Parole d’expert: comment contourner le sexisme dans l’éducation des enfants?
Mais, à l’heure où les initiatives féministes font de plus en plus parler d’elles, demandant, comme nos mères, nos grands-mères et nos arrières grands-mères avant elles, une plus grande considération de la place de la femme dans le monde, il semble aujourd’hui clair que notre rôle de parent dans ce combat pour l’égalité est avant tout d’éduquer nos enfants loin des stéréotypes et des clivages sexistes. Parce que oui, les inégalités apparaissent dès le plus jeune âge: que ce soit à l’école, dans les activités extra-scolaires ou à la maison, tout amène nos enfants à faire la différence entre fille et garçon.
Et si, en théorie, lutter contre le sexisme dans l’éducation que l’on offre à nos enfants peut sembler un bien joli combat, cela n’est pas si simple à mettre en place au quotidien. Juliana Queiroz, blogueuse sur Prince.s.se si je veux, où elle milite contre les stéréotypes de genre, nous partage ses trucs et astuces pour faire rimer famille avec liberté de genre.
Contourner le sexisme dans l’éducation
Qu’est-ce que le sexisme ordinaire, que l’on inculque à nos enfants, sans vraiment s’en rendre compte?
“On ne se rend pas toujours compte à quel point nous sommes conditionnés au sexisme. Et pourtant c’est le cas! Que ce soit dans les décisions que nous prenons pour nos enfants, dans ce que nous leur proposons au quotidien ou simplement dans la vision que nous avons d’eux. Réfléchissons, par exemple, à la manière dont nous nous comportons quand un enfant tombe de son vélo. Dans ce genre de situation, nous n’agissons pas de la même manière s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille. On aura, par exemple, plus tendance à consoler la fille, alors que l’on poussera le garçon à remonter sur son vélo sans pleurer.
Et pourtant, où est-il écrit qu’il est interdit d’avoir mal et de pleurer, sous prétexte que l’on est un garçon ou, au contraire, qu’une fille a forcément besoin d’être consolée d’une chute? En vérité, rien. Autre exemple: face à une petite fille très dynamique, qui monte par exemple dans les arbres ou qui se met à jouer au foot avec d’autres enfants, qui n’a jamais dit: “Eh bien, tu es un véritable garçon manqué toi!”. Cette expression, bien qu’elle semble anodine, est un exemple très clair du sexisme que l’on induit dans l’éducation de nos enfants. Je pourrais vous donner pleins d’autres exemples, mais ce sont les plus flagrants”.
En quoi cela impacte-t-il nos enfants, dans leur présent et dans leur futur?
“En agissant de la sorte, on conditionne nos enfants. On les met dans une case genrée, qui les obligera à se comporter de telle ou telle manière, selon ce que la société voit en eux, selon la nature de leur genre. Et oui, cela peut avoir un grand impact dans leur présent, mais aussi dans leur futur. Déjà parce qu’ils n’iront pas tester toutes les possibilités, sous prétexte que ceci ou cela est plus pour les filles ou les garçons, mais, surtout, le sexisme peut les empêcher d’être eux-mêmes et de faire ce qu’ils veulent, de devenir qui ils souhaitent devenir. Et cela peut créer une entrave à leur bonheur.
Il est donc important d’éduquer nos enfants autrement, pour qu’ils ne limitent pas leur vie à ce qu’ils peuvent faire selon leur genre, mais à ce qu’ils souhaitent faire et ce qui les rend heureux”.
Que pouvons-nous mettre en place pour sortir du sexisme?
“S’il est vrai que le sexisme est présent un peu partout, nous pouvons cependant mettre des choses en place pour sortir des stéréotypes. Par exemple, en tant que parent, on doit sélectionner les lectures de nos enfants et sortir du cliché de la princesse en détresse sauvée par un vaillant chevalier, pour leur proposer des lectures moins sexistes.
Nous pouvons aussi, sur base de lecture jugée sexiste, changer volontairement les rôles lors de la lecture et parler, par exemple, d’un prince en détresse, sauvé par une héroïque guerrière. Vous verrez, cela fera réagir vos enfants. Et c’est bien, parce que c’est là que la discussion sur les stéréotypes pourra avoir sa place dans l’éducation que vous leur donnez. Je crois vraiment que c’est par la discussion que la prise de conscience sera à mon sens la plus forte. Vous pourrez alors leur demander pourquoi ils trouvent ça étrange que ce soit la fille qui sauve le garçon et pas l’inverse, et en quoi cela leur semble plus ‘bizarre’ que la situation contraire.
Mais ce n’est pas la seule chose à mettre en place. Dans la garde-robe de vos enfants, arrêtons de lier la couleur à un genre sexuel. Le genre ou le sexe ne se définit pas par une couleur, et un petit garçon ne risque pas de manquer de virilité à l’âge adulte sous prétexte que sa couleur préférée est le rose. Il est important de ne rien interdire ou de ne rien imposer. Des petites filles jouent aux voitures, des garçons à la poupée. Le jeu est une affaire d’amusement, pas de genre. Bref, laissons aux enfants la liberté d’être juste des enfants”.
Comment l’éducation non-sexiste va-t-elle changer le monde?
“L’objectif de l’éducation non-sexiste est d’arrêter de brider les êtres humains et donner les mêmes chances à tous. De trouver sa voie, quel que soit son genre. En éduquant les enfants loin du sexisme, on leur offre la possibilité inestimable d’être eux, et de faire des choix qui leur conviennent vraiment, et pas qui conviennent à une espèce de ‘norme’. Et faire de nos enfants des gens heureux et qui ont confiance en eux, c’est la meilleure manière de faire de notre monde un endroit meilleur, non?”
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