érection
Une sexologue décrypte les causes possibles du trouble érectile, et propose ses pistes. © Tatiana Rodriguez/Unsplash

Mon partenaire a des problèmes d’érection. Pourquoi et que faire?

Les problèmes d’érection touchent 1 homme de plus de 40 ans sur 2. Ils peuvent avoir des conséquences sur la confiance en soi et sur la qualité de la relation amoureuse.

10% des hommes de plus de 30 ans et 50% des hommes de plus de 40 ans ont déjà connu des problèmes d’érection, d’après une enquête menée par l’IFOP, l’Institut français d’opinion publique. Que votre partenaire ait de petits troubles érectiles de temps en temps est assez classique, mais lorsque les difficultés reviennent, on peut vite gamberger: “Que se passe-t-il dans sa tête?”, “Est-ce parce qu’il pense à quelqu’un d’autre?”. Lidia Léonardi, sexologue, rassure: “Si la sexualité est naturelle, elle est loin d’être naturellement simple, il est donc courant de vivre des couacs au cours d’une vie de couple. Disons que les troubles érectiles font partie de ces difficultés que les couples peuvent rencontrer”.

Les causes possibles

Selon Lidia Léonardi, il est donc normal de constater des fluctuations dans la qualité de l’érection. Plus on vieillit, plus c’est le cas… Ceci étant dit, les troubles érectiles, à savoir la difficulté ou l’impossibilité à avoir ou à garder une érection suffisamment dure pour la pénétration, peuvent également être la conséquence de soucis d’ordre physiologique, sexuel ou psychologique.

1. Les soucis d’ordre physiologique

“Une érection, c’est un afflux de sang dans le corps caverneux du pénis. Avoir des difficultés à avoir ou à tenir une érection peut signifier que le sang n’arrive plus bien jusqu’à l’organe sexuel… Ce qui peut être le signe de problèmes médicaux”, met en garde la sexologue. Des problèmes parfois liés aux:

  • Troubles cardio-vasculaires: “Certains chercheurs ont découvert que les troubles érectiles faisaient partie des signes avant-coureurs de problèmes cardiaques pouvant mener à l’infarctus, dans les cas les plus graves”.
  • Médicaments: certains médicaments, tels que les anti-anxiolytiques, les antidépresseurs et les hypotenseurs, ont un impact sur la circulation sanguine et donc potentiellement sur la qualité de l’érection. De plus, en cas de prise d’antidépresseurs, l’homme peut être déconnecté de ses sensations corporelles, et être moins sensible à ce qui l’excite habituellement.
  • Addictions: une consommation soutenue d’alcool et/ou de drogues induit une déconnection du corps. Le partenaire n’est plus aussi sensible aux stimuli sexuels. Le tabac a, lui, un impact néfaste sur la circulation sanguine, pouvant provoquer des difficultés érectiles.

2. Les soucis d’ordre sexuel

“Il peut aussi arriver qu’une grande routine s’installe dans la vie d’un couple, et que cela provoque une lassitude sexuelle, mais aussi qu’un changement comme l’arrivée d’un bébé perturbe les habitudes. Tout ceci peut provoquer des troubles érectiles”, ajoute Lidia Léonardi.

3. Les soucis d’ordre psychologique

Certains facteurs comme la fatigue, les soucis professionnels ou relationnels et le stress peuvent générer des troubles érectiles chez l’homme. Selon la sexologue, dans 80% des cas, le problème émane d’une grande angoisse de performance. “La peur de ne pas être à la hauteur est la cause majeure des cas de pannes sexuelles. Une angoisse qui naît lorsqu’une baisse ou absence d’érection survient pour la première fois. Cette petite panne, qui n’a rien de grave en soi, va poser question: l’homme se demande pourquoi, puis s’inquiète que cela se reproduise. Au prochain rapport, il va se concentrer non pas sur les stimuli sexuels, mais sur son érection, il sera alors plus dans le mental que dans les ressentis. Conséquence: il a toutes les chances de perdre à nouveau son érection…”.

Les conséquences du trouble érectile

Les troubles érectiles ont des conséquences néfastes, tant sur les partenaires que sur le couple: “Ça va jouer sur la confiance en soi des conjoints. Monsieur pourra avoir l’impression que sa virilité est touchée, et madame se demander si c’est à cause d’elle. Les partenaires ne vont pas toujours oser en parler librement, de peur de blesser, et une frustration et une distance pourraient en découler”, poursuit la sexologue. Une distance tant sexuelle qu’affective, qui aura pour conséquence une perte de libido. Le serpent qui se mord la queue…

Les solutions

Votre partenaire a des problèmes d’érection, et cela pèse sur votre bien-être? Voici quelques pistes à suivre.

1. Faire un test de l’érection spontanée

Un test simple s’impose d’emblée: “Pour mettre le doigt sur la cause de ces pannes, je propose à mes patients de questionner d’abord la cause physiologique par un petit test érectile. Si monsieur a des érections spontanées deux à trois fois par semaine (en particulier le matin) et/ou qu’il arrive à avoir une érection lors de la masturbation, alors on peut être rassurés: ce n’est pas un problème physique”.

2. Chercher les causes de stress

La cause physiologique mise de côté, il sera alors temps de se poser d’autres questions. Mais il est parfois difficile “de savoir si on a plutôt un souci d’ordre psycho ou sexo, car d’une lassitude sexuelle ou d’un manque d’imaginaire peut découler un mal-être psychologique, et inversement. Je conseille donc de se poser, seul ou à deux, quelques questions pour dégrossir la situation. Si l’on connaît des soucis au boulot, un conflit de famille, de couple, des problèmes financiers, il se pourrait que ces ennuis nous tracassent tellement qu’il en devienne difficile de se connecter à sa sexualité, à son intimité”.

On peut ensuite se demander si l’on s’épanouit dans sa sexualité, mais aussi si l’autre nous attire, sensoriellement parlant. Une remise en question suffisamment large pour pointer du doigt ce qui coince. Tout ceci pouvant se faire avec l’aide d’un spécialiste.

Une sexualité épanouie ne se résume pas à la pénétration

3. Se décentrer de la pénétration

Dernier conseil de Lidia Léonardi: se désintéresser de la pénétration et se concentrer sur le corps entier par le biais des caresses, des massages, du corps-à-corps, des baisers… Et essayer de découvrir quels sens nous permettent le plus de nous connecter à notre sexualité, ce qui nous excite le plus sans nous mettre la pression. “La pénétration peut faire partie de la sexualité, mais avoir une sexualité épanouie ne se résume pas à la pénétration”, rappelle la sexologue.

En résumé

Notez précieusement ce plan d’attaque.

  • Si la nature du trouble est physiologique: on va voir un urologue et on prend soin de sa santé en reprenant le sport (qui améliore le système cardio-vasculaire), on arrête de fumer et on veille à avoir une alimentation équilibrée.
  • S’il est d’ordre psychologique: on prend soin de sa santé mentale en prenant du temps pour soi et en suivant éventuellement une thérapie afin d’avoir les outils nécessaires pour se sentir mieux.
  • S’il est d’ordre sexuel: on parle entre partenaires, et on cherche ce qui pourra nous sortir de la routine.

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