Dépendance affective: effet de mode ou véritable trouble psy?
Tantôt décrite comme un besoin extrême de se sentir soutenu, tantôt comme un manque d’amour et de reconnaissance, la dépendance affective semble faire de plus en plus parler d’elle dans les livres de développement personnel. Mais derrière ce terme à la mode se cache un profond mal-être psychique. Une thérapeute nous en dit plus sur ce trouble.
Pervers, manipulateur, hyper narcissique … Si ces mots vous sont familiers, c’est peut-être que vous vous intéressez de près ou de loin à la psychologie, mais pas que. Ces termes sont en effet devenus si courants qu’on les utilise davantage pour décrire une personne avec qui on éprouve des difficultés relationnelles que pour définir une réelle pathologie. Il en est de même pour la dépendance affective, vue par certains comme un effet de mode, mais qui cache pourtant une réelle souffrance psychologique. Et selon Samira Bouzrara, coach formée en psychopathologie, ce trouble de la personnalité dépendante peut avoir plusieurs causes.
Qu’est-ce que la dépendance affective?
La dépendance affective se caractérise par un besoin intense d’affection, pouvant mener à la souffrance psychologique. En effet, un dépendant affectif a besoin de la présence permanente de l’autre, mais aussi un besoin intense de l’approbation d’autrui pour se sentir bien dans sa peau et d’une incapacité à se retrouver seule.
Les causes possibles et leurs conséquences
Pour la coach, la dépendance affective peut trouver trois origines:
- Une origine sociétale: “De base, la société patriarcale mène à la dépendance des femmes. Pendant longtemps, la majorité des décisions ont été prises par les hommes principalement. Et si aujourd’hui, les choses ont évolué, il est très difficile de sortir de ces schémas, aussi dysfonctionnels soient-ils. Il n’est donc pas rare que les femmes vivent et entretiennent des relations de dépendance”.
- Une origine psychologique: “Être dépendant affectif au sens psychologique du terme est un trouble de la personnalité venant d’un traumatisme vécu durant l’enfance. Ce traumatisme a créé une dysmaturité émotionnelle, et pour se sentir en sécurité, le dépendant affectif – qui a l’impression de ne pas pouvoir être aimé pour ce qu’il est – va tout faire pour être aimé, quitte à faire passer à la trappe ses propres besoins. Mais surtout, il va attirer des personnes qui sont soit aussi des dépendants affectifs, soit des personnes qui voient dans le dépendant la possibilité d’exister ou encore des personnalités dites évitantes, à savoir des personnes qui vont, suite à un traumatisme, sont très angoissées par les relations humaines, et qui auront tendance à éviter l’engagement par angoisse de l’abandon”, explique Samira Bouzrara.
- La peur de perdre l’autre: “Il arrive aussi que, lorsqu’une relation se tisse, l’un des protagonistes n’arrive pas à dire ce qu’il veut ni à poser ses limites. Quand c’est le cas, les deux personnes vont entretenir une relation assez malsaine, même inconsciemment: leurs rapports seront plutôt de l’ordre de la parentalité que de la conjugalité, et une dépendance affective va se créer”.
Dans tous les cas, les effets néfastes sont les mêmes: perte d’estime de soi, peur importante de l’abandon, besoin accru de l’approbation de l’autre, impossibilité de faire des choix personnels, angoisse du désaccord, insatisfaction permanente… Le dépendant affectif vit dans la passivité et l’insécurité constante, et peut aller jusqu’à s’effacer presque totalement pour plaire à son partenaire, ce qui peut mener à la dépression.
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Couple: la différence entre dépendance et interdépendance
À la question de savoir si tous les couples ne vivent pas une sorte de dépendance, la coach précise qu’il existe une différence entre dépendance et interdépendance: “On retrouve, dans tous les couples, une certaine interdépendance, à savoir que le bien-être de son/sa partenaire va avoir un impact sur nous. C’est normal et très sain, explique l’experte, tant que les limites sont posées et sont claires. Mais quand il n’y a ni communication ni limites par peur de perdre l’autre, c’est là qu’on entre dans la dépendance”.
Comment sortir de la dépendance affective?
Vous vous demandez s’il est possible de sortir de la dépendance affective? Soyez rassurée, c’est tout à fait envisageable. C’est par contre vers un travail thérapeutique qu’il faudra se tourner: “L’objectif, c’est de retrouver une relation qui instaure un climat sain et de confiance. Pour arriver à cela, il s’agit de travailler, avec un thérapeute, son estime et sa confiance en soi. On doit apprendre à être pris en compte pour ce qu’on est et pas pour ce qu’on fait, ou quel rôle on joue pour être aimé. Le rôle du thérapeute va alors être de sécuriser le dépendant et lui apprendre à s’aimer lui-même pour ce qu’il est et de peu à peu s’affirmer sans peur d’être rejeté”, confie Samira Bouzrara. Voici 4 conseils pour en sortir:
- Identifier l’origine de sa dépendance
- Se fixer des limites claires en ce qui concerne nos relations
- Apprendre à s’aimer et s’accepter tel que l’on est
- Nourrir la confiance en soi
Des étapes – à travailler avec un thérapeute – qui vont permettre à la personne dépendante de développer sa maturité émotionnelle.
Pour aller plus loin dans la réflexion
Ce livre, écrit par la psychopraticienne Geneviève Krebs (qui a fait de la dépendance affective son sujet de prédilection), offre d’autres pistes pour sortir de cette dépendance affective.
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