11 pistes pour s’affirmer… et mieux vivre avec les autres
"Au restaurant avec mon mari, je prends toujours le chateaubriand, explique Laura, 38 ans, secrétaire médicale. Parce qu'il faut deux couverts et que mon mari adore ça. Je n'aime pas spécialement la viande, surtout cuite bleue, comme il la préfère. Je suis toujours plus attirée par un bon plat de pâtes ou un poisson grillé… Mais je m'efface, pour lui faire plaisir! Et je me rends compte que c'est aussi comme ça au cinéma, quand il faut choisir le film et que je dis, sans qu'il me le demande, je tiens à le préciser, 'Allons voir le Dany Boon', parce que je sais qu'il adore les comédies françaises… Alors que j'ai très envie de regarder Le majordome!"
Pourquoi se met-on entre parenthèses? Quelle peur se cache derrière ce besoin, parfois pathologique, de s'oublier pour faire plaisir à l'autre? Sonia De Grave, psychologue, nous éclaire "Ne pas oser dire ce que l'on ressent, ce que l'on désire, cache beaucoup de choses: un manque de confiance en soi et en la vie, souvent. C'est aussi, évidemment, la marque de la peur du rejet! Ne pas s'affirmer est un comportement qui nous vient de notre éducation et de notre expérience! Exprimer ses besoins réels, s'accepter, dans ses forces et ses faiblesses, ça s'apprend! Et c'est essentiel."
Etre égoïste, c'est bon pour les autres!
Laurie, 46 ans, kiné, a mis deux ans à se reconstruire après une rupture. Avec l'aide d'une thérapeute, elle a pu tirer les leçons du passé. "Je me suis vraiment mise en retrait pendant dix ans. Je n'ai fait que m'adapter aux besoins de mon ex-mari. Sans doute y a-t-il inconsciemment contribué mais ça tenait aussi à ma propre histoire, à mon manque de confiance en moi. Je l'ai mis dans le rôle du manipulateur, du dominateur, du tyran domestique. Un jour, je n'ai plus pu. J'étouffais. J'ai eu besoin de briser mes chaînes, de refuser, de me libérer. L'ennui c'est que je l'ai balayé lui et brisé notre couple. Je n'avais jamais rien dit. Il pensait que nous étions très heureux. Il n'a rien vu venir, rien compris (sans doute n'avait-il pas voulu voir). Ce n'était pas juste. Depuis, avec mon nouveau compagnon, je suis une vraie enquiquineuse! Je refuse de me mettre en retrait, je veille à dire ce qui ne va pas, à être toujours active. Ça me demande un vrai effort, parce que j'ai tendance naturellement à m'écraser… mais je ne veux plus vivre de façon non satisfaisante. Je veille à être à l'écoute de mes besoins, à m'accorder ce que je trouve essentiel. Là, par exemple, je pars en week-end marcher avec une amie… Parce que j'en ai vraiment envie. C'est pour nous deux que je le fais, pour ne pas lui reprocher d'y avoir renoncé!"
Penser à soi. Savoir ce que l'on veut, et ce que l'on ne veut pas, c'est essentiel pour nouer des relations saines avec les autres… Thierry Delperdange, coach, y voit la base d'un amour durable. "Pour être bien dans son couple, il faut être bien avec soi. C'est quand on se connaît bien que l'on construit une relation où l'on apporte quelque chose et pas une relation dont on attend quelque chose!" Une nuance essentielle! Un couple, mais aussi une relation d'amitié ou de travail, ce n'est pas à sens unique, ce n'est pas une situation de dominant-dominé mais un lieu de partage… où chacun apporte à l'autre ses différences!
"S'affirmer, c'est un art de vivre. Je pense que notre seul devoir, c'est d'aller bien, pour contribuer au bien-être des autres. Il est quasi impossible de donner un espace à l'autre si l'on ne s'écoute pas soi-même. Oser s'affirmer, ce n'est pas du repli sur soi, ce n'est pas de l'égoïsme, que du contraire!"
Et virer Pitt Bull pour se défendre, en revendiquant sa place à tort et à travers, c'est la solution? On se doute de la réponse! "La position dominante n'est pas une solution. L'assertivité, c'est n'être ni un paillasson ni un hérisson. C'est sonner juste, dire ce que l'on veut mais aussi et avant tout accepter l'autre."
Retrouvez la suite de cet article dans votre Femmes d'Aujourd'hui du 17 octobre 2013.