Témoignage: Jill Vandermeulen revient sur la perte de son bébé
Elle est un visage incontournable du paysage audiovisuel belge et des réseaux sociaux. En y annonçant la perte du bébé qu’elle portait, Jill Vandermeulen a contribué à libérer la parole autour d’un sujet souvent tabou. Celui du deuil périnatal.
“J’ai toujours dit qu’il fallait briser les silences que notre société nous inflige. Alors, avant de repartir à zéro, il était crucial pour moi de me confier à vous. Nous avons perdu notre futur bébé”. C’est ainsi que débute le message adressé par Jill à sa communauté sur son compte Instagram @Silentjill, publié le 25 juillet dernier. Un texte bouleversant, parfois brutal, comme l’a été l’évènement vécu par l’animatrice de RTL TVi. En quelques jours, il a été massivement relayé et commenté des milliers de fois. Preuve de l’attachement du public à la jeune femme, mais aussi de l’écho que trouve le sujet du deuil périnatal. On estime qu’une grossesse sur 4 se soldera par une fausse couche. Et qu’une femme sur 10 y sera confrontée. Des chiffres qui révèlent la douleur universelle d’une telle épreuve, mais qui n’empêchent pas le sujet d’être souvent banalisé, voire de demeurer tabou. Comme Jill en a elle-même fait l’expérience.
Un examen de routine
Le 20 juillet, alors en plein déménagement, l’animatrice de 33 ans se rend chez son gynécologue accompagnée de Simon, son compagnon, pour une seconde échographie. Enceinte de deux mois, elle a jusqu’ici vécu une grossesse sereine, à l’image de celles de ses aînés Bella-June (11 ans), James (9 ans) et Jude (6 ans). “Quand on a appris que j’étais enceinte, c’était un bonheur incroyable, surtout que c’est arrivé après seulement deux mois d’essais. On s’est dit qu’on était très chanceux”. Très vite, un ventre rond se dessine. Impossible donc de le cacher, et la première échographie passée, la nouvelle est révélée à la famille. “À aucun moment je n’ai imaginé qu’il puisse y avoir un souci. Ce rendez-vous était un simple examen de routine mais dès le début de l’écho, au visage du médecin, j’ai su. Il restait silencieux et semblait préoccupé. Il s’est tourné vers nous : ‘Je suis vraiment embêté, mais je ne vois pas de petit cœur qui bat’, nous a-t-il dit.
‘Je suis vraiment embêté, mais je ne vois pas de petit cœur qui bat’, nous a-t-il dit
Un choc immense
“Je suis restée figée, sans rien dire. Ma tête tournait. Le médecin a expliqué que, normalement, après quelques secondes, il aurait dû percevoir les battements du cœur, surtout à ce stade du développement”. Mais cela faisait trois-quatre minutes qu’il n’entendait rien et qu’il était donc malheureusement sûr que la grossesse s’était arrêtée. “J’ai fondu en larmes. Je n’osais pas regarder Simon, j’avais une telle douleur dans le cœur. Car si je suis maman de trois enfants, il s’agissait de notre premier bébé ensemble. Comme une première grossesse, une nouvelle histoire. Mon monde s’écroulait”. À ses côtés, Simon est décomposé mais tente de soutenir du mieux possible Jill. “Tandis que moi, en sanglots, je suis allée m’asseoir au bureau, face au médecin, qui m’a annoncé qu’on referait une échographie dans quelques jours car il était important pour les parents d’avoir bien conscience que la grossesse s’est arrêtée”.
