Les meilleurs conseils d’une psy pour entretenir son jardin secret
Vous partagez vos joies et vos peines avec tout le monde et attendez que les autres en fassent autant? Cultiver son jardin secret a pourtant toute son importance…
Vos amis, vos collègues, votre partenaire, votre famille, vos abonnés: vous avez tendance à raconter à votre entourage le moindre événement qui se passe dans votre journée? Selon les psychologues, il serait mieux de garder quelques infos bien au chaud, dans son jardin à soi. En divulguant tout à tous, tout de suite, votre crédibilité en prendrait en effet un coup: “C’est comme si tout le monde était important, qu’il n’y avait pas de cercle d’intimité”, nous explique Alice de Duve, psychologue. Qui poursuit: “Nous courrons alors le risque de ne rien voir éclore de particulièrement personnel dans la relation. Et puis toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire”.
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C’est quoi exactement, un jardin secret?
On entend souvent qu’il faut entretenir son jardin secret, sans toujours savoir ce qu’il faut y semer ni comment s’y prendre concrètement. Commun à tous les genres et à presque tous les âges, cet espace précieux est “un territoire fictif, un endroit refuge, protecteur où l’on cultive ses idées et ses pensées”. À l’intérieur, on y garde donc souvenirs, images, projets…, “ainsi que nos cordes sensibles et nos vulnérabilités”, ajoute la psychologue.
On peut visualiser son jardin secret comme un vrai jardin, celui où l’on plante des graines avec espoir, où l’on attend patiemment qu’elles germent, où on les voit se transformer en fleurs avec douceur et où on les cueille avec amour le temps venu. Même si la plupart du temps, ce jardin est considéré comme “un espace de pensée virtuel, il peut aussi être physique: il prend alors la forme d’un carnet secret, d’un bureau, d’une pièce de la maison”, détaille Alice de Duve. Quelle que soit sa forme, “ce doit être un lieu qu’on se réserve rien qu’à soi”.
Est-il indispensable d’en avoir un?
À l’ère des réseaux sociaux et de la télé-réalité, et alors qu’on a tendance à tout dire, tout voir et tout montrer, il peut sembler difficile de cultiver un espace privé, dont l’accès serait réglementé. Pourtant, Alice de Duve explique qu’il est essentiel: “Le besoin d’intimité avec soi-même et de calme intérieur est un besoin psychologique”.
Pourquoi? La réponse est simple: “Dès qu’on est au contact de quelqu’un, on est soumis à de l’information, à du jugement et de l’influence”. Avoir un jardin secret permet donc d’y faire pousser les choses. On y laisse germer des projets avant de les présenter au monde: “Une fois dehors, ces précieuses pensées sont exposées au regard, à l’opinion”.
Une fois dehors, ces précieuses pensées sont exposées au regard, à l’opinion…
En d’autres termes, la prochaine fois que vous aurez un projet en tête (écrire un livre, lancer un business, rénover une maison, vendre votre voiture, faire le tour du monde…), commencez par vous demander ce que vous en pensez, vous, ce que vous voulez, ce que vous aimez… avant de faire connaître vos plans au reste du monde.
Jardin secret ou secrets bien gardés?
Entre les deux, la frontière peut sembler floue pour certains. Or, il y a bien une nuance, assure la psychologue.
- Secret bien gardé: quelque chose dont on s’est rendu coupable. On y associe le manque de respect, le mensonge, la malhonnêteté…
- Jardin secret: espace dans lequel on garde des choses intimes. Il n’y a rien de honteux ni de coupable ici.
S’il est important de cultiver son jardin, il est aussi bon d’en partager quelques bribes, en prenant ces précautions de base.
- Une personne de confiance. Pour développer la confiance et l’intimité, il faut savoir baisser sa garde de temps en temps. Surpréserver ses cordes sensibles et ses vulnérabilités peut même s’avérer néfaste. Alors on prend son courage à deux mains et on choisit d’offrir quelques fleurs de son jardin à une personne de confiance ou même… un inconnu, parce qu’on ne le verra plus jamais après, tout simplement.
- Le choix des infos. Ce n’est pas parce qu’on accepte de s’ouvrir sur un pan de sa vie qu’on doit le partager dans les détails. En gros, on peut laisser quelqu’un entrer dans son jardin, sans pour autant lui montrer chaque parcelle du terrain. On n’ira pas, par exemple, confier toutes ses vulnérabilités à son boss ou des détails intimes à une connaissance croisée au supermarché.
Le jardin secret, du côté du couple
Si la question des non-dits peut se poser aussi bien avec un ami qu’avec un collègue, c’est aussi dans les couples que la notion de jardin secret peut s’avérer complexe à gérer. Lorsqu’on partage sa vie avec quelqu’un, on peut vite penser que tout savoir de l’autre mène à la connaissance ultime, à la confiance et à la création de liens forts. Ce n’est pas forcément le cas, explique Alice de Duve, qui souligne que “certains détails sont même invasifs (le nombre de relations précédentes, les détails intimes du passé…), et n’amènent pas à mieux connaître l’autre. Communiquer, oui; tout dévoiler, non”.
Communiquer, oui; tout dévoiler, non…
De plus, la complexité du cerveau, entrelacée au foisonnement d’idées et aux émotions, offre un mélange dans lequel il n’est pas toujours facile de se retrouver, soi. Lors de conversations importantes, il est tentant de vouloir tout savoir et comprendre. Sauf que certaines choses sont difficilement entendables ou/et compréhensibles dans toutes leurs nuances. “Quand on a une idée en tête, elle est riche car elle est faite de tous nos sens: on a des émotions, des images, des perceptions… Quand on doit exprimer ça, on réduit très fortement l’idée qu’on a en tête. Ainsi, il est parfois difficile de s’exprimer parce qu’on est limités par nos propres mots. Les communiquer nécessite beaucoup de subtilité, sans certitude que ce soit bien compris en face”, conclut-elle.
Les 3 bases d’un bon jardin secret
En résumé, pour entretenir son petit paradis, il faudrait:
- Se reconnaître le droit d’en avoir un, sans culpabiliser. Et ce, même avec nos proches.
- Se donner le droit d’en refuser l’accès si on le souhaite. Même avec la personne la plus intime de notre vie. On a tout à fait le droit de garder des choses pour soi.
- Respecter le jardin d’autrui en lui accordant notre confiance et en acceptant de ne pas franchir ses limites.
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