancé de ne plus héberger à la maison. Katel a alors remué ciel et terre pour ouvrir des structures d’hébergement collectif, à Enghien, Braine-le-Comte, Ecaussines… “Plusieurs choses se mettent en place, mais il y a encore 200 personnes qui dorment dehors toutes les nuits. Il y a encore tant de choses à faire…”

Infos: generations-solidaires.be 

Li, aux petits oignons pour les plus démunis (Overijse)

“Si vous ressentez le désir d’aider, n’attendez pas le bon moment. Faites-le tout simplement”

Un peu de chaleur, c’est le nom du groupe Facebook que Li lance il y a 6 ans, et qui compte désormais quelque 700 membres. Tous ensemble, ils se démènent pour apporter aux plus démunis ce dont ils ont besoin (des petits plats bien chauds, des vêtements, des produits de soin… distribués en maraudes). Tout s’organise spontanément, via le groupe. Dernièrement, ils ont trouvé un local, des vêtements et 1000€ pour aider Kevin et Jason, un grand-père et son petit-fils, qu’un accident de la vie a précipités à la rue. Li n’a jamais pensé à structurer son action, elle n’a jamais cherché non plus à faire du bénévolat via une structure existante.

Jusqu’au jour où…

Elle s’est simplement mise en mouvement, un jour, sans se poser de questions. “J’ai commencé avec les repas, vu que je suis chef traiteur dans un restaurant. J’avais remarqué que les SDF recevaient des colis alimentaires mais rarement de qualité. Mes plats, eux, ne sont pas seulement chauds, ils sont aussi gourmands! En fait, ça faisait longtemps que j’avais envie d’aider mon prochain, mais je ne passais pas à l’action. Jusqu’au jour où, presque sur un coup de tête, je suis allée dans la rue à la rencontre des sans-abris pour leur distribuer mes plats. De fil en aiguille, nous avons fait connaissance, ils m’ont confié leurs besoins et j’ai créé ce groupe de solidarité”. Car au-delà du matériel, ils étaient surtout en demande de contact humain. “Je me mets à leur hauteur, je prends le temps de leur parler. Ils ont besoin d’humanité. Alors si vous aussi, vous ressentez le désir d’aider, ce n’est pas compliqué. N’attendez pas le bon moment, faites-le tout simplement. La prochaine fois que vous croiserez une personne démunie, arrêtez-vous, mettez-vous à sa hauteur et demandez-lui de quoi elle a besoin. Puis rejoignez-nous sur le groupe Un peu de chaleur pour trouver des solutions”.

Info: Un peu de chaleur

Lorenza, le bien-être au bout des doigts (Gembloux)

“Offrir des massages à ceux qui n’en ont pas les moyens”

L’idée qu’a eue Lorenza, massothérapeute, est aussi lumineuse que son sourire. Elle a mis en place des “soins suspendus”, inspirés des “cafés suspendus” qui permettent à des personnes dans le besoin de recevoir un café payé par un autre consommateur. “Les personnes qui viennent se faire masser peuvent glisser un peu d’argent dans une boîte dans le but d’offrir un massage à quelqu’un qui n’a pas les moyens”, explique-t-elle. Parfois, ce sont des patients envoyés par des psychologues qui connaissent son travail et qui sont convaincus que passer entre les mains expertes de Lorenza peut améliorer significativement l’état du patient. Car c’est la massothérapeute qui le dit, “le massage tel que je le pratique est bien plus qu’un soin de luxe”.

Des massages contre un dessin

Elle propose également des massages en duo parent-enfant, où l’enfant paie avec un dessin! Une idée qui lui est venue lors du premier confinement. “Ma fille n’était vraiment pas en forme. Je l’aidais beaucoup par des massages sonores avec les bols tibétains, ou bien du shiatsu. J’ai pensé alors à mettre en place des soins duo, mais j’étais bien consciente que payer 120€ pour les deux massages, c’est au-delà des moyens de nombreuses familles. Je propose alors à l’enfant de télécharger sur mon site un joli dessin, qu’il peut colorier et m’apporter en guise de rétribution. Il paye ainsi mon travail avec son ‘travail’ d’enfant”. Un juste retour des choses pour Lorenza, qui a d’abord été puéricultrice et pour qui les enfants sont son “premier amour”. Avis aux esthéticiennes: Lorenza cherche à collaborer avec des esthéticiennes pour proposer également des “soins esthétiques suspendus” en parallèle à ses massages.

Infos: massages-gembloux.be

Avec la collaboration de Lucie Hage

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