Pourquoi les groupes WhatsApp familiaux sont insupportables?
Entre les blagues lourdes de tonton, les 50 photos de vacances du cousin et les vexations de votre belle-sœur, les groupes WhatsApp familiaux peuvent rapidement devenir un enfer.
Avec deux milliards d’utilisateurs actifs par mois, WhatsApp est LE monstre actuel de la messagerie instantanée. Derrière YouTube et Facebook, elle est aussi la troisième app’ la plus utilisée au monde. Mais WhatsApp est chronophage: en moyenne, on passerait 17h06 par mois à chatter avec nos proches derrière l’icône verte, détaille le site de BDM.
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Quand les discussions se multiplient
“Je suis sur quatre groupes famille différents, nous explique Aurélie, 28 ans. Celui de ma famille nucléaire (parents, frères et sœurs et leurs +1), la version élargie du côté paternel (avec cousins, tontons et tatas), idem côté maternel, et le groupe famille de mon copain. Certains groupes sont plus bavards que d’autres. J’en ai un où ça discute beaucoup: une dizaine de messages quotidiens, avec des jours qui explosent jusqu’à 30, 40 voire 100 messages parfois”.
Pour Aurélie, ces groupes ont du bon, pour garder contact ou organiser des retrouvailles, notamment. Le souci, c’est l’excès de messages, souvent inutiles. “Franchement, pas besoin de recevoir dix photos de la famille machin à la ferme, de savoir que X a un rhume ou que Y a couru 15km”.
Un dîner de famille sans fin
Même constat pour Hugo, 35 ans. “Avec ces groupes, on a perdu le ‘Pas de nouvelles, bonne nouvelle’, et je trouve ça dommage. On a déjà tellement d’informations tout le temps, si on pouvait limiter ces sources-là, ce serait pas mal”.
On a déjà tellement d’informations tout le temps, si on pouvait limiter ces sources-là, ce serait pas mal
Et de poursuivre: “Trop de gens parlent, c’est comme un dîner de famille qui ne s’arrête jamais! Dans la vraie vie, j’ai déjà parfois la flemme d’aller à une réunion de famille. Avec WhatsApp, j’ai parfois l’impression qu’elle dure 24h/24”.
Mode silencieux
Alors, comment gère-t-il son agacement? “J’évite au maximum ces groupes, je me fais discret. J’ai désactivé toutes les notifications pour n’avoir aucune alerte en cas de messages. Et de temps en temps, je passe en revue les 150 messages que j’ai manqués”.
Même stratégie pour Julien, 25 ans: “Je ne regarde quasiment plus mes groupes famille, et on me somme parfois d’être plus actif. Je réponds aux questions qui me sont adressées, quand on mentionne mon nom”.
Ça bavarde, mais on peut stagner des jours sans fixer une date pour un dîner
Quant à Élise, jeune maman de 34 ans, elle accuse le manque d’efficacité dans le dialogue. “Le problème, c’est que les messages importants sont noyés dans un tas de messages inutiles. Ça bavarde, mais on peut stagner des jours sans fixer une date pour un dîner parce qu’une seule personne ne répond pas. C’est pour ça que je préfère les appels: c’est plus direct”.
Dialogue de sourds?
Pour Diane, 29 ans, le problème est que sur ce réseau, chacun n’en a que pour sa petite personne. “J’ai l’impression que chacun raconte sa vie, sans vraiment écouter les autres. C’est du ‘Regardez où je suis, ce que je fais’, sans véritable échange”.
“Une famille regroupe plusieurs générations qui n’ont pas les mêmes codes, les mêmes intérêts ou les mêmes problèmes”, ajoute Aline, 41 ans, qui a parfois l’impression, du coup, que personne ne se comprend vraiment. “La communication peut devenir difficile et pénible pour tout le monde. Voire altérer l’amour familial. Ce n’est pas pareil quand on se voit en chair et en os”.
La communication peut devenir difficile et pénible pour tout le monde, voire altérer l’amour familial
Outre l’incompréhension, la messagerie peut aussi exacerber des tensions existantes: “J’ai un cousin un peu égocentré, et sur le groupe, ce trait de caractère est encore plus irritant”, ajoute Aline. “Il adore exposer sa vie, son mariage, ses enfants… Et tout le monde le félicite. Mais en retour, il ne donne rien. Quand j’ai annoncé mes grossesses ou la naissance de mes enfants, il n’a pas pipé mot. Évidemment, les groupes ont ça de néfaste: on voit qui a vu et on attend une réponse”, conclut-elle.
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Quitter le bateau
Quand le ras-le-bol l’emporte, certaines personnes préfèrent prendre la poudre d’escampette. C’est notamment le cas de Marlène, 51 ans: “J’ai récemment quitté mon groupe famille, sans commenter mon départ. J’en avais marre que ma mère passe son temps à filmer ma grand-mère (qui a 100 ans), avec qui elle vit. On avait droit à des vidéos quand elle mangeait, quand elle avait mal ou qu’elle divaguait. Je sais que ma mère faisait ça pour nous montrer à quel point son quotidien était difficile. Je la comprends, mais c’est elle qui l’a choisi, personne ne lui a imposé de s’occuper de sa maman”. En quittant le groupe, Marlène a vexé sa mère, mais sans regrets…
Je ne supporte plus de devoir rire, aimer ou ajouter des cœurs à chaque photo
Un agacement partagé par de nombreux profils. En janvier 2023, un père de famille américain faisait le buzz en quittant son groupe WhatsApp familial, sur ces mots: “Je ne peux pas lire tout ça, je ne supporte plus de devoir rire, aimer, ou ajouter des cœurs à chaque pensée, photo ou blague envoyée ici. Je ne peux plus vivre avec cette pression. Signé: un vieux grincheux né avant les portables”. Sa fille de 20 ans avait publié un screenshot de son texte en ligne, et le post était devenu viral, avec 16 millions de vues et des milliers de commentaires d’approbation.
Sans se faire démasquer
Accordons tout de même, si l’on peut, certains avantages à ces regroupements familiaux virtuels: les news de Super Mamy ou de notre frère qui vit à l’autre bout du monde, les vidéos de notre nièce qui est quand même trop mignonne et les gif d’un cousin vraiment rigolo. Une fois les notifications désactivées, on prendra le meilleur, sans en nourrir le pire.
Si toutefois vous n’en pouvez plus, notez que quitter une discussion peut aujourd’hui se faire en toute discrétion. Avant, les membres voyaient le message: “X a quitté la conversation”. Mais depuis 2022, seuls les administrateurs sont informés du départ d’un membre. À bon entendeur…
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