Témoignage: “J’ai perdu les eaux lors des inondations”
Les 14 et 15 juillet 2021, la Belgique était frappée par des inondations sans précédent. Au milieu de ce cataclysme, un miracle: l’arrivée d’Olivia, petite princesse en parfaite santé. Sa maman, Audrey, a perdu les eaux en plein milieu des intempéries. Récit d’un accouchement hors du commun.
Audrey habite Saive, un petit village situé au nord-est de la ville de Liège. Par chance, sa rue n’a pas été fortement touchée par les inondations, mais le mercredi 14 juillet, la jeune femme doit déposer ses chiens chez les parents de son compagnon, Laurent. L’accouchement doit en effet être déclenché ce soir-là, à minuit. Ses beaux-parents habitent à cinq kilomètres, au bord d’un petit ruisseau. C’est là que les choses prennent une tout autre tournure…
Du jamais vu
“Lors de ma dernière échographie, ma gynécologue m’a annoncé que le poids du bébé était estimé à 4kg à la naissance”, nous raconte Audrey. “J’étais persuadée que j’accoucherais plus tôt que prévu au vu de la taille de mon ventre, et pourtant…” La semaine précédant le terme, la future maman tente le tout pour le tout pour provoquer l’arrivée de son bébé, mais en vain: “J’étais dépitée à l’idée qu’on déclenche l’accouchement médicalement. Mais le jour J était arrivé, et j’étais forcée à m’y résigner”.
Le mercredi 14 juillet, Audrey s’offre un dernier massage en prévision de la nuit difficile qu’elle s’attend à vivre. “Vers 18h, mon compagnon est rentré à la maison pour récupérer nos deux chiens et les emmener chez ses parents. Il pleuvait des cordes. Il m’a montré une vidéo du ruisseau qui borde leur village; ce dernier s’était transformé en rivière sauvage à cause des intempéries. C’était du jamais vu!” En dernière minute, la jeune femme décide d’accompagner son conjoint pour voir de ses propres yeux la catastrophe. Les voilà tous deux partis au volant de leur Land Rover avec leur Labrador et leur Golden Retriever.
Une route infranchissable
À hauteur du cours d’eau, la crue est telle que même à bord d’un véhicule tout-terrain, la route est infranchissable. Le couple décide donc de faire demi-tour pour rejoindre une autre voie d’accès. C’était sans compter les dégâts déjà provoqués par les inondations: “Une souche d’arbre venait de tomber, et nous barrait la route. Nous avons donc fini le trajet à pied pour atteindre la maison”. Sur les 400 mètres de marche qui la séparent de la propriété de ses beaux-parents, Audrey prend la mesure du danger: “J’ai commencé à stresser, l’adrénaline est montée. J’ai fait une chute de tension, j’avais les mains qui tremblaient… Je ne le sentais pas du tout”.
Audrey et Laurent atteignent finalement la maison. La future maman avale rapidement un en-cas pour reprendre des forces et le couple repart de sitôt rejoindre sa voiture sous une pluie torrentielle. “J’ai à peine fait un mètre avant de sentir un léger ‘pop’, comme un ballon qui explose à l’intérieur de moi, puis le liquide amniotique s’est mis à s’écouler le long de mes jambes. J’étais en train de perdre les eaux”. Ravie de cette rupture spontanée de la poche, la jeune femme est sur un nuage malgré la situation environnante catastrophique. Pour son compagnon, c’est plutôt la panique: “Heureusement, mon beau-frère passait par là. Il a pu nous ramener jusqu’à la voiture, non sans difficulté”.
Contractions douloureuses
Après un passage rapide à leur domicile pour se rafraîchir et récupérer la valise de maternité, le couple se met en route vers l’hôpital. “Je continue à perdre les eaux pendant tout ce temps”, précise Audrey. “Quand la poche s’est rompue, il était 18h50, je suis arrivée à l’hôpital à 20h. On m’a mise sous monitoring et une demi-heure plus tard, j’ai commencé à avoir des contractions douloureuses. Mais mon col n’était alors dilaté que de deux centimètres. On m’a suggéré de prendre un bain chaud pour me soulager”.
Au bout d’une heure difficile, le col est dilaté à huit centimètres. “L’anesthésiste est arrivé en urgence pour me faire une péridurale. À partir de ce moment-là, je ne ressentais plus les douleurs mais j’étais presque évanouie de fatigue. Les sages-femmes m’ont demandé de les appeler quand le bébé pousserait. Sauf que je ne sentais plus grand-chose…”
“Ne poussez plus”
Quand elles reviennent la voir une heure plus tard, la tête du bébé apparaît déjà. Il est temps d’accoucher! Le hic? La gynécologue de la jeune femme est coincée sur la route à cause de la fermeture du tunnel de Cointe, comme de nombreux Liégeois. “On me demandait de ne plus pousser parce que le bébé était estimé à 4kg et que les sages-femmes ne voulaient pas prendre le risque de démarrer l’accouchement seules”. La gynécologue d’Audrey parvient finalement à arriver quinze minutes plus tard. En quelques poussées, la petite Olivia pointe le bout de son nez. Un trésor de 3,6kg et 52cm dont la naissance peu commune restera gravée à tout jamais dans la mémoire de ses parents. “J’en profite pour remercier les sages-femmes et le personnel soignant de la Clinique CHC MontLégia qui m’ont si bien accompagnée ce jour-là”, termine Audrey.
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