5 conseils si vous êtes victime de violences domestiques
Les violences domestiques ne se limitent pas aux violences physiques. À côté des comportements brutaux, il y a la violence émotionnelle: empêcher, mettre une pression, dénigrer… Pour fuir cette emprise, 5 conseils.
Kate Iwi est une psychologue britannique. Elle travaille dans le domaine de la violence domestique pour le comté londonien de Tower Hamlets. La spécialiste a mis en place des activités thérapeutiques pour les victimes comme pour les agresseurs. Elle a rédigé plusieurs guides sur le sujet. Le plus plus connu: Picking up the Pieces, After Domestic Violence (“recoller les morceaux après des violences domestiques”), écrit en collaboration avec le Dr Chris Newman, chercheur et psychologue dans le domaine.
Dans une interview qu’elle a donnée à Mai Hua, artiste-documentariste française, Kate Iwi explique d’emblée: beaucoup de victimes ne se rendent pas compte de la gravité de leur situation. “En partie parce qu’on ne voit que des cas extrêmes de violences à la télé ou aux infos et que les gens se disent ‘Ce n’est pas du tout mon cas'”. Mais de quoi s’agit alors la violence domestique?
Qu’est-ce que la violence domestique?
Kate Iwi explique que la violence domestique concerne aussi les comportements menaçants sur le plan émotionnel (on dit violence émotionnelle, morale ou psychologique). “C’est vouloir contrôler l’autre. Cela peut passer par l’argent ou la jalousie, le fil rouge étant que la personne obtienne ce qu’elle veut”. Pour se faire une idée concrète, la spécialiste met en avant une situation de dispute au sein du couple: “Si vous remarquez que vous reculez, que vous n’osez pas crier ou que vous ne vous sentez pas libre d’exprimer ce que vous voulez, si vous sentez que vous réduisez vos options de choix d’action dans la vie dans le but de ne pas énerver votre partenaire, alors c’est le signe qu’il vous intimide et qu’il exerce sur vous un type de violence”.
5 conseils à suivre en tant que victime
Kate Iwi rappelle que les victimes ont rarement le courage de parler de ces violences à leur entourage. “Cela en dit long sur la manière dont la société traite les victimes. Cela dit aussi à quel point les victimes se sentent honteuses quand on abuse d’elles. Et s’il y a de la honte, c’est une manière de se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond”.
Le plus important est d’arriver à déterminer et évaluer les risques que vous encourez pour vous-même. Pour cela, plusieurs méthodes peuvent être mises en place.
Se faire confiance
Votre instinct est votre guide. “Nous avons observé que l’évaluation que font les femmes des risques qu’elles encourent est un bon indicateur”. Mais le plus difficile est de parvenir à se faire confiance. Souvent, les violences font diminuer l’estime de soi, et les victimes n’arrivent plus à s’écouter.
Ne pas s’isoler
Un agresseur fait en sorte d’accaparer sa victime. “Il fait tout pour isoler sa victime de tout soutien extérieur. Pus vous êtes isolée, plus vous êtes en danger”. Il est important de garder des contacts avec des proches, des personnes vers qui se tourner à tout moment.
Observer le passé
Les comportements passés sont de très bons indicateurs de l’avenir. Si une personne a déjà été violente, il y a de fortes chances qu’elle recommence. “Une fois que vous avez giflé quelqu’un, c’est plus facile de recommencer et c’est plus dur aussi de s’arrêter”, précise Kate Iwi. “Vous devez également observer vos limites. Je ne parle pas de réagir violemment pour vous défendre, ce serait très dangereux, surtout si la personne en face de vous est plus grande et plus forte. Je parle d’affirmer la ligne à ne pas franchir”. Très calmement, vous devez formuler: ‘Je n’en accepterai pas plus’. Pour vous aider, vous pouvez vous demander quelle action de votre partenaire vous fera vous dire que ‘là, c’en est trop’”.
Si vous vous rendez compte que l’autre dépasse les limites que vous vous êtes fixées et que vous les abandonnez de peur de représailles, c’est que quelque chose coince. Et puis surtout, “cela deviendra plus facile pour l’autre de dépasser vos limites à l’avenir”.
Avoir un plan d’urgence
Il est rare qu’une personne violentée se dise “Je pars” à la première occasion et quitte effectivement la relation. “Si les choses deviennent hors de contrôle, vous avez besoin d’un plan pré-établi. Une partie de ce plan consiste à en parler à d’autres personnes. Si vous vous sentez vulnérable à l’idée d’en parler, c’est que vous devez persévérer. Sachez qui contacter, et pas seulement la police”.
La psychologue conseille de préparer un sac, d’y glisser ce qui sera utile en cas d’urgence. Elle suggère de ne pas emporter son smartphone (hyper localisable), mais d’avoir un vieux téléphone sous la main au cas où. “Il faudra aussi votre passeport, les certificats de naissance des enfants, leurs passeports, un peu d’argent mis de côté, les choses vraiment vitales. Dans l’espoir que vous n’en n’ayez pas besoin”.
Ne pas se rejeter la faute
Gardez à l’esprit que vous n’êtes pas la responsable des violences que vous subissez. “Rien ne justifie que l’autre soit violent envers vous. Votre partenaire vous dira sans doute que ‘Oui, c’était un peu tendu à ce moment-là’ ou qu’il a ‘connu une enfance difficile’. Mais il est essentiel de ne jamais prendre une explication ou une excuse pour une raison de rester, cela n’aidera personne à aller mieux. Vous ne devez rien accepter d’autre que des changements profonds, visibles et soutenus dans le comportement de l’autre”.
Il sera intéressant de comprendre pourquoi vous pardonnez et revenez sans cesse dans cette relation, et de pointer les mécanismes utilisés par votre partenaire pour vous y faire revenir. “Les agresseurs diront qu’ils ont surréagi, exagéré, ou ils minimiseront la chose. Ils diront que c’est vous, qui vous êtes mal comporté(e) à la base. Certains utiliseront la menace, la peur, d’autres redeviendront des personnes absolument merveilleuses. Elles vous apporteront des fleurs et vous feront des promesses. Vous aurez l’impression de revenir au début de votre relation, quand tout allait bien”. Mais le cycle recommencera.
Comment redonner du pouvoir aux victimes?
Leur (re)donner confiance en elles leur permettra de faire des choix, ce qui leur est difficile. “Nous sommes souvent assez doués de clairvoyance quand il s’agit des autres, mais pour nous-mêmes, c’est autre chose. Je conseille toujours aux gens de réfléchir ainsi: si vous étiez votre meilleure amie et que vous vous racontiez votre propre histoire, que vous conseilleriez-vous?”, conclut Kate Iwi.
La réalisatrice Mai Hua a rassemblé et traduit les conseils de Kate Iwi en vidéo:
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