Manque de tact du médecin
La consultation a duré cinq minutes. Et s’est conclue par la présentation de la facture pour le rendez-vous. Un moment brutal pour Jill. “Je sais que pour un gynécologue, ce type d’évènements doit être fréquent, presque banal. Mais c’est un véritable drame pour une femme, que ce soit sa première ou quatrième fausse couche ou qu’elle soit déjà mère de plusieurs enfants. J’ai trouvé ça très violent. Je me suis dit: il est vraiment en train de me faire payer pour la consultation où il m’a annoncé que mon bébé est mort? Ce n’est pas une question d’argent mais du drame qu’on vit. Il n’était pas possible d’envoyer une facture?”, s’interroge la jeune femme. Jill et Simon quittent le cabinet sans autre information, ni proposition de soutien psychologique. Sans savoir quelle sera la procédure médicale. C’est une fois chez elle que l’animatrice surfe sur le web pour tenter de comprendre. Quatre jours passent, dans l’attente d’un nouveau rendez-vous, de la confirmation d’une vérité qu’elle connaît déjà. Dans l’attente d’un suivi médical aussi. En se demandant comment annoncer la nouvelle aux enfants et aux proches qui se réjouissaient de cette grossesse. Quatre jours interminables face auxquels Jill choisit d’opposer toute sa résilience. “Je me suis d’abord dit que j’allais me mettre au lit et que je ne bougerais plus. Puis j’ai réalisé que je ne pouvais pas me permettre de lâcher. Pour les enfants, pour le déménagement. Je n’ai pas arrêté une minute durant ces quatre jours. J’ai monté des meubles, trié des caisses, je savais que si je m’arrêtais, ce serait foutu. Que je passerais mes journées à pleurer et que je ne me relèverais pas”.
Une douleur banalisée
Après ce second rendez-vous, le médecin lui prescrit un médicament destiné à provoquer une fausse couche. Mais il ne fonctionne pas. Elle devra attendre près de trois semaines pour finalement subir un curetage en urgence. Et pour ensuite pouvoir entamer un vrai travail de reconstruction. “Même si cela arrive à plus de 20% des femmes, cela ne veut pas dire qu’elles doivent le vivre comme une banalité. Si c’est courant, ça n’en est pas moins terrible. Et on ne peut s’empêcher de chercher une cause, une raison. Lors de nos vacances en Italie, j’avais eu un coup de panique en découvrant les inondations en Belgique. J’avais appris qu’il y avait de l’eau dans ma cave, là où je stockais mes cartons pour le déménagement, les photos de mes enfants. Mais je n’avais pas eu de perte de sang ou de douleur anormale. Lorsque j’ai demandé au gynécologue si ce choc pouvait avoir eu une incidence sur ma grossesse, il m’a rétorqué: ‘Il faut vous dire que c’est la faute à pas de chance’. J’ai heureusement été bien entourée par mes proches”.
Un post pour éveiller les consciences
En écrivant ce post Instagram publié le 25 juillet, Jill Vandermeulen voulait dénoncer la légèreté avec laquelle on traite parfois le deuil périnatal et la fausse couche. Comme s’il suffisait de recommencer dans deux cycles. “Mon but est de dire: ce qui m’arrive, énormément de femmes le vivent et il faut qu’elles sachent qu’elles ne sont pas seules et que ce n’est pas rien. Certains diront qu’à deux mois de grossesse, ce n’est pas vraiment un bébé mais dans notre cœur, c’était déjà notre enfant, prêt à rejoindre notre famille. C’est aussi le deuil de tout ce qu’on avait imaginé et rêvé”.
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Beaucoup de femmes l’ont remerciée d’en avoir parlé ouvertement, sans édulcorer ce qu’elle avait vécu, et ce qu’elle vivait encore. “J’ai fait une fausse couche et je ne sais pas de quoi sera fait demain. Pour l’instant, l’histoire s’arrête là, il n’y a pas de happy end. Ça a été une délivrance de le dire”. Mi-août, Jill Vandermeulen est revenue plus longuement sur la perte de son bébé dans une vidéo YouTube. L’occasion pour elle d’en parler une dernière fois avant d’avancer. “Aller de l’avant, c’est ma manière à moi de récupérer et de m’en sortir. On a très envie de réessayer, même s’il est clair que cela enlève une part d’innocence. Je sais que je stresserai et que je retournerai chez le gynécologue la peur au ventre au début. Mais je crois au positif”.
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Texte: Barbara Wesoly
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