Doit-on tout accepter d’un ami déprimé?
Voir un ami déprimer est si lourd qu’on a parfois tendance à accepter ce qu’on ne devrait pas. Tout autoriser et se taire est en effet néfaste, tant pour nous que pour la relation.
Selon les chiffres du site Belgique en bonne santé, la plateforme officielle dédiée à la santé des Belges, 10% de la population vit ou vivra une période de mal-être, de déprime, voire de dépression au cours de sa vie. Et on sait désormais combien les souffrances psychologiques peuvent impacter le comportement d’une personne, sa manière de fonctionner, et les relations qu’elle entretient. Pendant une “mauvaise passe”, il est en effet possible de succomber à la tristesse et à la douleur et de perdre le contrôle. Certains profils peuvent alors s’isoler ou tenir des propos blessants, sans nécessairement s’en rendre compte.
J’invite vraiment à se préserver en quantifiant le temps accordé à l’ami déprimé
Face à ce genre de situation, il est courant d’encaisser, de peur d’enfoncer davantage la personne dans son abattement. Une erreur, selon Julie Arcoulin, coach spécialisée dans les relations et auteure de plusieurs livres sur le sujet.
Pas si l’on tient à ce lien
La réponse de l’experte est claire: “Non, on ne doit pas tout accepter d’un ami déprimé. Cela nous mettrait dans une position de malaise par rapport à lui, et ça peut aussi entacher la relation. Si l’on tient à ce lien, non seulement on pose ses limites, mais surtout, on évoque ce qui ne va pas”.
Les conséquences éventuelles
Selon Julie Arcoulin, cette idée de tout accepter aurait des conséquences nocives:
- Exploser à un moment donné: à force de tout accepter en silence, la coupe risque de déborder. Et dans l’énervement, on dira probablement des choses qu’on ne pense pas, ou l’on communiquera de la mauvaise façon, englué par nos émotions. Un clash qui risque de faire beaucoup de mal au lien qui nous unit.
- Perdre son équilibre émotionnel: voir un proche déprimer peut nous faire culpabiliser et provoquer chez nous un sentiment d’impuissance. Mais aussi nous angoisser.
- Prendre son proche en pitié: quand l’autre passe son temps à décharger son mal-être sur nous, on risque de ne plus prendre de plaisir en sa compagnie et/ou de le prendre en pitié.
Attention au syndrome du sauveur!
La coach met aussi en garde sur le syndrome du sauver: “Il arrive que l’on désire tellement voir notre proche sortir de la déprime qu’on se donne pour mission de le sauver. Le problème, c’est que ça le dépossède de son propre chemin vers le mieux-être, que ça peut engendrer de la frustration et des rancœurs”. Et de préciser: “Imaginez que vous mettiez un tas de choses en place pour ce proche, que vous soyez dans l’attente qu’il rebondisse, mais qu’il ne le fasse pas, vous pourriez penser: ‘Mais enfin, après tout ce que j’ai fait pour lui!’. Cela rendra la relation malsaine, voire toxique“.
Agir avec bienveillance sans s’oublier
Il est normal de vouloir aider un proche déprimé, mais ce n’est pas une raison pour tout encaisser en silence et s’oublier. Mais dans ce cas, quel comportement adopter? Les conseils de l’experte.
1. On exprime ce qui ne va pas
La coach nous le confirme: “Si votre ami a des comportements qui ne sont pas ‘OK’, qu’il a dépassé vos limites ou si vous vous sentez mal à l’aise en sa présence, il est primordial de le lui dire”. Attention à la manière: “Je conseille toujours de parler de ses ressentis à soi. On dira par exemple: ‘Je ressens de la gêne quand tu as tel ou tel propos’, ‘Je me sens blessé quand tu fais ceci ou cela’ plutôt que “Tu as dit ça, tu as fait ça’. Une méthode inspirée de la communication non violente qui permet d’éviter que votre ami déprimé ne se sente accusé”.
2. On pose ses limites
Votre proche vous sollicite énormément? Il demande à vous voir constamment pour vider son sac? Il vous appelle encore et encore et ça vous pèse? Poser des limites est essentiel pour ne pas exploser: “J’invite vraiment à se préserver en quantifiant le temps accordé à l’ami en déprime. On peut lui dire honnêtement les choses, c’est-à-dire qu’on a besoin de voir d’autres personnes et de faire des choses pour rester connecté au bonheur. C’est primordial pour ne pas porter sur nos épaules le poids de ses émotions”.
3. On aide sans rien attendre
Aider est une intention louable, mais qui ne sera vécue sainement que si nous ne sommes pas en posture d’attente: “Si vous souhaitez aider d’une manière ou d’une autre cet ami déprimé sans entrer dans le cercle vicieux de la relation malsaine, alors il faut garder en tête qu’il ne faut pas en attendre quoi que ce soit: ni qu’il entame les démarches que vous lui avez proposées ni qu’il vous remercie. Cela doit vraiment être un acte d’empathie et désintéressé, sous peine que cela ne finisse en reproches”.
4. On ne culpabilise surtout pas
Poser des limites et dire ce qui ne va pas peut être difficile: on peut avoir peur d’enfoncer davantage notre proche. “La culpabilité est un sentiment très courant, surtout chez les femmes. Sachez que vous n’avez pas à vous sentir coupable de faire de votre bien-être à vous une priorité. C’est même très sain, car ça donne l’occasion à l’autre de se remettre en question et de se repositionner”.
Et si la déprime devient dépression?
La déprime de votre ami perdure? Julie Arcoulin conseille de l’orienter vers des spécialistes de la santé mentale. Vous pouvez aussi l’inviter à surfer sur le site Je me libère, qui offre des pistes d’aide pour les personnes déprimées et dépressives, telle qu’une ligne d’écoute ouverte 7/7 (le numéro est le 107).
Sachez aussi que des centres de services de santé mentale sont ouverts aux quatre coins du pays et accueillent toute demande liée à une souffrance psychologique. Ils proposent une réponse adaptée à la personne et à la situation: diagnostic, suivi et accompagnement psychosocial, psychothérapeutique ou psychiatrique à travers des consultations individuelles, familiales et de groupe. Consultez ce lien pour les trouver.
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