conseils à nos enfants
"Si j'avais su qu'aucune relation n'est parfaite et qu'aucune personne ne l'est non plus, je serais peut-être encore avec le père de mes enfants": vos témoignages et l'avis d'une psy. © Anastasia Shuraeva/Pexels

Témoignages: “Le conseil que j’aurais aimé recevoir à 20 ans”

Quel est le conseil que vous auriez aimé recevoir plus jeune? Celui qui vous aurait fait agir autrement, qui vous aurait évité certaines déconvenues? On vous a posé la question.

Des lectrices ayant la trentaine comme la soixantaine ont évoqué avec nous de ce qu’elles auraient aimé savoir plus tôt. Sont évoqués le choix des études, les relations amicales et amoureuses, la vision et la gestion de l’échec… La vie tout simplement.

“Aucune relation n’est parfaite”

Anne, 42 ans. “Si j’avais su qu’aucune relation n’est parfaite et qu’aucune personne ne l’est non plus, je serais peut-être encore avec le père de mes enfants. J’aurais aimé qu’on me dise qu’il faut pouvoir se remettre en question et, surtout, relativiser les choses qui nous paraissent insurmontables, car elles finissent un jour par paraître dérisoires. Le bonheur n’est pas un état de fait: ce sont des petits instants magiques qui nous tombent dessus et nous mettent les larmes aux yeux. J’appelle ça des ‘flash’, des moments que l’on a envie de graver pour l’éternité. Rien ne sert donc de courir après le bonheur”.

“L’échec est parfois utile”

Julie, 44 ans. “J’ai fait des études d’art dramatique au Conservatoire. Je ne voulais pas vraiment être comédienne, mais comme on me disait que j’étais douée et que j’aimais les textes, j’ai tenté l’examen d’entrée. J’ai réussi, mais de justesse… Et j’ai ramé pendant trois ans. Quand j’ai raté mes examens la 3e année, ça a été assez dur pour mon ego et j’ai tourné la page. Heureusement, ça n’a pas été du temps perdu, car tout ce que j’y ai appris m’a beaucoup servi plus tard quand j’ai dû prendre la parole au boulot et poser ma voix à la radio comme journaliste. L’échec aurait été moins amer si j’en avais eu conscience à l’époque”.

“Il faut pouvoir pardonner”

Catherine, 45 ans. “Le conseil que j’aurais voulu recevoir, c’est que pour avancer dans la vie, il faut pouvoir pardonner, ne pas rester dans l’aigreur et la rancœur. Ce sont des sentiments qui ne peuvent que rendre les gens acariâtres et les empêcher d’être heureux. Beaucoup de psychologues conseillent d’aller au bout de sa colère. Selon moi, elle n’apporte pas le bonheur, que du contraire”.

“J’aurais dû multiplier les expériences”

Geneviève, 50 ans. “Ma maman m’a toujours répété que je devais être sérieuse, me faire respecter des garçons et me méfier. Avec le recul, j’aurais voulu qu’on me dise de profiter plus, de faire la fête et de multiplier les expériences, même sexuelles”.

“La grossesse n’est pas une partie de plaisir”

Lise-Laure, 36 ans. “J’aurais aimé qu’on m’informe mieux sur la grossesse. Tout le monde affirme qu’être enceinte, c’est un moment magnifique. Rares sont les femmes qui m’avaient prévenue que ça pouvait être compliqué. Du coup, je culpabilisais beaucoup quand je ne me sentais pas bien. Je suis la maman épanouie de deux petites filles, mais mes grossesses n’ont jamais été des parties de plaisir“.

“Faire ce qu’on veut rend plus heureux”

Bernadette, 49 ans. “J’aurais aimé qu’on me conseille de faire ce que je voulais dans la vie. Je me suis sentie obligée d’aller à l’université pour faire plaisir à mes parents. Pour mon père, médecin, on n’existait dans la vie qu’avec un diplôme universitaire. Pendant un an, j’ai suivi des études en dentisterie, que j’ai ratées. J’étais malheureuse et ces études ont empiété sur ma confiance en moi. J’ai ensuite bifurqué vers des études d’infirmière, un cursus que j’avais envie d’entreprendre depuis le début”.

“Tout est possible”

Patricia, 57 ans. “J’aurais aimé qu’on me donne davantage confiance en moi. Par exemple, en me disant que toutes les ressources sont en nous, que tout est possible, que lorsqu’un obstacle se dresse sur notre route, il faut l’accepter et sans doute trouver un autre chemin, plus juste. Que si l’on pose ses actes avec justesse, la vie finit par nous le rendre”.

L’avis de la psy

Regretter de ne pas avoir reçu tel ou tel conseil en dit beaucoup sur nous, sur nos attentes, nos désillusions, mais paradoxalement, ce n’est pas forcément utile. C’est l’avis d’Anne-Françoise Meulemans, médecin et psychothérapeute, fondatrice du CentrEmergences.

Revisiter son passé avec son regard d’aujourd’hui est un leurre

Comment analysez-vous ces témoignages?

“Certains sont dans les regrets doux et peuvent se résumer à un ‘Ah, si j’avais fait ça!’; ils relèvent davantage de la nostalgie, d’une tristesse presque agréable, de cette douce envie de s’imaginer dans d’autres scénarios. D’autres sont dans des regrets plus amers, signes d’une difficulté à intégrer les différents éléments d’un parcours ou d’un besoin de trouver un coupable. Dans les deux cas, c’est une façon de ne pas s’approprier sa propre histoire”.

Regretter de ne pas avoir eu tel ou tel conseil, n’est-ce pas un leurre?

“Tout à fait, car on revisite son passé avec son regard d’aujourd’hui, aves les expériences qu’on a traversées. Le conseil qu’on (n’)a (pas) reçu à l’époque s’inscrivait dans un contexte familial, social et psychologique. On était peut-être moins informés qu’aujourd’hui, on n’avait pas la personnalité aboutie que nous avons maintenant. Ce qui s’est passé est passé. Avec l’alchimie de la résilience, les regrets et les remords deviennent des expériences qui nous renforcent”.

Comment donner les bons conseils aux jeunes, pour qu’ils n’aient pas un jour ce genre de regrets?

“D’abord, soyez à l’écoute de leurs questionnements et apportez-leur un regard bienveillant. Ensuite, plutôt que de donner des conseils, partagez votre expérience. Un conseil est forcément lié à un contexte, alors qu’une expérience, un vécu, des émotions sont intemporels et toujours justes. Enfin, invitez-les à suivre leur intuition”.

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