Pourquoi est-ce sain de dire quand on va mal?
Vous vous faites rembarrer par un grand “mais non, t’inquiète pas, ça va aller!” quand vous osez enfin dire que vous n’avez pas le moral? Exprimer son mal-être est une bonne chose, continuez!
Sans parler de virer Calimero, ne devrait-on pas pouvoir s’apitoyer sur son sort de temps en temps? Et surtout, ne devrait-on pas pouvoir le faire sans entendre en retour des “lâche prise”, “tu te prends trop la tête”, “vois les choses du bon côté”? Pas facile de pouvoir exprimer un moment de blues sans s’exposer à la positivité toxique. Or, le fait de ne pas censurer ses émotions, mais aussi de trouver une oreille attentive, est nécessaire pour surmonter une difficulté.
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La société de la brillance
Timidité, peur de la réaction d’autrui, du jugement, autocensure, honte… Nombreuses sont les raisons pour lesquelles une personne qui traverse une mauvaise passe peut avoir du mal à se confier. Sans compter que de nos jours, certains comptes très léchés sur les réseaux sociaux n’avalisent pas vraiment le fait d’aller mal. “On est dans une société du bonheur et de la réussite, et il y a un tabou sur la notion d’échec, du blues, de la déprime, confirme Anne-Françoise Meulemans, médecin, psychothérapeute, et coordinatrice du CentrEmergences. Aujourd’hui, ce serait presque impoli de dire que ça ne va pas bien, car la société a une sorte d’attente du contraire”.
Ces moments où tout n’est pas au beau fixe sont normaux, ils font même partie du bien-être
Aller mal permet de puiser dans ses ressources
“On a le droit d’aller mal. Et le moment où l’on va mal est souvent un moment de ressource”, poursuit la spécialiste. “On a tous des hauts et des bas: il n’y a pas de bas sans haut, mais il n’y a certainement pas de haut sans bas”. Anne-Françoise Meulemans poursuit en prenant l’exemple des grands comiques, dont le vivier de créativité émane souvent de moments down. Ces moments où tout n’est pas au beau fixe sont normaux, ils font même partie du bien-être, et sont le signe qu’il y a un mouvement intérieur. Il est important, pour soi et pour les autres, de les accepter.
Parler: une thérapie gratuite?
Vous est-il déjà arrivé de raconter vos tracas à un proche autour d’un café, et de vous sentir déchargé(e) d’un poids? Souvent, nous n’avons pas besoin de grands discours ni de conseils, mais bien de vider notre sac, pour mieux rebondir. “Le simple fait de parler, lorsque l’écoute est vraiment là, est extrêmement thérapeutique”, nous explique Anne-Françoise Meulemans.
C’est un peu comme si en parlant, on sortait un gros paquet de son corps, et qu’on se libérait
Lorsqu’elle rencontre de l’attention, de la bienveillance et de la compréhension, la parole est libératrice. C’est un peu comme si en parlant, on sortait un gros paquet de son corps, et qu’on se libérait. “Ce qui est thérapeutique n’est donc pas tant de déposer ce paquet chez l’autre, mais plutôt le fait de le déplacer hors de soi”, conclut la médecin et thérapeute.
3 clés pour bien réagir face à quelqu’un qui se confie
1. Montrer son empathie
La première chose est d’exprimer son empathie. La prochaine fois que votre partenaire tente d’expliquer qu’il ou elle a passé une mauvaise semaine, par exemple, souvenez-vous que votre langage corporel est aussi important, si pas plus, que vos mots. “Lorsqu’on se sent mal, explique la psychothérapeute, on a besoin de sentir que l’autre se soucie de nous, que ce qu’on dit le concerne”. Elle ajoute que le non-verbal (dans ce cas, avoir une expression, un sourire doux, des yeux attentifs, prendre dans ses bras…), qui signifie “Je suis avec toi” peut être aussi explicite pour montrer sa bienveillance et son respect.
2. Ne pas interrompre avec un conseil
Anne-Françoise Meulemans insiste: les conseils ne sont pas malvenus, mais plutôt que de couper la parole à celui qui se confie en essayant d’apporter un point de vue, il est préférable de lui demander: “Tiens, j’ai une idée, j’ai un conseil. Est-ce que tu as envie de l’entendre?”. Lorsqu’on propose d’apporter un éclairage ou une aide à relativiser les événements sans s’imposer, l’autre est souvent intéressé.
3. Ne pas juger, ne pas minimiser
Enfin, lorsqu’on offre une oreille attentive, on peut tout à faire relativiser les faits, mais pas les minimiser. “Quand on minimise la plainte de l’autre, c’est parce qu’on est soi-même angoissé, stressé par ce qu’on nous raconte, qu’on a peur de ne pas être à la hauteur”, précise la psychothérapeute. “On va venir avec des tas de conseils qui, au final, parlent plus de nous que d’autrui”.
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